RENOUVELLEMENT DES INSTANCES DE LA CENI
Le renouvellement à polémique des instances de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui devrait avoir lieu ce jour 15 juillet 2021, continue de faire des vagues entre la majorité présidentielle et l’opposition politique. Une polémique qui fait suite à la désignation d’un commissaire « à plusieurs casquettes » en la personne du Sao Naaba, à l’état civil Bonaventure Dimsongho Ouédraogo, comme commissaire représentant la chefferie coutumière à la CENI. Le 13 juillet dernier, le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Clément P. Sawadogo, a brisé le silence en indiquant que son institution n’a fait que respecter les dispositions du Code électoral. Le 14 juillet 2021, ce fut au tour du CFOP de monter au créneau en indiquant que les commissaires de la composante opposition politique ne siégeront pas. C’était au cours d’un point de presse animé au siège de l’institution en présence des présidents des partis membres de l’Opposition.
La crise à la CENI semble avoir atteint son paroxysme le 14 juillet dernier, soit la veille de la date prévue pour le renouvellement de ses instances. Après la sortie du ministre en charge des libertés publiques, Clément P. Sawadogo, le 13 juillet dernier, ce fut au tour de l’opposition politique d’élever le ton sur la crise au sein de la CENI depuis la désignation controversée du Sao Naaba en tant que représentant de la composante de la société civile au titre de la chefferie coutumière. Pour le CFOP, la désignation de la personne du Sao Naaba comme représentant de la chefferie coutumière et pressentie pour la candidature à la présidence de la CENI, est inadmissible au regard de sa casquette politique en tant que militant du parti au pouvoir. En effet, le CFOP, Eddie Komboïgo, et ses camarades ont clairement indiqué que Sao Naaba, pour avoir fait ses preuves au sein du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), ne peut pas jouer le rôle d’arbitre. Le CFOP dit détenir des preuves datant du 15 novembre 2020, dans lesquelles le Sao Naaba a clairement demandé au MPP d’aller dormir car son candidat, Roch Marc Christian Kaboré, sera élu. Le CFOP remet en cause les garanties d’impartialité et d’indépendance d’un commissaire MPP désigné sous le couvert de la chefferie coutumière. A la question de savoir si la récusation du Sao Naaba ne ressemble pas à une sorte de bras de fer entre opposition politique et chefferie coutumière, le CFOP s’est voulu catégorique. « Nous n’avons rien contre la chefferie coutumière, nous n’en voulons pas non plus à un chef coutumier, mais nous sommes contre la candidature de Bonaventure D. Ouédraogo », s’est-il voulu précis. Rebondissant sur les propos du ministre Clément P. Sawadogo qui estime s’inscrire dans la logique de la loi, notamment les articles 5, 7, 10 et 11 du Code électoral, le CFOP, tout en reconnaissant que lorsque la loi est en faveur d’une partie, celle-ci brandit le drapeau de la légalité, mais lorsqu’elle est en sa défaveur, elle brandit celui de la légitimité, dit n’être pas prêt à saisir les juridictions pour se faire entendre. « Tant que je serai le CFOP, l’opposition politique n’engagera jamais une procédure judiciaire contre un chef coutumier », dixit Eddie Komboïgo. Et le CFOP de mettre en garde le pouvoir contre toute tentative de mise en place au forceps d’une administration électorale qui n’obéira pas aux principes exigés par les normes nationales et internationales. Il a, en outre, laissé entendre que les commissaires de la composante opposition politique ne siégeront pas tant que le sieur Ouédraogo sera le commissaire représentant la chefferie coutumière. Le CFOP appelle à la mise en place d’une CENI consensuelle et impartiale. Il a invité, en outre, la chefferie coutumière à reconsidérer la désignation du Sao Naaba en vue de préserver la neutralité et l’impartialité. L’opposition politique, tout en déplorant les différentes manœuvres de diabolisation des actes républicains du CFOP, orchestrées par le MPP et ses alliés, les invite à faire preuve de sens élevé de responsabilité afin de ne pas détériorer le climat social.
Didèdoua Franck ZINGUE