HomeA la uneREPRISE DES POURPARLERS INTERMALIENS A ALGER : Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ?

REPRISE DES POURPARLERS INTERMALIENS A ALGER : Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ?


 

Après moult tergiversations, Bamako et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) se sont finalement retrouvées à Alger, le week-end dernier, pour de nouvelles discussions autour de l’accord de paix. L’objectif est d’amener la CMA à signer cet accord et de réfléchir sur les moyens de son application. Va-t-on enfin briser le mur de la méfiance entre Bamako et Kidal? Difficile d’y répondre par l’affirmative. Car on ne le sait que trop bien, les rebelles, même s’ils ne le disent pas haut et fort, n’ont pas encore renoncé à leurs ambitions sécessionnistes. Or, pour Bamako et le groupe de médiateurs, il n’est plus question de remettre sur la table de négociations les questions relatives à l’indépendance de l’Azawad. Autant dire qu’on risque d’assister à un dialogue de sourds. Certes, le représentant du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le mauvais garçon de la CMA, (…) a exprimé une certaine disposition d’esprit de son groupe en allant à cette réunion. Mais que vaut la parole de gens qui ont passé tout le temps à ruser avec Bamako et la Communauté internationale? D’ailleurs, que peut-on véritablement attendre de la réunion de deux frères ennemis? En tous les cas, le fait que Bamako a accepté d’aller à Alger pour discuter avec la CMA, constitue en soi un compromis. Car, ni elle, ni la communauté internationale, encore moins Alger n’était favorable à de nouveaux pourparlers intermaliens avant la signature de l’accord de paix par l’ensemble des groupes rebelles. En acceptant aujourd’hui donc de s’asseoir autour de la même table de négociations avec les rebelles, les autorités de Bamako coupent l’herbe sous les pieds des va-t-en-guerre de la CMA. Et c’est peu dire que c’est clairvoyant de la part de Bamako. Car, il est fort à parier que certains jusqu’au-boutistes auraient trouvé là un alibi pour répandre la violence avec les armes, si Bamako n’avait pas agi ainsi.

La CMA n’est pas allée à cette réunion en adversaire vaincu

Cela dit, la CMA a désormais très peu d’arguments pour ramer à contre-courant de la paix. Et cela pour plusieurs raisons. D’abord, la réunion qu’elle a longtemps réclamée a finalement eu lieu. Ensuite, elle a lieu au moment où le rapport des forces sur le terrain n’est pas en sa faveur.  Même sur le plan diplomatique, le rapport des forces semble à l’avantage de Bamako. Enfin, le MNLA se retrouve aujourd’hui quelque peu orphelin. Faut-il le souligner, il n’a plus ses soutiens de taille comme celui du Burkina sous l’ère Compaoré. Autant d’éléments qui devraient l’amener à mettre un peu d’eau dans son lait.  En  tout cas, le MNLA et compagnie ont intérêt à enterrer leur orgueil et le rêve indépendantiste qu’ils ont longtemps caressé, en signant l’accord de paix d’Alger. Il est évident qu’il leur sera difficile actuellement de trouver un allié crédible et fort pour les accompagner sur le chemin de la balkanisation du Mali. Mais la CMA  saura-t-elle faire preuve de realpolitik? Cette fois-ci sera-t-elle la bonne? Difficile pour l’instant d’apporter des réponses exactes à toutes ces questions. Seules les conclusions de la réunion, prévues pour aujourd’hui, pourront nous en donner les réponses.  Mais ce dont on peut être sûr, c’est que la CMA qui a plus d’un tour dans son sac, n’est pas allée à cette réunion en adversaire vaincu. Loin s’en faut. C’est certainement pour elle une ruse de guerre pour encore se donner du temps et ainsi desserrer l’étau autour d’elle. Le seul fait de demander qu’une solution soit trouvée pour la ville de Ménaka avant toute autre discussion, laisse croire qu’elle est en quête de stratégies pour reprendre du poil de la bête. Et si le groupe de médiateurs et la communauté internationale n’y prennent garde, ils risquent de se faire rouler dans la farine. L’Algérie qui n’est pas à son premier coup d’essai, est donc prévenue. Si elle ne souhaite pas se faire humilier par le MNLA et ses alliés, elle doit se montrer ferme vis-à-vis de ces groupes rebelles qui n’entendent que le langage de la fermeté.

Dabadi ZOUMBARA


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