RETOUR AGITE DE MARC RAVALOMANANA A MADAGASCAR :TGV se frotte les mains
La situation politique à Madagascar est-elle en train d’entrer dans une nouvelle zone de turbulences ? En tout cas, de gros nuages sombres s’amoncellent dans le ciel de la Grande Île, depuis le retour de l’ancien président, Marc Ravalomanana au bercail. On se rappelle en effet que Marc Ravalomanana, éjecté du pouvoir par Andry Rajoelina, surnommé le TGV, vivait depuis lors en exil en Afrique du Sud. Rentré il y a seulement 4 jours, Marc Ravalomanana qui était dans le collimateur de la Justice de son pays, a immédiatement été arrêté et conduit en résidence surveillée. Il n’en fallait pas plus pour réveiller les vieux démons de la Grande Île : invectives, violence verbale, rassemblements de partisans ont à nouveau repris droit cité à Antananarivo, la capitale malgache. Autant de signaux négatifs qui mettent en péril la fragile paix sociale.
L’alliance entre le nouveau président, Héry et la formation politique de Ravalomanana, n’était qu’une alliance de circonstance
Décidément, ce retour de Marc Ravalomanana semble rassembler tous les ingrédients pour que la chienlit se réinstalle dans ce pays. La Grande Île saura-t-elle résister aux sirènes de la violence ? Rien n’est moins sûr. En attendant, les Malgaches retiennent à nouveau leur souffle. Avec ce retour agité de Ravalomanana, beaucoup de Malgaches en viennent à se demander si l’histoire n’est pas en train de donner raison à TGV, l’ennemi intime de Ravalomanana, qui s’était employé par tous les moyens à rendre impossible le retour de son ennemi juré.
On savait bien que l’alliance entre le nouveau président, Héry et la formation politique de Ravalomanana, n’était qu’une alliance de circonstance. Un mariage de raison qui devait permettre d’éloigner définitivement du pouvoir, le sulfureux et intrépide Andry Rajoelina, dit TGV. Beaucoup d’observateurs de la scène politique malgache ne prédisaient d’ailleurs pas longue vie à cette union, d’autant plus qu’autour de Héry, se trouvaient à la fois les députés du parti de Ravalomanana et ceux qui, n’arrivant pas à s’accommoder de la vitesse de TGV, avaient simplement décroché de son parti pour soutenir le nouvel élu. Dans tous les cas, ce mariage a permis jusque-là, à la Grande Île, de rompre avec la crise sociale, ponctuée de violences, d’enlèvements et d’assassinats, bref il a permis à la Grande Île de tourner un temps, le dos à la chienlit. Et maintenant, que va-t-il se passer ? Autrement dit, à quoi les Malgaches doivent-ils s’attendre dans les jours à venir, après le retour de Ravalomanana ?
Sur le plan politique, il faut s’attendre à une réorganisation du paysage politique avec l’émergence de nouvelles forces sur le terrain. Cela a d’ailleurs déjà commencé par la déclaration des députés pro-Ravalomanana, qui ont annoncé dès mardi leur retrait de la mouvance présidentielle et leur « basculement dans l’opposition ». Pour ces députés qui considèrent l’arrestation de leur mentor comme un enlèvement, il n’est plus possible de soutenir le président Hery.
Sur le plan social, il faut craindre un retour de la violence et de l’instabilité
Une volte-face dont se délecte certainement TGV, qui semble être le grand gagnant de ce retour mouvementé de Ravalomanana. D’ailleurs, ses fidèles estiment que l’arrestation de Ravalomanana a trop tardé. Selon eux, l’ancien président aurait dû être arrêté dès sa descente d’avion.
Au finish, le président Héry verra donc sa marge de manœuvre se réduire, lui qui est à présent pris entre le marteau de Ravalomanana et l’enclume de TGV. C’est dire que ce sont des lendemains chargés d’incertitudes qui attendent les Malgaches.
Sur le plan social, il faut craindre un retour de la violence et de l’instabilité provoqué par les coups de boutoir de la nouvelle opposition et les réponses du pouvoir à cette charge de ses anciens amis. On ne serait donc pas surpris que les artères de Antananarivo se transforment en de nouveaux champs de bataille entre partisans et opposants au régime.
Les conséquences de ces turbulences politiques et sociales affecteront inévitablement le secteur économique qu’une décennie de bataille politique avait déjà réduit à sa plus simple expression. Face à ce risque de retour à la case départ, comment ne pas reconnaître avec certains Malgaches, dépités, que l’histoire est en train de donner raison à celui que la coalition Héry – Ravalomanana avait réussi à présenter comme le diable de la Grande Île ?
Dieudonné MAKIENI