HomeA la uneRENFORT ATTENDU PAR HAFTAR POUR LA CONQUETE DE TRIPOLI : Le pied de nez du maréchal à l’UA

RENFORT ATTENDU PAR HAFTAR POUR LA CONQUETE DE TRIPOLI : Le pied de nez du maréchal à l’UA


Alors que les sommets des chefs d’Etats africains sur la Libye, refermaient leurs portes, au Caire, le Maréchal Khalifa Haftar entend lancer l’assaut contre Tripoli encore aux mains du gouvernement d’union nationale reconnu par la communauté internationale. En effet, face aux combats qui piétinent dans la banlieue sud de la capitale et qui sont marqués par les coups mortels des forces loyales au Premier ministre Fayez-al Sarraj, l’homme fort de Tobrouk a décidé de faire appel à du renfort. C’est dire donc que les volutes de fumée qui asphyxient quotidiennement les Tripolitains depuis le début des hostilités entre les deux frères ennemis, risquent de gagner en épaisseur si ce nouvel hallali du guerrier de l’Est libyen est suivi d’effets.

Les missi dominici de l’UA ont prêché dans le désert

En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que la mobilisation de nouvelles unités combattantes en renforts, lancée par le chef de l’Armée nationale libyenne (ANL), constitue un pied de nez à l’Union africaine (UA). En effet, réunis le 23 avril au Caire, en Egypte, sous l’égide du président en exercice de l’organisation continentale, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et ses homologues de l’Afrique du Sud, du Congo, du Rwanda, du Tchad, de la Somalie et de Djibouti ainsi que des hauts représentants éthiopiens, sud-soudanais, ougandais, kényans et le président de la Commission de l’UA, ont appelé à la cessation des hostilités. Au regard de la nouvelle évolution dans le conflit, l’on peut déduire que les missi dominici de l’UA ont prêché dans le désert. Mais pouvait-il en être autrement quand on sait que le vœu de cessez-le-feu n’avait été émis que du bout des lèvres et qu’il n’était que l’expression de l’hypocrisie dont font montre les têtes couronnées du continent ? L’on sait, en effet, que l’Egypte est un des soutiens du maréchal Haftar et que sa position est partagée par le guerrier du désert, le président tchadien Idriss Deby Itno. Du reste, l’appel émis au pied des pyramides égyptiennes avait d’autant plus de chances de se perdre dans les tourbillons des tempêtes de sables en Libye que les grandes puissances occidentales comme les Etats-Unis, la Russie et dans une moindre mesure la France ne font véritablement pas mystère de leur soutien à l’homme fort de Tobrouk. La question que l’on peut se poser est de savoir si l’arrivée de nouveaux renforts aux portes de Tripoli comme semble en avoir décidé le seigneur de guerre de l’Est du pays, suffira à inverser très rapidement le rapport des forces. En attendant que l’évolution sur le terrain nous apporte la réponse à cette question, l’on ne peut, en tout cas, dénier le fait que cet appel à des renforts du maréchal Haftar, est symptomatique de l’enlisement du conflit quand on sait que son alter ego, Sarraj, a aussi appelé, en réponse, à la résistance dans toutes les villes traversées par les combattants de l’ANL. C’est donc vers une nouvelle guerre des tranchées que l’on s’achemine avec le risque de situation de « ni vainqueur ni vaincu », profitable à ceux  qui utilisent la guerre en Libye pour exploiter les immenses richesses du pays.

A défaut d’une paix armée, il faut implorer le Ciel pour que l’on parvienne à une paix des braves

En attendant de voir de quoi sera fait demain à Tripoli, l’on peut déjà déplorer les immenses souffrances des populations civiles dont une partie, dans l’angoisse de l’incertitude des lendemains, se voit contrainte d’abandonner leurs morts pour emprunter les chemins de l’exil. Ce qu’il faut aussi redouter, ce sont les répercussions d’un éventuel enlisement du conflit sur le voisinage proche ou lointain. En effet, l’une des craintes manifestées par les services de renseignements égyptiens est que l’Egypte, déjà confrontée au terrorisme islamiste dans le Sinaï à l’Est, ne soit prise entre deux feux avec l’instabilité chronique en Libye. Une autre crainte est que l’évolution incertaine du conflit libyen ne vienne augmenter le flux de la circulation des armes et des groupes armés dans les pays de la bande sahélo-saharienne déjà en proie à des attaques terroristes. Cela dit, tout en déplorant l’échec de la communauté internationale dont les divergences sur la base d’intérêts égoïstes compliquent la situation en Libye, l’on ne peut que souhaiter que les orages attendus sur Tripoli du fait des armées qui s’amassent devant les portiques de la ville, fassent rapidement place à des éclaircies dans le ciel libyen. A défaut d’une rapide victoire de l’un des deux camps sur l’autre pour imposer une paix armée, il faut implorer le Ciel pour que l’on parvienne à une paix des braves que l’on pourra mettre à profit pour construire une transition politique consensuelle.

«  Le Pays »


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