Retour du Cardinal Philippe Ouédraogo
Grâce exceptionnelle, accueil exceptionnel
Cardinal Philippe Ouédraogo ! Deuxième cardinal après le cardinal Paul Zoungrana qui a régné de 1965 à 2000. Il a été créé Cardinal le 12 janvier dernier et investi le 22 février 2014. L’Eglise-famille de Dieu au Burkina est en liesse. Le retour dans son archidiocèse, le jeudi 27 février 2014, à bord de l’avion d’Air France restera inoubliable. Retour sur cette soirée particulière.
Grâce exceptionnelle, accueil exceptionnel ! Toute l’Eglise- famille de Dieu à Ouagadougou et au Burkina était en liesse, hier 27 février 2014. Il était 17h 50mn quand l’avion d’Air France se posait sur le tarmac de l’aéroport international de Ouagadougou. Il avait à son bord un passager de référence pour l’Eglise catholique : Son Eminence Philippe Cardinal Ouédraogo de retour du Saint Siège où il a été installé officiellement cardinal le 22 février dernier. L’avion s’immobilise, des représentants de l’Eglise catholique, avec à leur tête le nonce apostolique, Mgr Vito Ralo, montent accueillir le tout nouveau cardinal du Burkina Faso. Au pied de l’avion, d’autres personnalités du Burkina Faso attendent. On pouvait reconnaître, entre autres, le ministre de l’Administration territoriale et de la sécurité, Jérôme Bougouma, le président de la CENI, Me Barthélémy Kéré, le conseiller du président du Faso, François Compoaré, le président du parti Le Faso autrement, Ablassé Ouédraogo.
Cardinal Philippe Ouédraogo descend de l’avion. Des bénédictions «cardinalales» pleuvent sur l’aéroport et ses occupants. Il serre les mains de tous ceux qui l’attendaient sur le tarmac, puis direction le salon ministériel pour un bref entretien. Et le cardinal de s’adresser aux journalistes en ces termes : « Je tiens à remercier tout ce beau monde qui est là, les membres du gouvernement, les évêques, tout le peuple de Dieu ici représenté. C’est formidable. L’Eglise est une famille, le Burkina Faso est une famille. Je rends grâce au Seigneur et je remercie les uns et les autres. L’essentiel du message du Saint Père, c’est qu’il nous appelle à être des collaborateurs, à être une famille. Et pour nous acquitter de cette mission, il nous faut revêtir les vertus et les sentiments nécessaires. A l’angelus du dimanche dernier, il a lancé une petite phrase très forte. Il a demandé à tous les cardinaux d’être de bons serviteurs et pas de bons patrons. C’est un message très fort pour les cardinaux, pour tous ceux qui servent le peuple de Dieu et tous ceux qui servent la société tout court. C’est dans ce sens que nous allons essayer d’être des collaborateurs fidèles du Saint Père, de lui apporter ce que nous pouvons lui apporter dans sa mission au service de l’Eglise universelle. »
Les évêques n’ont pas marchandé leur déplacement de Ouagadougou pour accueillir Son Eminence Philippe Cardinal Ouédraogo : ceux de Bobo-Dioulasso, Kaya, Koudougou, Fada N’Gourma, Manga, Gaoua, Ouahigouya, l’archevêque émérite de Ouagadougou, Mgr Jean- Marie Untaani Compaoré, l’archevêque auxiliaire, Mgr Léopold Ouédraogo. Les sœurs de l’Eglise famille, pour montrer leur joie d’accueillir le cardinal, rendaient grâce au Seigneur par des chants. A l’issue de son entretien avec la presse, la foule nombreuse qui attendait dans la cour de l’aéroport a pu enfin apercevoir le cardinal. Après ce bain de foule, direction la Cathédrale. La cour de la cathédrale s’est révélée trop petite pour accueillir le 2e cardinal du Burkina. Il est 18h 37mn lorsque celui qu’on attendait arriva sous des acclamations nourries qu’accompagnait un orchestre. Délire dans la cathédrale ! Chants et danses ! Cardinal Philippe Ouédraogo lâche une colombe blanche dans le ciel de son archidiocèse. Les fidèles ne pouvaient contenir leur joie. Après le mot du représentant du Conseil diocésain des laïcs qui a souhaité la bienvenue au nouveau cardinal, ce dernier entre dans l’Eglise.
