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REOUVERTURE DU GRAND MARCHE DE OUAGADOUGOU


Hier, lundi 20 avril 2020, était un grand jour pour les commerçants de la ville de Ouagadougou. Et pour cause : la réouverture du grand marché. En rappel, celui-ci avait été fermé par les autorités depuis le 26 mars dernier, dans le cadre des mesures édictées par le gouvernement pour endiguer la propagation du Covid-19. Depuis lors, que de pressions et de grogne pour exiger sa réouverture ! Par moments, l’on a même craint que des commerçants se répandent dans les rues pour se faire entendre, tant la situation était devenue intenable pour eux. Depuis hier, cette crainte a été dissipée, puisque l’autorité a autorisé la réouverture de Rood-Wooko, ainsi qu’on l’appelle en mooré. Et l’émotion était au rendez-vous. Les autorités comme les commerçants présents à la cérémonie, étaient visiblement aux anges. Il faut préciser que cette réouverture est à titre exceptionnel, car le grand marché de Ouagadougou est considéré comme marché- pilote dans le processus de réouverture des marchés dans la commune de Ouagadougou afin d’expérimenter le respect des mesures barrières contre la propagation du Covid-19. Une autre précision à apporter, car elle vaut son pesant d’or, est que l’accès au grand marché de Ouagadougou est désormais conditionné au respect des mesures ci-après : le port obligatoire de masque ; le lavage systématique et obligatoire des mains à l’entrée ; le respect de la distanciation sociale d’un mètre minimum entre les usagers (commerçants et clients) ; le respect de toutes les autres mesures barrières, notamment l’interdiction des embrassades, ne pas cracher à terre, tousser ou éternuer dans le creux du coude, utiliser le gel hydro-alcoolique. L’on peut se réjouir du fait que les autorités ont entendu les cris de détresse des commerçants du grand marché de Ouagadougou. L’on peut également saluer le fait que la municipalité a conditionné l’accès du marché au respect des mesures barrières.

Les commerçants ont l’occasion de prouver que marché ne rime pas forcément avec capharnaüm

Mais la grande question est de savoir si les commerçants vont respecter comme il le faut, l’ensemble des mesures édictées. En tout cas, ils sont attendus au tournant. Car, ils auront tout fait pour demander la réouverture du marché : pressions multiformes sur les autorités politiques, velléités de rébellion, plaidoyer auprès des autorités morales et coutumières et l’on en oublie. Maintenant que c’est chose faite, ils n’auraient droit à aucune excuse au cas où ils se donneraient des libertés par rapport à l’observance des mesures édictées. En tout cas, les commerçants ont juré, la main sur le cœur, qu’ils mettront un point d’honneur à le faire et tout le monde a été témoin de cet engagement solennel à ne pas faillir. Il est vrai, la municipalité a promis fermement de sévir contre les contrevenants, mais les commerçants eux-mêmes ont intérêt à traquer les brebis galeuses en leur sein. Car, ils n’auront personne pour les pleurer dans l’hypothèse où, à cause de leurs mauvais comportements, le gouvernement se verrait contraint de fermer de nouveau le marché. Et puis, les commerçants du grand marché de Ouagadougou ne doivent pas oublier que tous les autres commerçants les regardent. Et de leur comportement dépendra le sort de l’ensemble de la corporation. Si l’expérimentation est concluante, la mesure sera certainement étendue à l’ensemble des marchés du pays. Mais si elle ne l’est pas à cause de leur indiscipline, ce serait une catastrophe non seulement pour l’économie du pays, mais aussi un grand risque sanitaire pour la population. Par jour, au moins 15000 personnes visitent, en effet, ce marché. Potentiellement, Rood-woko représente un foyer de propagation du Covid-19. Au Bénin et en Côte-d’Ivoire, les commerçants ont su faire preuve de responsabilité et de discipline. Résultat : dans ces pays, l’on n’a pas fermé les marchés. Les nôtres ont l’obligation morale et patriotique de s’inscrire dans la même logique. En tout cas, ils ont l’occasion de prouver qu’ils sont des adultes et que marché ne rime pas forcément avec capharnaüm comme le laisse croire l’imaginaire populaire. Cela dit, les autorités doivent également envisager la reprise des autres activités. Celle qui nous vient à l’esprit est le transport inter-urbain. Car, l’arrêt de ce secteur est en train d’être ressenti durement aussi par les populations. Et ici, il est beaucoup plus facile d’appliquer les mesures barrières que dans un marché. En tout état de cause, il va falloir apprendre à vivre avec le Covid-19. Et le Premier ministre l’a dit à l’occasion d’une rencontre des gouverneurs des 13 régions.

Sidzabda


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