HomeA la uneREUNION D’EVALUATION DE L’ACCORD D’ALGER SUR LE MALI : La paix toujours si proche et si lointaine  

REUNION D’EVALUATION DE L’ACCORD D’ALGER SUR LE MALI : La paix toujours si proche et si lointaine  


 

Tels des patients qui vont à la rencontre de leur médecin traitant pour un contrôle de routine, les protagonistes de la crise malienne se sont retrouvés, hier 18 janvier, à Alger. Sous les auspices du président Abdel Aziz Bouteflika, cette rencontre devrait permettre d’évaluer la mise en œuvre de l’accord de paix d’Alger, signé il y a un peu plus de six mois. Autour de la table, on note la présence de représentants des groupes armés, les pays du champ, la MINUSMA, la CEDEAO, l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE) et l’Organisation de la coopération islamique. Et ce n’est pas tout. Car, on enregistre aussi de nouveaux invités, notamment les partenaires techniques et financiers avec à leur tête, le Canada et des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies dont la Chine et la Russie. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette rencontre d’Alger vaut son pesant d’or en ce sens qu’elle devra, en principe, permettre d’aplanir certaines divergences qui plombent l’application d’un accord de paix qui avait pourtant suscité beaucoup d’espoirs. Si fait que, tel un mirage, la paix apparaît toujours si proche et si lointaine, tant certains acteurs font preuve de mauvaise foi et d’insincérité notoires. En effet, alors que certains protagonistes ont fait l’option de la paix, il y en a qui, on ne sait pour quelle raison, ont décidé de ramer à contre-courant, installant le pays dans une instabilité chronique. Sont de ceux-là les irréductibles Amadou Koufa et Iyad Ag Ghaly qui continuent de défier Bamako en perpétrant des attaques isolées, histoire de créer la confusion au Nord-Mali. L’un d’entre eux, Ag Ghaly, pour ne pas le nommer, avait naguère remis en cause, en des termes on ne peut plus clairs, l’accord d’Alger au motif qu’il n’y a pas été associé.

Pour l’opposition, la formation du gouvernement actuel ne répond pas au souci de la réconciliation nationale

C’est à croire que le bout du tunnel est encore loin, si rien n’est fait, pour mettre hors d’état de nuire tous ces gredins qui, non seulement refusent de rentrer dans la République, mais aussi font dans la surenchère. Dans le cas d’espèce, l’idéal voudrait que tous les signataires de l’accord d’Alger puissent, à l’unisson, combattre les ennemis du Mali. Mais très vite, des groupes d’intérêt ont apparu, compliquant davantage les choses au point que, par moments, on n’y voit aucune lisibilité. Pour preuve, les différents groupes réunis au sein de la plateforme se sont divisés au fil du temps et tous estiment avoir le droit de participer aux discussions sur la mise en œuvre de l’accord d’Alger. Du coup, s’est encore posée la question de la représentativité des groupes armés ; cette vieille rengaine longtemps serinée, qui bloque toute avancée vers une paix durable et définitive. Or, à force de vouloir inclure tout le monde dans les négociations, la machine, déjà en panne, pourrait prendre du plomb dans la carrosserie, si elle ne se grippe pas pour toujours. C’est pourquoi on en est à se demander si dans un souci d’apaisement, le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) n’aurait pas été mieux inspiré s’il avait différé la formation de sa nouvelle équipe gouvernementale, le temps de connaître les conclusions de la présente rencontre d’Alger. En agissant ainsi, il aurait ôté tout argument politique à l’opposition pour qui la formation du gouvernement actuel ne répond pas au souci de la réconciliation nationale pourtant indispensable pour un Mali uni et prospère. Espérons donc que de retour d’Alger, tous les protagonistes maliens comprendront que ce qui les divise est bien moins important que ce qui les unit.

Boundi OUOBA


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