HomeA la uneREOUVERTURE DES ECOLES DANS L’ETAT DE BORNO : Les autorités nigérianes sauront-elle relever le défi sécuritaire ?

REOUVERTURE DES ECOLES DANS L’ETAT DE BORNO : Les autorités nigérianes sauront-elle relever le défi sécuritaire ?


 

Après deux ans de fermeture suite aux nombreuses exactions de la secte islamiste Boko Haram, ce 3 octobre 2016 marquait la rentrée des classes dans les établissements scolaires de l’Etat de Borno, dans le Nord-Est du Nigeria. Cette réouverture de l’école dans cette partie du Nigeria, intervient au moment où la secte islamiste connaît un net recul sur le terrain, et est en proie à des dissensions internes. En effet, le leadership de celui qui était jusque-là apparu comme son chef historique, Abubakar Shekau, est mis à mal par la nomination, début août dernier, d’Abou Moussab al-Barnawi comme nouveau leader des insurgés nigérians par l’Organisation Etat islamique à laquelle la nébuleuse islamiste  dit avoir fait allégeance. Pour autant, la secte terroriste est loin d’avoir été complètement mise hors d’état de nuire. En témoignent les récentes incursions des barbus nigérians chez leur voisin nigérien et la récente sortie médiatique du chacal, Abubakar Shekau, contestant son limogeage et démentant toutes les rumeurs qui le donnaient pour mort ou agonisant. C’est pourquoi, tout en saluant cette réouverture des classes dans ce qui fut le bastion de la secte islamiste Boko Haram, l’on ne peut s’empêcher de se demander si les autorités sauront relever le défi sécuritaire face au climat d’insécurité qui avait justement prévalu à la situation que l’on sait. D’autant plus qu’il y a lieu de croire qu’entre Shekau et Al-Barnawi, la lutte pour le contrôle de la secte risque d’être sans merci, toute chose qui pourrait par conséquent ne pas épargner les populations ni l’Etat. Au demeurant, l’on se rappelle encore l’enlèvement spectaculaire, en avril 2014, de plus de deux cents lycéennes dans la localité de Chibok, dont la majorité reste encore introuvable jusqu’à nos jours. En outre, selon un recensement établi par le gouvernement en mars dernier, 500 écoles primaires, 38 collèges et deux lycées ont été touchés par les attaques de Boko Haram. Des chiffres assez effarants, et peu rassurants, en cette nouvelle rentrée scolaire, pour des parents d’élèves assez échaudés par le calvaire déjà vécu par leurs progénitures dans un passé encore récent. L’Etat doit donc faire ses preuves.

On ne peut pas apprendre dans la peur et dans la psychose

Derrière cette décision pour le moins audacieuse d’Abuja de rouvrir les classes, il faut espérer que le président Buhari ne restera pas les bras croisés et qu’il est en train de reprendre les choses en main, comme il l’avait du reste promis à sa prise de fonction. En tout cas, le moins que l’on puisse souhaiter est que toutes les précautions soient prises pour sécuriser les écoles. Car, le peuple nigérian ne comprendrait ni ne pardonnerait pas un autre Chibok. Il y va donc de la crédibilité du gouvernement. Et si cette année scolaire ne devait pas aller jusqu’à son terme pour des raisons sécuritaires liées à la secte islamiste, Buhari perdrait tout crédit aux yeux des populations qui verraient en lui, un autre Goodluck Jonathan, du nom de son prédécesseur dont l’incurie du gouvernement avait eu pour conséquence la montée en puissance de la secte islamiste qui avait étendu son contrôle sur la presque totalité du septentrion nigérian. Aujourd’hui, il y a lieu de croire que l’Etat a réussi à reprendre le contrôle de toutes ces zones. Si c’est vraiment le cas, ce serait une très bonne chose. Car, l’on n’a pas besoin d’être grand clerc en matière d’éducation pour savoir qu’on ne peut pas apprendre dans la peur et dans la psychose. Mais il faudrait aussi se garder de toute fanfaronnade, car les autorités nigérianes sont maintenant bien placées pour savoir que les illuminés qui s’étaient donné pour mot d’ordre de combattre la civilisation occidentale considérée comme un péché, ne se feront pas prier pour se rappeler au bon souvenir des populations à la moindre occasion, histoire de montrer qu’ils sont loin d’avoir dit leur dernier mot. Buhari est donc prévenu. Et il est attendu sur le terrain.

Outélé KEITA


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