HomeA la uneREJET ANTICIPE DES RESULTATS DE LA PRESIDENTIELLE NIGERIENNE PAR L’OPPOSITION : La stratégie du lépreux  

REJET ANTICIPE DES RESULTATS DE LA PRESIDENTIELLE NIGERIENNE PAR L’OPPOSITION : La stratégie du lépreux  


 

Qui veut tuer son chien, dit-on, l’accuse de rage. Cet adage pourrait bien s’appliquer aujourd’hui au comportement de l’opposition à l’encontre du régime du président sortant et candidat à sa propre succession, Mahamadou Issoufou. En effet, alors que seuls les résultats de 27 communes sur 308 que compte le pays, ont été compilés et rendus publics par la CENI (Commission électorale nationale indépendante), l’on assiste déjà à une levée de boucliers de l’opposition contre l’organe chargé de piloter les élections. Elle l’accuse notamment par la voix d’Amadou Aboubacar Cissé, l’un de ses candidats, en ces termes : « Les représentants du PNDS à la CENI disposent déjà de la totalité des résultats, déjà fabriqués sur toute l’étendue du territoire, qu’ils font valider par la CENI qui agit ainsi avec une grave complicité ».

L’on pourrait s’attendre à ce que les eaux du fleuve Niger se troublent

A l’appui de ce coup de gueule, l’opposition évoque des cas massifs de bureaux de vote fictifs. Pour finir, elle a adopté un ton menaçant en déclarant qu’elle ne permettra pas que « l’on vole le suffrage du peuple nigérien ». L’on pourrait donc s’attendre à ce que les eaux du fleuve Niger se troublent dans l’hypothèse où le pouvoir en place réaliserait, comme il l’avait promis pendant la campagne électorale, un coup K.-O. c’est-à-dire, remporter la victoire dès le 1er tour de la présidentielle. Tous ceux qui sont épris de démocratie auraient pu s’associer à la colère de l’opposition pour pourfendre la CENI si elle avait apporté des preuves palpables et irréfutables du fameux hold-up en préparation dont elle parle. Ce qui est loin d’avoir été le cas. En effet, toutes les structures présentes aujourd’hui au Niger pour observer les élections sont unanimes à reconnaître que les choses se sont bien passées. De la CEN-SAD à l’UA en passant par la CEDEAO et l’OIF, c’est le même son de cloche. Il est difficile de croire que toutes ces institutions roulent pour le président sortant au point d’occulter les défaillances graves que l’opposition impute à la CENI et au pouvoir de Mahamadou Issoufou. En réalité, l’attitude de l’opposition  n’est pas étonnante. Elle est partie à ce double scrutin sur la base du postulat suivant ! Ça passe ou ça casse. Bien avant, elle avait brandi l’imperfection du fichier électoral pour crier à une fraude en gestation. Le pouvoir avait accédé à sa requête en permettant à l’Organisation internationale de la Francophonie d’auditer le fichier électoral. Ce qui fut fait à la satisfaction de tous. Cet élément de friction levé, elle attend la veille du scrutin pour remettre en cause le “vote par témoignage”. Cette pratique, faut-il le rappeler, est antérieure au pouvoir de Mahamadou Issoufou. La cour constitutionnelle interpellée sur la question avait été sans ambiguïté. Elle a maintenu “le vote par témoignage”. Il n’en fallait pas plus pour susciter l’ire de l’opposition pour dénoncer la connivence de cette institution avec le pouvoir en place. Bien avant cela, on se rappelle, certains membres de l’opposition avaient fait de la libération de Hama Amadou, la condition sine qua non pour prendre part à la compétition électorale au prétexte que leur mentor avait été embastillé pour des raisons politiques. Toute cette avalanche de faits posés par l’opposition, participe de sa recherche effrénée d’alibis pour plonger le Niger dans un chaos post-électoral.

