HomeA la uneREPRESSIONS DES MANIFS AU ZIMBABWE : Jusqu’où peut aller Mugabe ?

REPRESSIONS DES MANIFS AU ZIMBABWE : Jusqu’où peut aller Mugabe ?


Alors que la vague des contestations anti-Mugabe va crescendo, le régime zimbabwéen s’ingénie, même au prix de monstrueuses contradictions dans un Etat moderne, à contrer la déferlante.  Alors que la Haute Cour venait de lever l’interdiction de manifester, décrétée la semaine dernière par le gouvernement, estimant qu’elle baignait dans l’illégalité, c’est la Police qui la réinstaure pour une durée d’un mois. Dans un Etat normal et policé, la Police est censée exécuter les décisions de justice, mais nous sommes au Zimbabwe de Robert Mugabe   où  l’Etat plutôt policier, rame à contre-courant des normes. En décidant de défier ainsi la Justice, la Police censée être une institution neutre au service des populations, fait la preuve de son inféodation au régime Mugabe dont elle se  fait le bras armé, pour réprimer les populations qu’elle a pourtant pour mission régalienne de sécuriser. Cette décision inattendue de la Police, signifie donc très clairement l’option de Mugabe pour le tout répressif et se voudrait un avertissement à l’endroit des manifestants qui doivent savoir qu’ils ne peuvent bénéficier de la protection de personne. Toutefois, en voulant montrer du muscle, le régime de Mugabe fait étalage de la cacophonie institutionnelle qui prévaut au sommet de l’Etat, laquelle  est symptomatique des lézardes dans la bâtisse du pouvoir. Il faut craindre une crise institutionnelle qui viendrait accélérer la déliquescence de l’Etat qui, déjà, est dans l’incapacité d’assurer sa propre survie en payant les salaires de ses agents. Cette crise viendrait aggraver le sinistre économique que vit le pays, ce qui, sans nul doute, consacrerait la faillite de l’Etat. Dans ce contexte, l’on peut légitimement se demander jusqu’où le vieux Bob peut-il encore aller. Jusqu’à se casser la pipe ou jusqu’au sabordage complet du navire zimbabwéen balloté dans tous les sens par les terribles torrents de la crise ?

Le vieux Bob devrait écouter la voix de la sagesse dont il a l’âge, du haut de ses 92 ans

Dans l’un ou l’autre cas, il aurait raté sa sortie de l’Histoire dans laquelle il était pourtant entré par la grande porte. De son piédestal de héros de l’indépendance et père-fondateur de la nation, il chuterait dans le sombre abîme des bourreaux des peuples. C’est pourquoi, plutôt que de poursuivre son entreprise de répression à l’encontre des populations qui, aux prises avec les difficultés économiques et politiques, manifestent pour leur survie, il devrait écouter la voix de la sagesse dont il a pourtant l’âge, du haut de ses 92 ans. S’il aime tant le Zimbabwe auquel  manifestement il se sent lié à vie, il devrait se soucier de sa pérennité en le léguant à la jeune génération. Faute de l’avoir compris, de nombreux dictateurs, accros au pouvoir, ont fini en pauvres-hères, contraints par ostracisme, à errer en sans-abris quand tout simplement ils n’ont pas fini dans les geôles où dans le pire des cas, été  lynchés par leur propre peuple. Mais peut-être faut-il tout simplement voir dans cette interdiction de manifester de la police, comme le dit l’un des porte-paroles de la fronde anti-Mugabe, « les derniers soubresauts d’un régime qui se meurt ». En tout cas, les manifestants sont résolus à ne pas respecter « cet ordre anticonstitutionnel de la police ».  Le vieux Bob, après 36 ans de pouvoir, a-t-il fait le pas de trop ?

 

SAHO


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