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RETOUR DE L’OPPOSITION AU DIALOGUE POLITIQUE


Le cadre de concertation de l’Opposition politique était en réunion le 5 janvier dernier. A cette occasion, l’Opposition politique a décidé de la levée de la suspension de sa participation au Conseil national d’orientation et de suivi et au Comité de suivi et de mise en œuvre des recommandations du dialogue politique. En rappel, l’Opposition politique avait suspendu sa participation à toutes ces instances pour protester contre la dégradation de la situation sécuritaire et la manière dont le régime Roch Marc Christian Kaboré gérait la question. L’Opposition politique motive son retour au dialogue politique  en invoquant deux principales raisons. La première est qu’elle a été approchée non seulement par des autorités coutumières et religieuses, mais aussi par des personnalités politiques, en l’occurrence le ministre d’Etat en charge de la réconciliation nationale et le Médiateur du Faso. Le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) a donc levé sa suspension « en considération de la qualité et de l’insistance des requérants ». L’autre raison du retour de l’opposition politique au dialogue avec les instances gouvernementales, est liée, selon elle, à sa volonté de «  donner plus de chances au processus de réconciliation nationale ». L’on peut d’abord rendre hommage à toutes ces autorités coutumières et religieuses qui se sont investies pour que l’Opposition politique reprenne langue avec le pouvoir. Car, en démocratie, l’opposition et le pouvoir ne sont pas des ennemis mais des adversaires. De ce point de vue, ils ne doivent pas s’installer dans une position où ils ne se parlent pas, où ils ne dialoguent pas. Même dans une guerre, les protagonistes finissent très souvent par se parler pour trouver une solution à leur problème.

 

            Toute approche politicienne de la question de la réconciliation, ne peut être productive dans la durée

L’on peut aussi saluer le fait que l’opposition a accepté l’invite de ces autorités morales et politiques à revenir au dialogue politique. Car, en le faisant, elle a fait sa part de chemin vers la concorde nationale. De ce fait, elle renvoie la balle dans le camp du pouvoir, quitte à lui de faire en sorte que les raisons qui avaient conduit l’opposition à claquer la porte du dialogue politique, ne se reproduisent plus. D’ailleurs, l’opposition a assorti sa décision de renouer avec le pouvoir, de cette condition. Pour revenir à la deuxième raison qui a motivé l’opposition à reprendre langue avec le pouvoir, c’est-à-dire son souci de faciliter la réconciliation nationale, on peut l’encourager à s’engager pleinement dans ce chantier. Car, de la résolution de cette problématique dépendra, en partie, la capacité du Burkina à relever le défi de la lutte contre le terrorisme. En tout cas, bien des Burkinabè en général et de partis politiques en particulier, en ont la conviction. D’ailleurs, le pouvoir de Roch en a fait l’une de ses priorités. Cela, le président l’a dit à l’occasion de son adresse à la Nation, à l’occasion du nouvel an. Et son Premier ministre, Lassina Zerbo, a évoqué  la question récemment devant l’Assemblée nationale, à l’occasion de sa Déclaration de politique générale. Comme par bonheur, l’annonce de l’opposition de retourner au dialogue politique, a coïncidé avec cet événement. Le Premier ministre, lui- même, séance tenante, a apprécié. De ce point de vue, l’on peut dire que le pouvoir et l’opposition partagent la même préoccupation. Mais l’on peut douter que les deux entités aient la même compréhension de la problématique et surtout de la méthodologie à mettre en œuvre pour y arriver.   Pour être plus explicite, on peut avoir l’impression que pour les uns, la réconciliation qu’ils appellent de leurs vœux, pourrait consister à organiser le retour de « l’exilé d’Abidjan » et à lui garantir une retraite paisible à l’abri des tracas judiciaires. Pour les autres, la réconciliation doit passer obligatoirement par la case Justice. En tout état de cause, il reste entendu que toute approche politicienne de la question de la réconciliation, ne peut être productive dans la durée. Car, on ne ferait que résoudre des questions conjoncturelles. Par contre, une approche structurelle de la question, qui prend véritablement en compte les intérêts du pays, pourra apaiser dans la durée, les cœurs meurtris et favoriser le cheminement collectif  vers la réconciliation nationale. En outre, un processus de réconciliation qui passerait par pertes et profits les crimes de sang et crimes économiques commis respectivement sous les régimes Compaoré et Kaboré, pourrait être perçu par le peuple burkinabè, comme une entente entre politiciens pour préserver des intérêts égoïstes. Certains anciens militants du CDP devenus aujourd’hui militants du MPP et certains militants du CDP pourraient être impliqués dans certains crimes économiques. Voici, peut-on dire, toute la difficulté d’envisager une approche de la réconciliation qui prenne en compte les grands préjudices causés aux individus, aux communautés et au pays. Le retour donc de l’opposition au dialogue politique, dans la perspective de donner plus de chances au processus de réconciliation nationale, est une bonne chose. Mais pourvu que cela serve véritablement les intérêts du peuple burkinabè. Et c’est tout le mal que l’on puisse  souhaiter aux deux entités.

 

                                                                                  Sidzabda

 

 


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