Résultats provisoires des municipales partielles
Arrondissement 4 : Les grands défis d’Anatole Bonkoungou
Suite à la proclamation des résultats provisoires des élections municipales partielles de l’arrondissement 4 de Ouagadougou, nous avons approché le grand gagnant, Anatole I. Bonkoungou, le 25 février 2014. Ce dernier nous a décliné les grands axes de son futur mandat et les actions qu’il compte entreprendre. Lisez donc !
« Le Pays » : Vous avez remporté la majorité des sièges à l’issue de la proclamation des résultats provisoires. Qu’est-ce qui explique ce score élevé ?
Anatole Bonkoungou : A tous les niveaux, nous avons donné un message de paix, de vérité et nous pensons que ce message a été bien compris. Maintenant que dans le lot des électeurs, il y a des gens qui décident de sanctionner par le vote parce qu’ils estiment que trop, c’est trop, c’est aussi normal. Quand on demande de s’exprimer à travers les urnes, chacun y va ! Il y a également le message des candidats de l’ODT, qui a été bien reçu par la population et cela a été déterminant.
Sauf cataclysme, vous serez le maire de l’arrondissement 4 de Ouagadougou. Sous quel signe placez-vous votre mandat et quels en seront les grands axes?
Nous plaçons ce mandat sous le signe de l’apaisement des cœurs. L’arrondissement 4 a tant souffert. Il est temps, pour tous les acteurs, de se tourner résolument vers les chantiers de développement pour l’intérêt de l’ensemble de la population.
Le tout premier point va donc consister en des actions tendant à l’apaisement des cœurs pour concilier les fils et filles de l’arrondissement 4. Après cette étape qui est capitale, nous allons nous tourner vers les chantiers de développement. De grands chantiers existent parmi lesquels la question du foncier qui a créé beaucoup de remous au sein de la population ; et je crois que nous devons travailler à assainir ce volet. A cela s’ajoute la question de la voirie qui constitue aussi un grand chantier. En saison des pluies, l’arrondissement 4 n’est pas très fréquentable. Nous devons travailler à insérer dans le grand programme du Conseil municipal de la ville de Ouagadougou les questions de santé et d’éducation.
Les questions de coupure d’eau sont récurrentes dans votre arrondissement. Quelle solution comptez-vous proposer pour résoudre ce problème ?
Dès que nous serons à la tête de la mairie à nouveau, ce sera un de nos chantiers. Prenez l’exemple du village de Polesgo. Dans cette zone, les gens devaient quitter l’arrondissement pour s’approvisionner en eau dans d’autres arrondissements. D’autres aussi quittaient le secteur 20 pour aller chercher de l’eau dans d’autres secteurs. Mais les quelques 7 mois que nous avons passés à la tête de la mairie nous ont permis de résoudre partiellement cette question. Ce sont des problèmes qui ont toujours existé et nous avons cherché à comprendre. Je sais que l’arrondissement abrite des châteaux d’eau ; on peut consulter l’ONEA pour voir si c’est une question de connexion pour qu’elle puisse la résoudre si c’est le cas. Comme le dit un proverbe africain, « on ne peut dormir avec un cadavre et regarder les gens pleurer avant soi ».
Il existe également un problème foncier au sein de votre arrondissement. Que comptez-vous faire à ce sujet ?
Je prends l’engagement de relever ce défi. C’est une question de gestion transparente ; il n’y a pas d’autre secret. Là où ça ne va pas, il faut le dire. Là où c’est possible de trouver des solutions, il faut également le dire. La population veut simplement la vérité. S’il n’y a plus de place, il faut le dire car les limites de l’arrondissement ne sont pas extensibles. Mais nous avons la chance que l’arrondissement 4 possède toujours des domaines que l’on peut aménager. Je suis natif de l’arrondissement et je suis dans le virage de la cinquantaine ; je connais donc les réalités. Nous faisons frontières avec Loumbila, Pabré, Yagma. Si ce sont les problèmes fonciers, le Conseil municipal va y réfléchir et proposer des solutions. Je pense que nous y arriverons.
Pensez-vous avoir les coudées franches pour travailler à relever tous ces défis?
J’en suis convaincu. Sur les 20 sièges à pourvoir, l’ODT en a 14. Je pense qu’avec ces 14 conseillers, nous sommes à même de pouvoir travailler ; mais cela ne suffit pas. Nous tendons la main à tous les acteurs car il n’est pas question pour nous d’éclipser qui que ce soit. Tous les fils et filles de l’arrondissement doivent mettre la main à la pâte pour que tout puisse fonctionner comme nous le souhaitons.
