HomeBaromètreREPONSE A LA LETTRE OUVERTE DE MAMADOU SANOU AU PRESIDENT DU FASO : « Le repli régionaliste, voire ethniciste n’est pas une panacée »

REPONSE A LA LETTRE OUVERTE DE MAMADOU SANOU AU PRESIDENT DU FASO : « Le repli régionaliste, voire ethniciste n’est pas une panacée »


 

Dans une de nos éditions de la semaine dernière, nous publiions une lettre ouverte que Mamadou Sanou adressait au président du Faso, au nom des ressortissants du grand Ouest du pays, qui exprimaient ainsi leurs « frustrations ». Quelques jours plus tard, un habitant de la ville de Sya, ainsi se présente-t-il, décide de lui répondre. Pour ce dernier, « le repli régionaliste, voire ethniciste n’est pas une panacée à la problématique du développement ». Mieux, il « condamne les appels à peine voilés à la rébellion ». Lisez !

 Le lundi 19 mars, nous découvrions dans la presse un écrit signé de Mamadou Sanou pour le compte des ressortissants de l’Ouest du Burkina. Dans cet écrit l’intéressé bien connu à Ouagadougou pour ses activités à relent ethnicistes et militant CDP, tente de faire une récupération éhontée de certaines situations à des fins régionalistes et politiques. Nous n’avons pas connaissance de l’existence d’une telle organisation de ressortissants, encore moins qui sont ses membres.Par cet écrit, nous, ressortissants de l’Ouest de tout horizon confondu, voudrons apporter un démenti à certaines allégations faites. Nous réaffirmons notre opposition à tout esprit régionaliste tendant à remettre en cause l’unité et la cohésion nationales tant chères à nos autorités coutumières locales qui, ayant compris très tôt l’esprit de l’Etat nation, ont accordé une attention particulière à toutes les communautés résidentes depuis avant les indépendances. C’est ce qui fait de la ville de Bobo une ville cosmopolite où se  sont intégrés Maliens, Guinéens, Béninois, Togolais, etc ; au temps de l’AOF, avec les populations locales sans heurt.Le sieur Mamadou Sanou dans son écrit, évoque la question des Koglwéogo, de l’implantation de l’usine de transformation du coton et la formation du dernier gouvernement Paul Kaba comme étant des preuves de marginalisation de la région de l’Ouest, voire son délaissement par les autorités actuelles. Nous n’avons pas la même perception ni la même analyse de ces évènements tels que caricaturés par M. Mamadou Sanou.

De l’installation des  « Koglwéogo » dans certaines localités de l’Ouest du Burkina

 

Ce groupe d’autodéfense, organisé pour combler le vide sécuritaire dans certaines régions du pays a certes, tenté de s’installer dans certaines localités de l’Ouest. Des incompréhensions nées de cette situation avec les populations locales ont vite été gérées par les autorités locales en application du décret sur les initiatives locales de sécurité pris par le gouvernement et sur ses orientations officielles. Le phénomène des Kolwéogo est purement un phénomène social qui transcende les considérations politiques. Vouloir faire un lien forcé de ce phénomène avec le pouvoir en place, est une tentative vaine et grave de récupération politique. De notre point de vue, ce phénomène social est comme une réponse au déficit réel de sécurité  plutôt qu’une duplication des structures ethniques. Nous affirmons que la réponse structurelle à ce déficit sécuritaire ne saurait consister en la prolifération de ces groupes d’autodéfense sur le territoire, mais plutôt au renforcement des prérogatives régaliennes des Forces de défense et de sécurité dans un cadre républicain.

 

De L’implantation à Ouagadougou d’une nouvelle usine de transformation du coton

 

Dans son développement, Mamadou Sanou fait allusion à d’autres cas dans le passé où il y aurait eu tentative de délocalisation de certaines unités industrielles de l’Ouest vers d’autres régions. De ce que nous avons entendu des communiqués officiels, le choix du lieu d’implantation de cette usine ne dépend pas forcément du gouvernement en place, mais tient compte du contexte d’économie de marché et de l’engagement du gouvernement.Nous avons pris acte de cela mais avons l’espoir que conformément au programme du président du Faso, qui a été plébiscité dans notre région sur la base de son engagement à redonner à Bobo son lustre de capitale économique avec des investissements à grande échelle dans le tissu industriel de cette ville. Nous sommes conscients qu’en deux ans aucune transformation structurelle profonde ne peut être achevée dans notre région mais les actes concrets déjà perceptibles sur le terrain, fondent l’espoir d’une réorientation économique en rupture avec la léthargie des 27 ans du régime passé.En effet, en deux ans ce que nous voyons dans certaines villes de la région comme réalisations, ne l’a jamais été sous le régime déchu. Aussi nous nous demandons où étaient ces mêmes ressortissants quand la ville de Bobo perdait son statut de capitale économique sous les 27 ans de règne passé. Bobo la capitale économique a été simplement déshéritée et reléguée au rang de ville de misère et de chômage des jeunes. Nous refusons donc que ce simple cas d’implantation de cette usine de transformation de coton soit exploité à des fins politiques politiciennes.

De la formation du gouvernement Paul Kaba Thiéba III

 

Bien que les considérations d’équilibre géopolitique soient de mise, nous pensons que la formation d’un gouvernement répond fondamentalement à une vision de développement global de l’ensemble du pays et de ce fait nous attendons plutôt ce gouvernement sur les chantiers de développement dans notre région. C’est à partir des actes posés que nous pourrons le juger.Avant de conclure, nous faisons observer que selon nos sources, le sieur Mamadou Sanou et ses acolytes tentent d’instrumentaliser la chefferie coutumière de la région à des fins inavouées, ce qui, à notre sens, est suffisamment grave et contraire aux valeurs qu’il prétend défendre. Le repli régionaliste, voire ethniciste n’est pas une panacée à la problématique de développement de notre région, bien au contraire, notre salut viendra de notre ouverture aux autres tout en gardant bien sûr nos valeurs culturelles. Nous appelons donc les populations de notre région à se démarquer des aventures ambiguës et inconnues du sieur Mamadou Sanou et ses acolytes pour ne voir que l’intérêt de la région. Notre espoir repose sur la mise en œuvre accélérée du programme du chef de l’Etat qui s’est engagé à redonner à la région surtout la ville de Bobo son lustre de capitale économique. Nous condamnons fermement les appels voilés à la rébellion par lesquels conclut le sieur Mamadou Sanou dans sa lettre adressée au président du Faso et lançons un appel à toute la population de la région à se démarquer de toute organisation de nature à mettre à mal l’unité nationale.

 

Vive l’union et la cohésion entre les filles et fils du Burkina Faso !

Vive la Nation burkinabè

 

Bobo, le 26 mars 2018

 

Kader Millogo

Habitant de la ville de Sya.

 


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