Le « fils » du cardinal devenu cardinal
Là également, archevêques, évêques, prêtres, religieux et religieuses, catéchistes, laïcs étaient mobilisés. Sur le premier banc de l’église, on reconnaît le président de la CENI, le ministre de l’Habitat et de l’urbanisme, Yacouba Barry, le Général Gilbert Diendéré. Le nouveau cardinal se dirige tout droit vers le saint sacrement pour se recueillir. Puis, le voilà sur la tombe de feu cardinal Paul Zoungrana, enterré à l’intérieur de la cathédrale. Il s’y incline avant de confier un peu plus tard ceci : «En 35 ans, le cardinal Paul Zoungrana a tracé des sillons. Il n’est pas étranger à la nomination d’un 2e cardinal ». Et on se souvient que, quand le cardinal Paul Zoungrana allait rendre visite au petit séminariste Philippe Ouédraogo, ce dernier était en classe de 5e . L’enfant du cardinal est devenu cardinal ! Œuvre de Dieu ! L’enfant a grandi ; il a 69 ans. L’Evêque auxiliaire, Mgr Léopold Ouédraogo, est tout joyeux quand il prend la parole : « Il y a si longtemps que nous attendions un autre cardinal de la trempe du 1er cardinal. Eminence, nous vous exprimons notre fierté de vous savoir choisi par le Saint Père ». Puis il continue dans un mooré soutenu et profond à donner le délire, surtout quand il lance à propos du nouveau cardinal : « sanmateng gandaogo ! » (L’homme fort de Sanmatenga !). A sa suite, le nonce apostolique a rendu grâce au Seigneur pour cette grâce qu’il a qualifiée d’«évènement de grande portée ecclésiale».
Il est 19h 25 quand, accueilli dans une ambiance féérique, le cardinal Philippe Ouédraogo demande à ses fidèles : «Priez pour moi afin que je ne me dérobe jamais, par peur ou par négligence, de ma mission». Une soirée inoubliable pour un cardinal humble, pieux et serviable ! L’émotion était au rendez-vous, surtout quand la fanfare Sainte Cécile de la paroisse cathédrale accompagne les youyous de ses trompettes. En attendant de se retrouver ce 2 mars à Yagma pour une grande action de grâce, le nouveau cardinal a eu une pensée pour les autres confessions religieuses à qui il a dit toute son amitié et sa solidarité. Et vint la bénédiction finale que personne ne voulait rater. Fin ! Il est 19h 49 et le Cardinal quitte l’Eglise sous escorte de la Police municipale qui a eu du mal à contenir la foule. Dès lors, place a été faite à un concert live d’artistes chrétiens.
Alexandre Le Grand ROUAMBA et Christine SAWADOGO
Légende :
1 – Son Eminence Philippe Cardinal Ouédraogo en compagnie du nonce apostolique, à sa descente d’avion (Ph. M. Nagabila)
2 – Ils étaient nombreux à venir accueillir le cardinal (Ph. M. Nagabila)
3 – Son Eminence Philippe Cardinal Ouédraogo : « Je rends grâce au Seigneur et je remercie les uns et les autres » (Ph. M. Nagabila)
ENCADRE
Journalistes fâchés
Pour cet événement majeur, nombreux étaient les journalistes à se mobiliser pour relayer l’information aux téléspectateurs, aux auditeurs et aux lecteurs des différents médias. Les émotions, bonnes et mauvaises ; des journalistes étaient, à la limite, fâchés, après le départ du cardinal. La raison est bien simple. Déjà sur le tarmac, nombreux étaient les preneurs d’images qui n’ont pas pu s’approcher de l’avion. Et lorsque ceux-ci ont voulu parler, ils se sont purement et simplement entendus dire : « La presse désignée pour aller au pied de l’avion est déjà sur place». Les autres devaient donc attendre là et rater l’essentiel des images. Au moment de l’interview également, des journalistes ont purement et simplement été empêchés de faire correctement leur travail. Le protocole n’ayant pas autorisé tous ceux qui étaient là, à la recherche de l’information, à approcher le cardinal pour recueillir ses propos. Information que nous avons attendue de 15h à 17h 55 pour être sûrs de l’avoir. Après de dures négociations avec la sécurité, il fallait présenter la carte de presse pour accéder à la salle où se déroulait l’interview. Inutile de préciser qu’après tout ce protocole il était normal que nous rations l’entretien. Il a fallu donc recourir à la caméra d’un confrère pour piquer le son. Heureusement que la solidarité de corps tient toujours la route.