HomeA la uneRETRAIT DES TROUPES AMERICAINES DE LA RCA : La prière du funeste Joseph Kony exaucée  

RETRAIT DES TROUPES AMERICAINES DE LA RCA : La prière du funeste Joseph Kony exaucée  


 

Après avoir traqué, pendant six ans, Joseph Kony, le chef des rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), sans pouvoir le débusquer, les militaires américains sont sur le point de lâcher prise. En effet, les Etats-Unis décident de mettre fin à leur intervention dans la lutte contre la LRA qu’ils ont assimilée, depuis 2001, à une organisation terroriste, en annonçant le début du retrait de leurs forces spéciales de la Centrafrique à partir d’hier, 26 avril 2017. Une information donnée une semaine plus tôt (le 20 avril dernier)  par le chef du commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM), le général Thomas Waldhauser. Ce qui n’est pas pour déplaire à ce fou religieux, Kony alias le messie sanglant qui, sans avoir besoin de le dire, accueillera cette nouvelle comme une prière exaucée. Il faut le rappeler, la rébellion de l’Armée de résistance du Seigneur réputée comme l’une des guérillas les plus brutales au monde, a commencé à sévir à partir de 1988 dans le Nord de l’Ouganda, avant d’étendre ses tentacules dans des pays voisins comme la Centrafrique où elle est supposée prendre ses quartiers à l’Est du pays. Sous la férule du mystérieux seigneur de guerre, Joseph Kony, les sbires de la LRA, en plus de l’Ouganda, opèrent donc du Sud-Soudan à la République centrafricaine (RCA), en passant par la RDC, avec pour principal but de renverser le président ougandais, Yoweri Museveni, et d’installer un pouvoir théocratique fondé sur les principes de la Bible et des Dix Commandements.

Pour AFRICOM, les opérations contre la LRA étaient au troisième rang des priorités

Alors, traquée au départ par les troupes ougandaises déployées depuis 2009 dans la partie orientale de la Centrafrique, la LRA a dû résister aux différents coups de boutoir renforcés par le déploiement des forces spéciales américaines en 2011. Cette intervention dans la lutte contre cette rébellion ougandaise, est considérée comme la plus importante opération militaire des Etats-Unis en Afrique, depuis le raid somalien en 1993, qui s’est soldé par un échec total. En décidant de mettre les mains dans le cambouis, l’Administration Obama, en son temps, avait soutenu que cela procédait d’un ensemble de facteurs dont les hostilités de la LRA au régime ougandais pourtant considéré comme étant le premier partenaire régional des Etats-Unis, les risques d’instabilité régionale, les atrocités de cette rébellion comme les massacres de civils, les viols et mutilations de femmes, les enrôlements forcés d’enfants. Pour AFRICOM, les opérations contre la LRA étaient au troisième rang des priorités après les efforts de contre-terrorisme dans cette région des Grands Lacs. Et la priorité de l’action américaine était la localisation et la capture des commandants de la LRA. En effet, l’élimination de Joseph Kony et de ses lieutenants serait la meilleure manière de détruire le groupe et d’empêcher sa reconstitution, dans la mesure où la LRA est perçue comme une organisation qui n’a plus qu’une centaine de combattants et sans assise populaire. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le déploiement des troupes américaines avait réduit considérablement les assauts des sicaires de la LRA et un de ses trois principaux dirigeants, à savoir Dominic  Ongwen, a été arrêté et transféré à la Cour pénale internationale (CPI) en janvier 2015. Si l’Administration Obama s’est quelque peu réjouie de ce bilan à mi-parcours dans la lutte contre Joseph Kony et sa bande, tout en considérant que l’engagement de Forces spéciales en appui des armées locales apparaît ainsi comme une caractéristique de la posture américaine sur le continent qui tend à rassurer les partenaires sur les bonnes intentions de Washington de traiter les problèmes africains à la manière africaine, le nouveau locataire du Capitole, Donald Trump, lui, semble plutôt s’inquiéter pour la poche du contribuable américain.

La décision de retrait des troupes américaines n’étonne  pas

Ce d’autant plus que selon les estimations d’AFRICOM, la participation américaine pour ne pas dire “l’effort de guerre” dans la traque de la LRA, aurait coûté 780 millions de dollars en six ans. Ce qui est considéré comme cher payé par la nouvelle administration américaine qui estime d’ailleurs que la LRA n’a jamais porté atteinte aux intérêts américains. Dans la foulée de son investiture, le nouvel homme fort de l’Amérique n’avait pas caché sa volonté de privilégier d’abord, en toutes circonstances, les intérêts de son pays sous ce vocable “America first” (l’Amérique d’abord) ; ce qui n’avait pas manqué de faire frémir la planète entière. La décision de retrait des troupes américaines engagées dans la lutte contre la LRA en RCA, n’étonne donc pas, quand bien même elle suscite des inquiétudes quant à l’avenir de la Centrafrique qui est otage à la fois des guérilléros de Joseph Kony et des ex-Séléka qui continuent d’écumer l’Est du pays. Il faut donc craindre que cette fin des opérations américaines contre la LRA, qui coïncide avec le départ des troupes ougandaises qui étaient mandatées par l’Union africaine (UA), ne replonge la RCA dans l’instabilité, parce qu’il n’est pas exclu que le gourou ougandais de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) reprenne du poil de la bête. Urgence est donc signalée du côté de l’UA et des Nations unies si l’on ne veut pas que la Centrafrique, qui commence à peine à panser les plaies de la guerre civile,  renoue avec les vieux démons.

« Le Pays »


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