HomeA la uneRETARDS DANS L’ADMINISTRATION PUBLIQUE : Les responsabilités sont partagées

RETARDS DANS L’ADMINISTRATION PUBLIQUE : Les responsabilités sont partagées


Le constat est de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC). Sur 17 ministères contrôlés en fin février, plus de 80% des agents arrivent en retard au service. Seuls quelques travailleurs se donnent la peine d’arriver à l’heure au bureau. En fait, l’ASCE-LC n’a fait qu’enfoncer  une porte déjà ouverte ; tant il est de notoriété publique que les retards constituent l’une des caractéristiques de l’Administration publique au Burkina.  Bien des travailleurs viennent à l’heure le jour où ils veulent. Les plus sérieux, pour ainsi dire, viennent pratiquement tous les jours mais désertent les bureaux dès qu’ils reçoivent un coup de fil d’un ami les invitant à venir boire une bière ou manger du porc au four vers 10h ou 11h. L’argument généralement invoqué par les uns et les autres, c’est que la Fonction publique n’est pas « le champ du papa  de quelqu’un ». C’est un champ collectif, et chacun a le droit de faire ce qu’il veut, convaincu qu’après les récoltes, les biens reviendront à toute la famille. Voyez-vous ? Il se pose un vrai problème de mentalité dans notre pays. Si fait que j’ai peur pour l’avenir de notre pays, si les choses ne changent pas. Il faut que les uns et les autres comprennent qu’aucun pays au monde ne peut se développer si ses filles et fils refusent de travailler. Si la Chine et le Japon ont atteint les niveaux de développement qui sont les leurs, c’est parce que Chinois et Japonais ont accepté de bosser. Mais nous, Burkinabè, voulons d’un pays développé, tout en passant notre temps à fainéantiser. Il faut que nous nous ressaisissions pendant qu’il est encore temps.

 

Il faut installer des dispositifs efficaces de contrôles automatiques

 

C’est à ce prix que nous pourrons avoir une Administration publique moderne et performante où ne dormiront plus dans les tiroirs, les dossiers des usagers.  Pour cela, commençons par combattre ensemble les retards. Je dis ensemble, parce que quand je regarde les causes avancées par l’ASCE-LC pour justifier les retards, j’ai envie de dire que les responsabilités sont partagées. Certes, je sais qu’il y a des agents publics qui rusent avec le travail si fait qu’ils ne sont jamais à l’heure au service et quand il arrive qu’ils soient au bureau, ils n’y foutent rien. Certains passent le temps à jouer aux cartes pendant que d’autres devisent sur les talents d’un joueur de Chelsea. D’autres ne viennent au service qu’une fois par semaine. Ce qui n’est pas normal. Il faut mettre fin à ce genre de pratiques si l’on ne veut pas que l’ivraie affecte le bon grain. A ce sujet, je pense qu’il faut installer des dispositifs efficaces de contrôles automatiques qui enregistreront les heures d’arrivée et de départ de chaque travailleur. Cela, je suis sûr, obligerait beaucoup à adopter de bonnes habitudes. Quant aux éventuels contrevenants, il faut leur opposer la rigueur de la loi en envisageant contre eux des sanctions dissuasives. Mais pour en arriver là, il faudra que l’autorité fasse sa part de chemin en palliant le manque de bureaux et en trouvant une solution à certains problèmes comme le manque de toilettes fonctionnelles dans certains services et la non-définition de la durée de traitement des dossiers. Car, il est difficile de sévir contre un agent si on ne le met pas dans des conditions objectives de travail. On ne peut donc pas demander aux gens d’être ponctuels et assidus alors qu’ils travaillent dans la précarité.

 

 

« Le Fou »


No Comments

Leave A Comment