Faute d’arguments pour battre Mahamadou Issoufou dans les urnes, l’opposition veut pourrir la situation

Ce faisant, elle caresse l’espoir de pousser le pouvoir à la faute en préparant ses militants à se déverser dans la rue, au cas où les choses tourneraient en faveur de Mahamadou Issoufou. Or, une éventuelle victoire de ce dernier ne serait pas usurpée. Il a un bilan qui plaide pour lui. Consciente donc que le peuple nigérien peut lui renouveler sa confiance en l’élisant dès le premier tour, l’opposition semble avoir d’ores et déjà adopté la stratégie du lépreux. Celui-ci, incapable de traire la vache peut cependant renverser la calebasse de lait. Tout n’est certainement pas rose au Niger sous l’actuel président, mais à l’analyse, l’on peut bien se rendre compte que Issoufou a ajouté de la terre à la terre sous sa gouvernance, mieux que l’avait fait l’actuelle opposition quand elle était aux affaires. Faute donc d’arguments pour le battre dans les urnes, elle veut pourrir la situation par tous les moyens dans le secret espoir de voir l’armée intervenir sur la scène politique pour “sortir le pays de l’impasse “. Cette hypothèse tient la route, puisque de par le passé, l’on avait assisté à ce genre de scénario au Niger. Les contextes certes ne sont pas les mêmes, mais sait-on jamais ? Si tel est le plan que mijote l’opposition nigérienne, l’on peut lui suggérer de se raviser ici et maintenant. Car mieux vaut une démocratie qui présente des insuffisances bénignes qu’un Etat d’exception où le simple fait de se permettre un pet peut être assimilé à un crime de lèse-majorité et puni comme tel. De ce point de  vue, les uns et les autres doivent prendre leur mal en patience, le temps de permettre à la CENI de compiler tous les résultats et de les porter à la connaissance du public. Cette étape passée, ceux qui estiment qu’ils ont été lésés peuvent saisir les structures compétentes en la matière. Et le Niger  en dispose. Une démocratie digne de ce nom fonctionne de cette manière et rien  ne nous dit à l’étape actuelle des choses que le président sortant a déjà remporté la mise comme le prétend l’opposition. Vivement donc qu’elle revienne à de meilleurs sentiments pour ne pas donner raison à tous ceux qui pensent que toutes ses œuvres reposent sur « le tout sauf Mahamadou Issoufou » et sur la recherche de la belligérance par tous les moyens. Et le simple fait de n’avoir pas signé le Code de bonne conduite apporte de l’eau au moulin de tous ceux qui ont une perception peu glorieuse de cette opposition nigérienne.

« Le Pays »


Comments
  • Chapeau au pays.bf. Votre commentaire est le plus juste et realiste pour un averti de la politique Nigerienne.L’opposition nigerienne a échoué à mobiliser et aujourdh’hui ils cherchent ” un pou sur la tête d’un chauve”.Le peuple a choisi,si l’opposition a une once de respect au peuple ils n’ont qu’à respecter les resultats ses urnes. Au cas contraire qu’ils envoient leurs enfants dans la rue et laisser le peuple tranquille…..

