REVOCATION DE MAGISTRATS AU CONGO BRAZZAVILLE : Une opération de salubrité publique
« Obstruction à l’exécution de décisions de justice ; mise en liberté de personnes détenues à la maison d’arrêt contre paiement, à leur profit personnel, de sommes d’argent ; malversations financières, corruption et concussion », telles sont, entre autres, les « fautes graves » reprochées à sept magistrats congolais dont la révocation a été prononcée le 20 février dernier, au cours d’une session ordinaire du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) présidée par le président Denis Sassou NGuesso himself. Et ce n’est pas tout. Car, à cette longue liste, s’ajoutent des faits de « traitements inhumains et dégradants à l’égard des personnes sous main de justice, d’arrestations arbitraires sur fond d’abus d’autorité et de pouvoir ». Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en décidant de radier purement et simplement ces sept juges injustes, le CSM congolais fait œuvre utile. C’est une opération de salubrité publique qui devrait inspirer. Car, les magistrats ripoux et corrompus, il y en a à la pelle sous nos tropiques, si fait qu’à force d’entorses à l’éthique et à la déontologie professionnelles, ils ont fini par jeter un lourd discrédit sur l’appareil judiciaire. Et c’est peu dire, tant les faits parlent d’eux-mêmes. Du reste, on a vu au Burkina Faso, où l’intégrité devrait être une valeur théologale, des magistrats et des auxiliaires de justice qui se sont rendu coupables de graves manquements à l’éthique et à la déontologie. Si au Congo Brazza les sept magistrats indélicats ont été révoqués, au Burkina Faso, ils courent encore les rues quand ils ne narguent même pas à souhait leurs victimes. Comment, dans ces conditions, ne pas rendre un hommage appuyé à Denis Sassou NGuesso qui, quelque dictateur qu’il fût, montre là la voie à suivre ? Peut-être lui faudra-t-il un peu plus de courage pour aller jusqu’au bout de sa logique, puisque les corrompus, on le sait, ne se recrutent pas seulement au sein de l’appareil judiciaire.
L’on a envie de dire à Sassou de commencer par se remettre en cause
Lui-même, il faut le dire, n’est pas exempt de tout reproche. Car, son nom, tout comme ceux de ses proches pour ne pas dire son clan, revient régulièrement dans le scandale des « biens mal acquis » qui, on le sait, gêne aux entournures bien des dirigeants du continent africain. Cela dit, quand on sait que comme le dit l’adage, « le poisson pourrit par la tête », l’on a envie de dire au président Sassou de commencer lui-même par se remettre en cause, étant entendu que le microbe ne se développe qu’en terrain favorable. Car, si des magistrats ont osé fouler au pied les règles élémentaires de leur profession, c’est parce que le milieu leur offrait d’énormes facilités. C’est ceci donc qui pourrait expliquer cela. La vie est ainsi faite que chaque chose trouve une explication, pour peu qu’on la replace dans son contexte. De tout ce qui précède, l’on peut dire ceci à Sassou en guise de conclusion : la révocation de magistrats pour faits de corruption est bien, mais « ce n’est pas arrivé », pour reprendre une expression chère aux commerçants de chez nous, au Burkina.
B.O