HomeA la uneREPRESSION DE MANIFS AU SOUDAN  

REPRESSION DE MANIFS AU SOUDAN  


Après la chaude journée du 2 janvier 2022, des milliers de Soudanais étaient encore dans les rues de Khartoum, pour exiger le départ des militaires du pouvoir. Bien que les communications aient été coupées, des voies d’accès au centre–ville bloquées, avec à la clé, un impressionnant dispositif sécuritaire, la mobilisation n’a pas faibli. Bien au contraire, on a le sentiment que les défenseurs des acquis de la révolution de 2019, sont plus que jamais déterminés à poursuivre le combat pour la liberté et la démocratie. Mais jusqu’où ira ce bras de fer entre les révolutionnaires et l’armée ? Le général Abdel Fattah al-Burhan va-t-il courber l’échine ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, tout laisse croire que les hommes en treillis ne veulent pas regagner les casernes. On est d’autant plus fondé à le penser que l’homme fort de Khartoum vient de donner une fin de non-recevoir à la requête de la communauté internationale qui exige la nomination d’un nouveau Premier ministre en concertation avec la société civile. C’est dire si le chef de l’Armée ne semble pas prêt à renoncer au pouvoir. Mais pendant combien de temps résistera-t-il encore face à la colère de la rue? Bien malin qui saurait répondre à cette question. Mais une chose est certaine : la soif de démocratie des Soudanais qui ont déjà payé un lourd tribut pour venir à bout du régime dictatorial d’Omar el-Béchir, ne souffre d’aucun doute. Et c’est une quête légitime ; ce d’autant que depuis 1956, les efforts du peuple soudanais pour asseoir les bases d’une vraie démocratie, ont toujours été annihilés par l’intrusion des militaires dans l’arène politique.

 

Le général al-Burhan gagnerait à changer son fusil d’épaule

 

 Il est donc temps que la soldatesque comprenne que sa place n’est pas dans un palais présidentiel mais plutôt dans les casernes. Le général al-Burhan qui croit désormais avoir toutes les cartes en main au regard du vide laissé par la démission de l’ex-Premier ministre, Abdallah Hamdok, doit savoir raison garder. Il dispose certes de gros moyens militaires pour réprimer le peuple, mais il doit aussi savoir que la répression a ses limites. C’est d’autant plus vrai que plus on réprime un peuple, plus on attise la colère populaire. Du reste, l’histoire nous enseigne qu’aucun dirigeant, fût-il un satrape, ne peut triompher d’un bras de fer engagé avec un peuple déterminé. Autant dire que le général al-Burhan gagnerait à changer son fusil d’épaule. En tout cas, s’il ne veut pas être un futur candidat à la Cour pénale internationale (CPI), il doit se raviser pendant qu’il est encore temps. Certes, la CPI ne semble plus faire peur aux dirigeants prédateurs des droits humains. Mais qu’il sache que tous les crimes se paient. S’il échappe à la Justice des Hommes, il n’échappera pas à la justice immanente.  Cela dit, la Grande muette doit arrêter de faire couler le sang des Soudanais qui aspirent à plus de liberté et de démocratie. On ne peut pas s’agripper indéfiniment à un pouvoir qu’on a acquis par la force. Car, comme le dit l’adage, « les mêmes causes produisent les mêmes effets ».  Vouloir s’accrocher à tout prix au fauteuil présidentiel contre la volonté du peuple, c’est courir le risque de se faire chasser tôt ou tard comme un mal propre.

 

Dabadi ZOUMBARA


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