    26 février 2016
  • ELECTIONS : COUP DE CHAPEAU AU NIGER
    Si Issoufou, le Président sortant, n’a pas obtenu son ‘’Coup KO’’ comme il l’avait annoncé, il met groggy ses adversaires dans la légalité et la transparence absolue.
    Nous sommes habitués à vivre des élections trafiquées dans une grande partie de l’Afrique, depuis des décennies, la surprise arrive à point à qui sait observer.
    Il est de notoriété publique que les équipes des Présidents en place, ont la fâcheuse habitude de trafiquer les listes électorales dès le début du premier mandat, et de préparer pendant les années qui le précédents le résultat, favorable à coup sur, du mandat suivant.
    Les Ministres de l’intérieur chargés du dossier des élections, sont dans la majorité des cas, les plus proches amis du Président.
    Plusieurs méthodes s’appliquent en fonction de la force de l’opposition et de la faculté des observateurs internationaux à fermer les yeux plus ou moins fort , suivant leur humeur ou la qualité de l’accueil et des cadeaux qu’on leur a réservé dans le pays à observer, ou tout simplement des consignes reçues avant de partir par ceux qui leur permettent d’arrondir leurs fins de mois .
    Du découpage administratif à l’attribution ciblée des cartes d’électeurs en passant par le bourrage, voire par le doublement des urnes, le résultat peut parfois changer de plusieurs dizaines de pour cents et atteindre, dans les pays les plus folkloriques, des résultats proches de 100%.
    La période des élections est très souvent une période faste pour tous ceux qui touchent d’assez près le comptage et la gestion des résultats car le pouvoir en place est plus que jamais disposé à venir en aide à ces acteurs occasionnels, moyennant une promesse ou une enveloppe ponctuelle.
    (Dans un des pays phare de l’Afrique, ou tout est informatisé, la magouille était tellement bien orchestrée que les résultats affichaient 112 %. On a vite rectifié et ramené à 83 % pour donner le change)
    On est parfois surpris de compter plus de suffrages que d’électeurs, mais cette tradition a certainement été prise en exemple sur le vieux continent dans lequel , il y a un demi siècle les résultats truqués étaient assez courants et on arrivait parfois à faire voter certains électeurs dans trois communes en même temps ,ou bien à faire s’exprimer les morts…
    La création de Commissions Electorales Indépendantes dans certains pays d’Afrique, n’a d’indépendant que le nom et il n’est pas surprenant que les membres soient choisis pour leur facilité à pencher du coté du plus fort, quand on ne trouve pas un lien de parenté avec le président ou un membre de son premier cercle.

    La surprise est donc venue du Niger, ou la CENI qui s’est dans un premier temps ridiculisée par sa cadence insupportable à distiller les résultats à la vitesse de la tortue, a montré son indépendance et sa maitrise en donnant, certes, au compte goute des résultats partiels, mais justes.
    La deuxième surprise, et elle est de taille, prouve la véritable transparence et l’absence de tripatouillages du candidat -président Issoufou.
    Comment peut-on imaginer un seul instant que pour quelques milliers de voix, il ait pu prendre le risque d’aller au second tour ?
    Si, comme ses adversaires le laissaient supposer, il avait usé de son pouvoir et de ses relations pour influer sur les résultats, pourquoi ne pas se faire élire par 51% et prendre le risque de se mettre en difficultés.
    Ce seul constat laisse penser que le Niger n’est pas un pays ou les élections se passent comme ailleurs. Les Nigériens ont une avance considérable sur les autres pays dans lesquels les résultats officiels sont décidés dans le bureau du Président en exercice.
    Laisser à l’ancien Président de l’Assemblée Nationale Hama Amadou la possibilité de se présenter, même si il l’a fait depuis la prison ou il est incarcéré pour une affaire de droit commun, révèle, là aussi, la non ingérence du pouvoir en place dans les affaires de justice. On peut citer plus de trente opposants de poids qui n’ont pas eu cette chance lors des élections récentes dans les pays de la sous région, qui croupissent en prison et n’ont pas eu la chance de pouvoir mesurer leur véritable poids politique à travers les urnes.
    Malgré l’image de martyr que les membres de son parti lui ont fait endosser et qui lui a fait gagner quelques pour cents des nigériens attendris, il n’atteint pas la barre des 20% et doit assumer aujourd’hui la dure réalité.
    Dans d’autres pays, l’invalidation des candidatures, tient parfois à un certificat médical ou à une cause futile pour écarter les gêneurs qui ne représenteront à l’issue du scrutin que quelques pour cents, mais auront dénaturé la compétition entre les véritables leaders.
    Au Niger tous les candidats ont pu entrer en compétition.

    Rien n’est toujours parfait, mais dans un pays dans lequel le contexte sécuritaire, les grandes distances, les moyens de communications, la mosaïque ethnique pourraient favoriser le désordre, on assiste à un match arbitré dans la transparence et l’équité.
    Chapeau, les Nigériens !

    27 février 2016

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