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RESULTATS DE LA PRESIDENTIELLE : Mgr Paul Ouédraogo apprécie la réaction des perdants


Mgr Paul Ouédraogo, en attendant les résultats définitifs du Conseil constitutionnel, donne sa lecture de la situation sociopolitique nationale. Il apprécie la réaction des candidats malheureux qui ont reconnu leur défaite. Lisez !

 

Monseigneur, vous êtes archevêque de Bobo-Dioulasso, président de la Conférence épiscopale Burkina/Niger, et aussi président de la commission de réconciliation nationale et des réformes. Le Burkina vient d’avoir un nouveau président chargé de conduire sa destinée durant les cinq ans à venir ; quelle appréciation en faites-vous ?

Mgr Paul Ouédraogo : Je pense que cette appréciation doit tenir compte de tout un ensemble. Nous avons réellement eu une campagne électorale apaisée, une campagne électorale nourrie, parce que les candidats, pour la plupart, se sont donné la peine d’élaborer des programmes de société qu’ils ont présentés au peuple. Nous avons eu une consultation électorale vraiment bien organisée, même s’il est vrai qu’il y a eu par-ci par-là de petits dysfonctionnements ; mais d’un point de vue technique, je pense que les Burkinabè peuvent être fiers de ce qu’ils viennent de vivre. Les résultats sont là, le peuple a fait son choix, nous apprécions positivement les réactions des uns et des autres. Dieu merci, c’est même la première fois que les résultats de consultations électorales au Burkina tombent si rapidement. Toutes les conditions de suivi et d’observation étaient là pour qu’on ne soupçonne même pas la Commission électorale nationale indépendante du Burkina (CENI) au bout de deux, trois, quatre, cinq jours quelquefois, de tripatouillage des résultats. Cette fois-ci, nous avons été à l’abri de cela, et là je pense que tout a été mené de façon claire. On ne peut qu’être fier réellement de ce que nous venons de vivre. Et je suis heureux de la réaction des perdants qui ont reconnu les résultats du choix des Burkinabè.

Justement, tout le peuple a été témoin de la conduite tant démocrate que républicaine du poursuivant immédiat du président élu, qui a fait preuve de fair-play politique. C’est une chance pour le Burkina non ?

Bien sûr que c’est une chance. Et le peuple doit reconnaissance non seulement à lui, mais aussi à tous les autres candidats. Parce que vous le savez, il ne faut pas grand-chose pour semer le trouble. Même ceux qui n’ont pas eu de grand score, s’ils descendent dans la rue pour semer le désordre et protester, c’est dommageable pour tout le monde. Je pense donc que c’est eux tous qui sont à féliciter pour le calme qui est là, et l’acceptation de tous les résultats par tous les candidats, qui est vraiment une chance pour tous.

Le nouveau Président du Faso a promis de se mettre tout de suite au travail. Selon vous qui avez joué un rôle important durant la période de transition, quels peuvent-être les chantiers prioritaires ?

Dans des pays comme le nôtre, généralement, les priorités sont partout, et même les priorités demandent à être priorisées. Il va de soi que le chantier économique soit un dossier prioritaire, parce que s’il y a un secteur qui a essuyé les coups depuis les événements des 30 et 31 octobre 2014, puis des 16 et 17 septembre 2015, je pense réellement que c’est la vie économique du pays, qui en a souffert le plus. Certainement donc, un des chantiers prioritaires sera la relance de l’économie pour que le Burkina puisse retrouver un taux de croissance acceptable. Une activité qui donne de l’emploi aux jeunes, qui crée des emplois parce que nous avons perdu beaucoup d’usines qui fournissaient pas mal d’emplois et qu’il faut remettre sur chantier. Un deuxième chantier est certainement celui de la justice pour la réconciliation. Au niveau de la commission de réconciliation nationale et des réformes, faut-il le rappeler, nous avons quand même recensé plus de 5000 dossiers qui sont des cas où les frustrations se sont accumulées, où les injustices ont été flagrantes quelquefois, et qui demandent réparation, pour mettre tout le monde dans les dispositions de vivre ensemble et de réconciliation pour bâtir ensemble le Burkina.

Je pense que le troisième chantier est même un problème de gouvernance tout simplement, parce que je crois qu’en plus de la justice, de la gouvernance économique, la gouvernance politique et institutionnelle elle-même est un chantier assez urgent. On a senti, à vrai dire, les Burkinabè aspirant à passer à une autre république avec une Constitution qui réponde encore mieux à leurs aspirations. Il y a des projets de Constitution qui sont là, il faudra qu’assez rapidement, on se donne une loi fondamentale qui est celle qui répond à tout ce que nous vivons depuis la fin octobre 2014 et les 16-17 septembre 2015. Ce sont les principaux chantiers que je vois et qui demandent que tout le monde se mette au travail.


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