HomeA la uneRENTREE SCOLAIRE A KIDAL : Le tango irresponsable de la CMA

RENTREE SCOLAIRE A KIDAL : Le tango irresponsable de la CMA


 

Prévue pour le 19 octobre 2015, la rentrée des classes à Kidal, au Nord-Mali, a été dans un premier temps annulée par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Elle a finalement eu lieu dans l’après-midi du même jour. Pour cause, une centaine de manifestants seraient opposés à la venue du ministre malien de l’Education nationale pour parrainer la cérémonie dont les modalités avaient pourtant fait l’objet de discussions et de consensus entre les autorités de Bamako et les rebelles de la CMA qui contrôlent la localité. Ce qui a valu le déplacement d’une délégation de Bamako dont certains participants étaient déjà arrivés à Kidal. Mais contre toute attente, la CMA annulera au dernier moment cette cérémonie hautement symbolique. Pourtant, elle avait accepté la venue d’une délégation officielle de Bamako pour célébrer ensemble cette rentrée scolaire censée être la preuve matérielle des avancées notables dans l’application des accords de paix. Ainsi donc, les enfants de Kidal n’ont pas repris le chemin de l’école le 19 octobre 2015 comme prévu, et l’on se demande si cette année ne sera pas une autre année de perdue, depuis la fermeture des classes dans le septentrion malien, suite à l’invasion djihadiste de 2013 qui a entraîné une sorte de partition de fait du pays entre un Nord sous contrôle des rebelles et le reste du pays sous contrôle de Bamako. Mais à quoi joue finalement la CMA? En tout cas, elle n’a pas fini de surprendre par ses incohérences, si fait que son attitude versatile finit de convaincre, même les plus sceptiques, de sa mauvaise foi. En effet, il est difficile de comprendre que ces gens aient accueilli, il y a quelques semaines,  à bras ouverts une mission d’évaluation des besoins de la région en matière d’infrastructures éducatives et de santé, et trouvent aujourd’hui le moyen d’émettre des bémols au moment de l’opérationnalisation et de la concrétisation de ces actes par l’autorité centrale.

On est bien parti pour  que la rentrée scolaire soit renvoyée aux calendes maliennes

Cette attitude de la CMA prouve, si besoin en était encore, qu’elle ne joue pas franc-jeu. Elle donne même le sentiment de faire deux pas en arrière chaque fois qu’elle en fait un en avant. Cette partie de tango à laquelle se livre la CMA est simplement irresponsable. Car, dans le cas d’espèce, c’est l’avenir des enfants de cette partie du Mali qui est royalement sacrifié sur l’autel d’un souverainisme de mauvais aloi, et que la CMA entend pourtant défendre aussi longtemps que le processus de paix n’ira pas dans le sens souhaité par elle. En clair, la CMA veut préserver « l’inviolabilité » par Bamako, d’une zone qu’elle considère non seulement comme son fief, mais aussi qu’elle voudrait administrer par elle-même. Or, si cette rentrée était effective, cela sonnerait le retour progressif de l’administration dans la région de Kidal. Mais tout porte à croire que la CMA n’est pas prête à accepter un retour de Kidal dans la République, et continue sa défiance vis-à-vis de Bamako. Mais le drame, c’est qu’elle ne semble pas avoir d’alternative crédible à proposer aux populations de la région, qui se trouvent finalement prises en otage et à payer un lourd tribut dont on aurait pu les soulager, pour peu que leurs représentants ou supposés tels et leurs interlocuteurs acceptent de mettre un peu d’eau dans leur thé. Et comme Bamako, et on la comprend, ne veut pas non plus s’en laisser conter, l’on est bien parti pour  que ce report sine die de la rentrée scolaire soit renvoyé aux calendes maliennes, et que les enfants de Kidal enchaînent une nouvelle année blanche. A cette allure, c’est tout le processus de paix qui risque d’en prendre un sérieux coup. Preuve que le chemin de la paix reste encore long au Nord-Mali, et surtout entrecoupé de grosses dunes de sable. Cela est un mauvais signal qu’il appartient aux protagonistes de la crise malienne de rectifier, pour ne pas décourager les dernières bonnes volontés qui croyaient, peut-être un peu trop naïvement, à l’enclenchement d’un retour irréversible vers la paix dans ce pays.

Outélé KEITA


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