HomeA la uneREPRESSION SANGLANTE DE LA MANIF DU 20 OCTOBRE AU TCHAD : Une mission d’enquête internationale pour quoi faire ?

REPRESSION SANGLANTE DE LA MANIF DU 20 OCTOBRE AU TCHAD : Une mission d’enquête internationale pour quoi faire ?


Plus de deux semaines après la répression sanglante de la manifestation de rue, qui a coûté officiellement la vie à une cinquantaine de personnes, et fait près de 300 blessés au Tchad, des questions se posent. Qui a tiré sur les manifestants ? Qui a donné l’ordre de tirer ? Et pourquoi ? Les familles des victimes en particulier et les Tchadiens en général veulent connaître la vérité sur ces événements pour le moins tragiques qui rappellent les années sombres de l’histoire de leur pays, écrite en lettres de sang. C’est pour contribuer à la manifestation de la vérité que les Tchadiens et Tchadiennes appellent de tous leurs vœux, que la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) a proposé la mise en place d’une mission d’enquête internationale sur le drame du 20 octobre dernier. S’il est vrai que N’Djamena l’a accepté, il faudra, pour l’instant, se garder de tout triomphalisme et cela, pour deux raisons. La première est que les contours de cette mission d’enquête internationale, n’ont pas encore été précisés. Si bien que l’on ne sait pas encore si les enquêteurs seront totalement indépendants ou s’ils seront intégrés dans une équipe tchadienne. Ce sont des détails qui, en la matière, ont toute leur importance. Mais l’un dans l’autre, le résultat risque d’être le même. Car, à supposer même que les enquêteurs soient des étrangers, ils ne verront sur le terrain que ce que les autorités tchadiennes voudront qu’ils voient.

 

La meilleure manière de noyer un dossier, c’est de procéder à l’ouverture d’une enquête nationale ou internationale

 

En effet, ces dernières peuvent travailler à faire disparaître certains indices matériels ou encore procéder à des subornations de témoins surtout quand on sait que la plupart des leaders d’opposition qui avaient appelé à manifester, ont soit quitté le pays soit été arrêtés et conduits vers une destination inconnue. La seconde raison qui appelle à la prudence, c’est que le plus souvent, les enquêtes, qu’elles soient nationales ou internationales, ne conduisent généralement à rien. Parfois, on a l’impression que les dirigeants en usent comme de mesures cosmétiques pour non seulement desserrer l’étau autour d’eux, mais aussi bénéficier de la sympathie de la communauté internationale. Si fait que certains n’hésitent pas à dire que la meilleure manière de noyer un dossier, c’est de procéder à l’ouverture d’une enquête nationale ou internationale. On l’a déjà vu dans d’autres pays du continent où des dirigeants ont profité de la situation pour reprendre la main et consolider leur pouvoir ; tant les conclusions des enquêtes apportent parfois plus de trouble que de lumière.  En tout cas, pour autant qu’elles soient de bonne foi, les autorités tchadiennes n’avaient vraiment pas besoin d’une mission d’enquête internationale pour élucider les événements du 20 octobre dernier ; tant les exécutants et leurs commanditaires sont bien connus.

 

B.O


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