HomeA la uneREJET DES CANDIDATURES DE KARIM WADE ET KHALIFA SALL

REJET DES CANDIDATURES DE KARIM WADE ET KHALIFA SALL


Macky Sall se frotte les mains

Ça y est ! La liste définitive des candidats retenus pour la présidentielle sénégalaise est connue. Karim Wade et Khalifa Sall ont été recalés. Ainsi en  ont décidé les sept Sages qui ont, en effet, rejeté, leurs dossiers de candidatures. Si les motifs invoqués par les grands juges sont différents, il reste entendu que les deux hommes ont été tous  recalés à cause de leurs déboires judiciaires. Pour l’ex-maire de Dakar, Khalifa Sall, la plus haute instance judiciaire sénégalaise, s’appuyant sur les articles 27 et 31 du Code électoral, estime que sa condamnation en appel à cinq ans de prison ferme pour escroquerie et détournements de deniers publics, le prive de ses droits civiques, et cela même si la procédure en cassation n’est pas encore bouclée. Quant à Karim Wade, le fils de l’autre, le Conseil constitutionnel invoque l’article 115 du Code électoral qui exige des candidats à la magistrature suprême qu’ils fournissent dans leur dossier leur carte d’électeur. Or, l’inscription de celui-là que l’on surnommait, au faîte de sa gloire, le ministre du Ciel et de la terre, a été rejetée, l’année dernière, du fait de sa condamnation à une peine supérieure à cinq ans de prison. Rappelons que très récemment, Karim Wade, pour se conformer à la Constitution sénégalaise qui n’accepte pas les candidatures des binationaux à la présidentielle, a dû renoncer à sa nationalité française. Il l’avait d’ailleurs notifié au président Emmanuel Macron. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce qui arrive à Karim Wade et à Khalifa Sall, n’a rien de surprenant. Car la décision du Conseil constitutionnel n’a fait qu’apporter de l’eau au moulin de tous ceux qui criaient à une cabale politique orchestrée par le pouvoir aux fins d’écarter des adversaires gênants de la course à la présidentielle.

Macky Sall  savait que les ambitions présidentielles de ces deux hommes s’arrêteraient à la porte du Conseil constitutionnel

A preuve, les deux candidats recalés ont vu leurs recours rejetés. Toute chose qui fait dire à certains que la messe était déjà dite. Surtout quand on sait que la Justice sénégalaise, depuis peu, est accusée à tort ou à raison, d’avoir des atomes crochus avec l’Exécutif. Cette situation avait d’ailleurs été dénoncée par un membre de la corporation qui, en démissionnant de la magistrature, déplorait une Justice aux ordres en ces termes : « Je démissionne d’une magistrature qui a démissionné ». En tout cas, maintenant que Khalifa Sall et Karim Wade ont été recalés, c’est le président Macky Sall qui se frotte les mains, tant le boulevard lui est désormais grand ouvert. Certes, il a en face de lui quatre autres candidats  mais ceux-ci semblent ne pas faire le poids. Comme pour laisser croire qu’il avait bien préparé son coup, Macky, on se rappelle, avait déclaré, à la surprise générale, lors de son investiture en tant que candidat, qu’il n’y aurait pas plus de cinq prétendants à la magistrature suprême. Et il n’en reste effectivement que cinq après le filtrage du Conseil constitutionnel. Il s’agit, pour ne pas les nommer, de Idrissa Seck, El hadj Issa Sall, Ousmane Sonko, Madicke Niang et bien entendu le président sortant, Macky Sall. Et ce n’est pas tout. Le successeur de Abdoulaye Wade avait aussi déclaré qu’il n’excluait pas la possibilité d’accorder une grâce présidentielle à Karim et à Khalifa s’il était réélu pour un nouveau mandat. En le disant, il savait déjà que les ambitions présidentielles de ces deux hommes s’arrêteraient à la porte du Conseil constitutionnel. Ainsi va la politique en Afrique où lorgner le fauteuil du chef est un péché qui vaut le cachot. Et les exemples sont si légion qu’à vouloir les citer exhaustivement, on finira par en perdre haleine.

Boundi OUOBA


Comments
  • La politique sénégalaise a beaucoup changé depuis une quinzaine d’années. Avec le SOPI et la présidence d’Abdoulaye Wade, elle est marquée par des fortes tensions. Selon certaines personnes, le pays, considéré comme exemple en Afrique francophone en matière électorale, est dévancé en terme de gestion politique (plus que gouvernance, terme lié aux idées ultralibérales prônées par les institutions financières, qui ont détruit la construction des Etats dans les africains postcoloniaux) par le Bénin. MMais après une longue “dictature” du Parti Socialiste à través la manipulation des élections et une manipulation d’un ancien opposant-ministre, on assiste depuis 2012 plus une tension personnelle que politique Macky Sall/Karim Wade. Ce qu’on a appelé la démocratie sénégale est-elle devenue une démocratie illibérale. Car en excluant des candidats, et même avec des arguments juridiques, toujours manipulables, on joue un jeu dangereux pour la stabilité et l’image du Sénégal. On accusera toujours Mack Sall de l’exclusion de sérieux concurrents aux élections présidentielles. Parfois, c’est plus qu’une accusation suivant ses réactions sur “la limite des ambitions de ces deux hommes à la porte du conseil constitutionnel”. Cette institution a-t-elle subi des pressions du pouvoir exécutif? Malgré l’absence de ces deux candidats, rien n’augure que Macky Sall gagnera les prochaines élections face à d’autres candidats, qui peuvent récuperer une partie des votants.es de ces deux personnages politiques et des déçus.es de Macky Sall.

    22 janvier 2019

Leave A Comment