Après les élections, tous les conseillers, que ce soit de l’ODT où des autres partis, sont tous des élus au même titre. Par conséquent, c’est un appel à l’ensemble des 20 conseillers, de tous les acteurs, afin qu’ils s’impliquent véritablement dans les chantiers de développement. Si l’on s’est fait élire, si l’on représente une population, il n’y a pas de raison que l’on ne s’implique pas pour le bien-être de cette population. J’ai tant souffert de l’exclusion que je n’aimerai pas la faire vivre à quelqu’un d’autre.
« J’ai quitté le CDP pour l’ODT par prise de position »
Vous parlez d’exclusion ; qu’entendez-vous par cette expression ?
Les acteurs du passé mettaient l’accent sur l’exclusion. Si vous ne partagez pas leur point de vue, il n’était pas question d’échanger avec eux. Si quelqu’un n’approuvait pas ce qu’ils faisaient ou ne les accompagnait pas dans leurs actions, il était mis de côté. Je pense que cet esprit n’est pas constructif. Certains élus ne participaient pas au Conseil municipal. Il y a eu des décisions qui ont été prises, des zones qui ont été morcelées sans qu’un élu ne soit informé. Ce sont ces problèmes qui nous ont amenés à des élections à répétition.
Certains partis comme l’UPC ont perdu des conseillers à l’issue de ces partielles. Quelle est, selon vous, la raison de ce revirement ?
Cela dépend des actions que les gens ont posées durant le laps de temps écoulé entre les élections. Si vous passez votre temps à trahir, c’est la conséquence. La conseillère de l’UPC qui nous a pratiquement mis dans ces difficultés se retrouve, quelques jours après, représentant le CDP. Pensez-vous que cette population, qui n’est pas dupe, va continuer à cautionner des gens qui n’ont pas, à la limite, de décision claire ? Je ne pense pas.
En fait, on avance des raisons du genre : « C’est parce qu’on ne m’a pas fait ceci ou cela », alors qu’en réalité, c’est tout autre chose. Lorsqu’on leur glisse deux billets de banque, ils oublient leur nom ou leur prénom. Je ne cite pas de parti, mais il y a certains responsables qui ne tiennent pas le bon bout. Je sais qu’à certains niveaux, ils ont également organisé pour des raisons diverses des élections primaires et certains n’ont pas eu la chance de passer. L’exemple que je vous ai donné est expressif. On ne peut pas être sur une liste et, sans démissionner, être sur la liste d’un autre parti, pour services rendus parce que vous avez trahi. Vous voulez que quelle population consciente, à l’instar des citoyens de l’arrondissement 4, puisse cautionner de tels agissements ? C’est impensable.
N’êtes-vous pas dans le même cas puisque vous avez quitté le CDP pour l’ODT ?
J’ai quitté le CDP pour l’ODT par prise de position. On adhère librement à un parti. Lorsqu’on estime que ce qui se passe dans le parti ne rencontre pas notre assentiment, lorsque vous vous rendez compte que vous n’êtes plus accepté et que vous ne regardez plus dans la même direction, il vous reste deux options : rejoindre votre domicile et y rester, ou aller voir ailleurs en estimant que vous pouvez vous y exprimer.
Pour le cas spécifique du CDP, j’ai été suspendu et j’ai demandé pardon. Mais mon pardon n’a pas été accepté, mon Conseil a été suspendu. On me dit de venir déposer ma liste alors que je suis suspendu. Où voulez-vous que j’aille ? Soit je reste à la maison, soit je vais ailleurs. J’ai estimé que je pouvais aller à l’ODT et je pense que la population m’a compris et accompagné. A mon avis, cela est aussi un message et je dis merci à la population d’avoir placé sa confiance en nous.
Propos recueillis par Sami Thierry SOU et Cathérine PILABRE
Légende :
1- Anatole Bonkoungou : « J’ai tant souffert de l’exclusion que je n’aimerai pas la faire vivre à quelqu’un d’autre» (Ph. E. K.)
2- Résoudre les questions d’eau et de lotissement sont les défis majeurs du nouveau maire de l’arrondissement 4 (Ph. E. K.)
3- Je pense qu’avec 14 conseillers, nous sommes à même de pouvoir travailler