RETOUR DE PAULO DUARTE A LA TETE DES ETALONS : Seuls comptent les résultats
A peine la Fédération burkinabè de football (FBF) a-t-elle officialisé l’annonce de la rupture à l’amiable du contrat qu’elle avait avec l’entraîneur des Etalons, le Franco-allemand Gernot Rohr, la semaine écoulée, qu’elle faisait état de négociations avec Paulo Duarte pour remplacer le successeur de Paul Put à la tête du Onze national. Et avant que le public sportif burkinabè ne se remette de sa surprise, un communiqué de l’instance dirigeante du football burkinabè confirmait, dans la foulée, le retour officiel du Portugais à la tête de l’encadrement technique des Etalons. Les choses sont allées si rapidement que l’on se demande ce qui a fait courir si vite la fédération. Si l’on ne peut reprocher au patron de la faîtière du football national son souci de ne pas laisser vacant le poste de sélectionneur national, eu égard aux échéances importantes qui attendent notre équipe nationale qui n’est pas au mieux de sa forme depuis quelque temps, l’on peut se demander ce qui urgeait tant pour que l’enrôlement de Paulo Duarte se fît quasiment au moment même où les Burkinabè étaient captivés par l’investiture du nouveau président élu, Roch Marc Christian Kaboré. Quand on sait que, généralement, pour des questions financières, l’avis du ministre des Sports et des loisirs compte dans le choix de l’entraîneur national, beaucoup de supporters se demandent encore ce qui empêchait d’attendre la mise en place d’un nouveau gouvernement qui ne saurait tarder, d’autant plus que la prochaine sortie du Onze national n’est pas prévue avant le mois de mars 2016. Même si ces supporters se doutent bien que ce n’est pas demain la veille que l’omerta qui entoure le traitement salarial des entraîneurs sera levée. En tout cas, pour une question de stabilité, il faut espérer que le prochain ministre des Sports et des loisirs ne viendra pas remettre en cause ce choix de la FBF. Mais en attendant, ce retour de Paulo Duarte ne manque pas de faire jaser notamment dans les milieux sportifs burkinabè.
Convoler en secondes noces après un divorce tonitruant peut paraître incompréhensible
D’autant plus que les Burkinabè n’ont pas oublié la manière dont le technicien portugais avait été remercié pour ses résultats médiocres à la CAN 2012 en Guinée équatoriale, après un parcours pourtant réussi lors de joutes antérieures, qui lui avait valu une certaine notoriété au pays des Hommes intègres où il compte encore de nombreux fans. Sorti par la petite porte, Duarte pourrait donc reconquérir le cœur des Burkinabè. Pour cela, il faudrait que les résultats suivent sur le terrain et que le Onze national fasse rêver le public sportif par un football chatoyant et convaincant. A défaut, le technicien portugais et son employeur devraient encore essuyer les foudres du public sportif qui les attend au tournant. D’autant plus que si l’on en croit certains témoignages, l’une des raisons qui avaient valu à Duarte son divorce d’avec les Etalons, serait son manque d’emprise sur un vestiaire dont certains des cadres n’étaient plus en odeur de sainteté avec lui. Or, sauf erreur ou omission de notre part, en dehors de Moumouni Dagano et de Mahamadou Kéré, bien des joueurs qui constituaient l’ossature de l’équipe de Duarte sont toujours en service. Toutefois, l’on peut positiver. Car, le football a ceci de magique que c’est un monde en perpétuel mouvement. Mouvement des joueurs, mouvement des entraîneurs. Et Duarte n’est pas le premier entraîneur au monde à revenir reprendre du service auprès d’une sélection de laquelle il avait été viré. Certes, pour bien des non-avertis du ballon rond, convoler en secondes noces après un divorce tonitruant peut paraître incompréhensible. Mais en football, cela est monnaie courante, même au plus haut niveau. Seul le résultat compte. Et comme le dit si bien un proverbe africain, « il n’y a pas de honte à retourner à ses anciennes amours ; seulement, la liste de ceux qui auront connu ta nudité peut s’allonger dramatiquement ». Aussi, si, comme le dit l’adage, « les défaites d’hier peuvent annoncer les succès de demain », il faut espérer qu’après cet intermède de trois ans où chacun est allé voir s’il y a mieux ailleurs, le retour de Paulo Duarte à la tête des Etalons soit un retour gagnant pour le bonheur du football burkinabè. En tout cas, le chemin pour Duarte et son employeur pour reconquérir le cœur des Burkinabè est connu : la victoire et le beau jeu. Et comme Duarte a aussi l’avantage de connaître le milieu du football burkinabè, ses acteurs en dehors et sur le terrain, il lui revient de faire son autocritique et de travailler à ne pas répéter les erreurs du passé. Réussira-t-il à relever le challenge ? Wait and see.
Outélé KEITA