REJET DU RECOURS DE TEODORIN OBIANG PAR LA COUR DE CASSATION : La Justice française rend service au peuple équato-guinéen
A l’épineuse question de savoir si c’était le droit français ou le droit équato-guinéen qui s’appliquerait à Téodorin Obiang, la Cour de cassation française saisie par l’avocat de ce dernier, a tranché dans l’après-midi du 28 juillet 2021 : c’est le droit français qui aura finalement force de loi. Jugeant, en effet, qu’il ne s’agit nullement d’une ingérence de l’autorité judiciaire française dans le droit équato-guinéen, la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire française vient de rejeter le recours de Téodorin Obiang, confirmant ainsi sa condamnation. Le vice-président de Guinée- équatoriale a été reconnu coupable, l’an dernier, de s’être constitué un patrimoine de plus de 150 millions d’euros frauduleux dans l’Hexagone. C’est tout à l’honneur de cette Cour et le moins que l’on puisse ajouter, c’est que celle-ci rend, pour ainsi dire, grandement service au peuple équato-guinéen longtemps brimé, opprimé et, brochant sur le tout, spolié. La décision de ladite Cour est d’autant plus méritoire que la Guinée équatoriale pourrait désormais devenir le premier pays à subir ou à bénéficier (c’est selon) du tout nouveau mécanisme de restitution des avoirs des biens mal acquis, qui permet de rendre aux populations, les recettes des biens confisqués en France. La décision de la Cour de cassation intervient, en effet, quelques jours seulement après l’adoption, par le Parlement français, de la « loi sur le développement solidaire », laquelle devrait permettre à l’Hexagone de restituer à certaines populations africaines, l’argent des « biens mal acquis », détourné par les dictateurs et leurs proches et investi dans des biens immobiliers ou des objets de luxe.
Cet enfant gâté a fait trop de mal à son pays
En confirmant que la Justice française est bel et bien dans son rôle de statuer sur l’affaire de ces biens indus – d’autant que le magot détourné a été blanchi sur le sol français – cette Cour fait assurément œuvre utile. Au-delà, elle envoie un signal fort à tous ces dirigeants magouilleurs sous les tropiques ensoleillés d’Afrique, qui ne cessent de faire le malheur de leur peuple. Grosse déception, en tout cas, pour Nguema-fils qui espérait que cette Cour prendrait une décision allant dans le sens de ses intérêts, en refilant le dossier à la Justice bantou de son pays où le délit d’abus de biens sociaux, n’existe pas. Tant pis pour lui si l’arrêt de cette Cour lui a fait l’effet d’une douche froide ! D’autant que le scénario tel qu’il aurait souhaité, c’est-à-dire que le droit équato-guinéen s’appliquât à lui, aurait été vécu comme un jour sombre pour toutes les organisations qui se battent depuis des années, contre le phénomène des biens mal acquis. A l’image des ONG Sherpa et Transparency International qui, on s’en souvient, avaient déposé une plainte en 2018, non seulement contre les dirigeants de Guinée équatoriale, y compris lui, mais aussi contre ceux du Gabon et du Congo-Brazzaville. Cela dit, cet arrêt ne met pas pour autant un terme à ce long feuilleton judiciaire. Car, l’homme qu’on présente de plus en plus comme le dauphin du président Teodoro Obiang Nguema, a la possibilité de recourir, en dernier ressort, à la Cour européenne des droits de l’Homme. Reste à espérer que ce dernier recours du quinquagénaire aux cheveux toujours impeccablement frisés, ne l’avancera en rien, sur sa détermination à jouir de ses rapines et à se moquer éperdument de la souffrance du pauvre peuple équato-guinéen. C’est une triste réalité : cet enfant gâté a fait trop de mal à son pays, hélas, sous la protection bienveillante d’un père qui, manifestement, ne lui a jamais rien refusé. Encore récemment, en représailles à des sanctions que Londres a prises à l’encontre de ce fils à papa, la Guinée équatoriale avait décidé de fermer son ambassade au Royaume-Uni. Le jeune Nguema avait été sanctionné, le 23 juillet dernier, par Londres, notamment pour détournements de fonds publics et des pots-de-vin lui ayant permis de financer un train de vie somptuaire. En tout état de cause, si le patrimoine indu de ce personnage bling-bling, venait à être vendu aux enchères, ce serait service rendu à l’ancienne colonie portugaise où la plupart de ses 1,4 millions d’habitants vivent sans accès à l’eau potable et à des écoles décentes. Un pays dont l’économie est sérieusement sinistrée en raison de la chute, en 2014, des cours des hydrocarbures dont elle dépend à 90%.
CBS