RETOUR DU PRESIDENT MALIEN APRES UNE OPERATION MEDICALE EN FRANCE : IBK n’aura pas une convalescence de tout repos
Opéré, selon un communiqué officiel, «d’une tumeur bénigne des glandes parathyroïdiennes dont le traitement fait l’objet d’une routine médicale bien maîtrisée, le 12 avril dernier» en France, le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, est rentré le week-end dernier à Bamako. Et à en croire le patient lui-même, l’intervention s’est passée pour le mieux du monde et il se porte à présent « à merveille ». En effet, pour une opération qui dure généralement trois heures d’horloge et qui s’est passée en une heure et quart, qui plus est, sans aucune suite post-opératoire selon Kankélétigui lui-même, que peut-on dire d’autre que Al hamdoulilaye !, en guise de remerciement au Ciel ! Pour rassurant que soit ce communiqué, l’on peut, au passage, saluer la disposition à communiquer au plus haut sommet de l’Etat, sur l’état de santé du président, pour ne pas laisser libre cours aux rumeurs. Car, IBK est, avant tout, le président de tous les Maliens. C’est aussi pour cela que l’on ne saurait passer sous silence l’élégance de la démarche de l’opposition malienne qui a su montrer toute sa solidarité et sa compassion au chef de l’Etat dans des moments aussi difficiles, en annulant une marche de protestation qu’elle avait pourtant planifiée à l’avance. C’est une forme de solidarité positive qui relève d’une certaine attitude typiquement africaine, qui veut que l’on ne s’acharne pas outre mesure sur un malade, fût-il son pire ennemi. Mais au passage, l’on peut déplorer le fait que comme beaucoup de ses pairs africains, IBK ne mette pas l’expertise médicale nationale à l’honneur en faisant confiance à des praticiens maliens, pour autant que le plateau technique s’y prête. En cela, lui et ses pairs africains auront plusieurs fois manqué l’occasion de montrer leur proximité avec leur peuple. Car, en préférant s’en remettre aux « mains expertes des » toubibs blancs, ils renvoient sans peut-être le savoir, une image quelque peu dévalorisante des médecins africains qui, pourtant, sont le dernier recours des populations quand tout va mal.
L’opposition n’attend que le moment opportun pour se faire entendre
Quoi qu’il en soit, si IBK est à présent en pleine forme, c’est tant mieux. Car, après cette petite parenthèse médicale, il renoue avec les cruelles réalités du Mali. IBK retrouve donc la terre de ses ancêtres avec tous ses problèmes dont certains se sont peut-être corsés davantage. Car, en son absence, le pays n’a pas arrêté de tourner et a même été secoué. Notamment avec les récents rapts suivis de libération de travailleurs de la Croix-Rouge dans le septentrion malien dont l’épineuse question de résolution de la crise se pose toujours avec acuité. Surtout avec les rebondissements et autres retournements de veste pas toujours compréhensibles de la part de certains acteurs majeurs de la crise, au moment où les soldats de la paix eux-mêmes n’en finissent pas d’enregistrer des pertes en leur sein. Sans compter la traque des djihadistes et autres terroristes de tout poil dont certains ont récemment été alpagués par les forces de défense et de sécurité, au moment où ils s’apprêtaient à commettre d’autres attentats. C’est donc peu de dire que ce retour aux affaires ne sera pas une convalescence de tout repos pour le locataire du palais de Koulouba. Et s’il a une santé fragile, cela pourrait lui rendre la tâche encore plus difficile. Il faut donc espérer que IBK se porte vraiment comme un charme et que ses problèmes de santé ne viendront pas en rajouter à la complexité d’une situation sociopolitique déjà difficile avec les questions sécuritaires et économiques, sans oublier que l’opposition n’attend certainement que le moment opportun pour se faire entendre. Ne serait-ce que pour cela, IBK a besoin de toutes ses forces, aussi bien physiques que mentales. Autrement, il risque de repartir plus tôt que prévu pour d’autres soins. Mais cela, on ne le lui souhaite pas.
Outélé KEITA