HomeA la uneRENCONTRE DE DJEDDAH SUR LE SOUDAN :Le sommet de tous les espoirs

RENCONTRE DE DJEDDAH SUR LE SOUDAN :Le sommet de tous les espoirs


Suspendues en juillet dernier en raison de divergences profondes entre les parties belligérantes, les négociations de paix entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont repris le 26 octobre 2023 à Djeddah en Arabie Saoudite, sous l’égide de la médiation américano-saoudienne.  Et à en croire certaines sources diplomatiques proches des médiateurs, ces pourparlers porteront sur plusieurs points dont « un cessez-le-feu, l’accès sans entrave à l’aide humanitaire et à d’autres mesures de confiance ». Toujours est-il qu’en l’absence des deux principaux chefs de guerre que sont le Général Abdel Fattah Al-Burhan, patron de l’armée régulière et son rival, le Général Mohamed Hamdan Daglo dit « Hemetti » des FSR, la responsabilité échoit à leurs différents représentants, de se montrer à la hauteur de l’histoire et surtout des discussions, en vue du retour de la paix. Car, après six mois d’une guerre ayant fait plus de 9000 morts et plus de cinq millions de personnes déplacées et de réfugiés, la lassitude commence à gagner les Soudanais. C’est pourquoi cette reprise des pourparlers de paix à Djeddah, apparaît comme le sommet de tous les espoirs. 

Il faut souhaiter que les parties au conflit puissent faire preuve d’empathie pour le peuple soudanais

L’objectif clairement affiché étant que les discussions puissent évoluer, à terme, vers une cessation complète des hostilités. En tout cas, la société civile soudanaise dit attendre beaucoup de ces énièmes pourparlers de paix en Arabie Saoudite. Au-delà, c’est tout le peuple soudanais qui nourrit l’espoir d’un retour rapide à une vie normale, à travers ces discussions qui ne sont pas loin de paraître comme celles de la dernière chance. C’est dire toute la responsabilité devant l’histoire, des protagonistes de cette guerre qui tient en otage tout un pays depuis six mois, et qui n’en finit pas de se prolonger avec des conséquences humanitaires désastreuses pour les populations. C’est pourquoi il faut souhaiter que les parties au conflit puissent faire preuve d’élévation d’esprit et surtout d’empathie pour le peuple soudanais, en abordant ces discussions dans un esprit constructif et en étant animées d’une volonté réelle de parvenir à une solution pacifique du conflit pour mettre fin aux souffrances du peuple soudanais. Et l’on espère que les représentants des deux généraux ennemis trouveront avec les médiateurs américains et saoudiens, un modus vivendi pour une sortie de crise et le retour de la paix dans le pays. Cela est d’autant plus nécessaire que le conflit est aujourd’hui au bord de l’enlisement. Et quand on sait la haine viscérale que se vouent les deux généraux, il faut craindre une dégradation continue de la situation, surtout sur le plan humanitaire, si une solution négociée n’est pas trouvée au plus vite. Et ce sont les pauvres populations qui paient déjà un lourd tribut à une guerre qu’elles n’ont pas demandée, qui continueront de souffrir le martyre des bombardements et autres tirs d’artillerie au quotidien en restant bloquées chez elles. 

Tout porte à croire que les Généraux rivaux Al-Burhan et Hemetti sont tous les deux dans la logique d’une guerre d’usure

Et cela quand, uyant les combats, elles ne profitent pas de la moindre accalmie pour prendre les chemins de l’exil.  C’est pourquoi on ne manquera jamais assez de mots pour saluer la ténacité de la médiation américano-saoudienne qui tient bon et ne lâche rien, malgré les embûches qui se révèlent comme autant d’obstacles à une sortie rapide de crise. En tout cas, tout le mal qu’on lui souhaite, c’est de parvenir, au-delà des cessez-le-feu éphémères arrachés ici et là, à rabibocher les frères ennemis soudanais en créant ce cadre de confiance nécessaire à la désescalade. En rappel, le Soudan est le théâtre d’affrontements meurtriers depuis le 15 avril 2023, entre les forces armées soudanaises conduites par le Général Al-Burhan et les paramilitaires des Forces de soutien rapide du Général Hemetti. Plusieurs trêves ont été conclues sous l’égide des Etats-Unis et de l’Arabie Saoudite, mais ont été systématiquement violées par les belligérants. De quoi créer la frustration des médiateurs face à la réticence des deux parties à œuvrer dans le sens de l’apaisement pour une paix durable. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? On attend de voir. Mais, au regard de leur comportement et à y regarder de près, tout porte à croire que les Généraux rivaux Al-Burhan et Hemetti sont tous les deux dans la logique d’une guerre d’usure dans l’espoir d’obtenir chacun une victoire militaire, plutôt que dans celle d’un compromis pour le retour de la paix. Et cela n’est pas de bon augure pour le Soudan. Surtout quand dans le même temps, la communauté internationale est incapable de taper du poing sur la table pour rétablir l’ordre, encore moins le cours normal de la transition enclenchée en 2019 suite à la chute du dictateur Omar El Béchir dans les conditions que l’on sait. Une transition prise en otage depuis deux ans par les alliés d’hier, qui se disputent aujourd’hui le pouvoir en ennemis jurés.

« Le Pays »


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