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RIGOBERT NASSA, MAIRE ELU, A PROPOS DES TROUBLES A SABSE : « Pierre Célestin Zoungrana en est le responsable »


L’élection du maire de la commune rurale de Sabsé dans la province du Bam, qui s’est déroulée le lundi 20 juin 2016, a été interrompue par des manifestants alors que le processus se poursuivait. En effet, Rigobert Nassa du MPP a été élu maire avec 36 voix contre 33 pour son adversaire du NTD, Mahamoudou Pierre Célestin Zoungrana, et a suivi l’élection des deux premiers adjoints au maire avant que tout ne s’arrête. Et jusqu’à présent, le processus est bloqué puisque le Conseil municipal n’est pas au complet, donc ne peut être installé. Pour comprendre la situation qui prévaut dans cette commune rurale de Sabsé, nous avons rencontré à notre Rédaction, le jeudi 7 juillet 2016, le maire élu, Rigobert Nassa, qui est Intendant scolaire et universitaire actuellement directeur administratif et financier de l’Office central des examens et concours du secondaire (OCECOS).

 

« Le Pays » : Qu’est-ce qui explique que l’élection du maire de la commune de Sabsé ne soit pas allée jusqu’à son terme ?

 

Rigobert Nassa : Le 20 juin 2016, nous avions été convoqués par le préfet de Sabsé et les travaux se sont déroulés jusqu’à l’élection du maire, du premier et du deuxième adjoint au maire. Après cette étape, le parti NTD, par la voix de son porte-parole, André Ouédraogo, a remercié l’ensemble des conseillers et indiqué que ses camarades conseillers et lui, au nombre de trente-trois, se retireraient de la salle pour nous permettre de poursuivre les travaux parce qu’ils n’avaient plus intérêt à continuer avec nous. Ils sont tous sortis de la salle de même que le bureau d’âges dont les membres étaient tous du NTD. Nous avons fait constater les faits par le préfet et la sécurité. Et le préfet nous a autorisés à continuer. C’est lorsque nous étions sur le point de mettre en place un nouveau bureau d’âge que des manifestants, armés de bâtons, de barres de fer, de marteaux et que sais-je encore, ont fait irruption dans la salle scandant : « Tuez-les. Ce ne sera pas le MPP, si ce n’est pas Mahamoudou Pierre Célestin Zoungrana (candidat du NTD), ce n’est personne ». Dès lors, ils ont dispersé les conseillers MPP et UPC qui ont dû leur salut à la vitesse de leurs jambes et il y a eu trois blessés sérieux. Le processus s’est arrêté à ce niveau. Nous avons rappelé le préfet, après l’arrivée des Forces de l’ordre, pour poursuivre le processus d’élection. A l’issue de plusieurs négociations, le préfet a hésité en faisant savoir qu’il attendait les instructions de sa hiérarchie et jusqu’au soir rien n’a été fait. Il nous a renvoyés en nous promettant de nous convoquer une prochaine fois pour la suite des travaux.

 

Comment les manifestants ont-ils pu s’organiser aussi rapidement et est-ce qu’une enquête est menée pour situer les responsabilités ?

 

Les manifestants sont sortis de l’auberge de Mahamoudou Pierre Célestin Zoungrana située non loin de la mairie où se déroulait l’élection. Ce sont les militants ou sympathisants du NTD qui se retrouvaient en ce lieu et sont venus disperser les conseillers et se sont constitués par la suite en groupes au marché et s’attaquaient à tous sympathisants et militants du MPP et de l’UPC. Nous avons signalé cela au commissaire

de police qui s’est contenté de mentionner les faits mais, il n’y a eu aucune arrestation. Signalons que parmi les blessés, il y en a un qui a été poignardé au marché. C’est le mardi 5 juillet dernier qu’il y a eu une arrestation mais, c’était suite à une attaque à la machette contre un de nos militants sur la route du village de l’agressé et de l’agresseur.   

 

Où en êtes-vous alors pour la suite de ces travaux ?

 

Rien n’est fait jusqu’à présent. Nous avions été convoqués pour la suite des travaux le 28 juin et la veille, nous avons été joints au téléphone dans la nuit pour nous dire qu’ils ont été reportés. Nous avons tenté d’en savoir davantage en joignant Madame le haut-commissaire et c’est en ce moment que je me suis entendu dire que cela a été suspendu. J’ai demandé qu’est-ce qui a été suspendu et elle m’a dit que tout a été suspendu et depuis, nous sommes dans cette situation.

 

Doit-on affirmer que vous êtes le maire élu ou pas et quelles sont les démarches entreprises pour que les choses soient rétablies à Sabsé ?

 

Nous avons été aux élections que nous avons remportées donc, je suis en droit de dire que je suis le maire élu de Sabsé. A ce titre, nous avons engagé des démarches auprès de l’Administration. Au niveau du préfet, c’est l’attentisme, chez le haut-commissaire, on nous dit que tout est suspendu ou on attend toujours la hiérarchie. Nous sommes allés voir le gouverneur du Centre-Nord le 29 juin et nous avons été reçus par son secrétaire général. Nous avons exposé les faits et il nous est revenu là-bas que la population manifeste. Ce n’est pas la population qui manifeste mais, un groupe de manifestants que Mahamoudou Pierre Célestin Zoungrana a dû recruter, permettez-moi le terme, et qui étaient hébergés, nourris dans cette auberge depuis le 20 juin jusqu’à la fin du mois de juin. J’appelle ce groupe le « RSP » local de Mahamoudou Pierre Célestin Zoungrana et nous considérons que c’est lui qui a organisé les manifestations pour mettre à mal le processus des élections. Sinon, les élections ont prouvé que la population de Sabsé a porté son choix sur le MPP et, à travers le parti, à ma modeste personne. Il n’y a donc pas de raison qu’on ne puisse pas nous installer. Je suis formel que ce n’est pas la population mais, un groupe de personnes montées par Mahamoudou Pierre Célestin Zoungrana qui a perdu les élections.

 

Avez-vous des preuves de vos accusations vis-à-vis de votre adversaire Mahamoudou Pierre Célestin Zoungrana ?

 

A partir du moment où les manifestants sont cantonnés dans son auberge et c’est de là-bas qu’ils ont sorti leurs exactions, je suis formel qu’il en est responsable. J’estime que c’est une preuve.

 

Vous êtes donc un maire élu qui ne peut pas prendre fonction ?

 

Je suis un maire élu qui doit prendre fonction pour peu que l’Administration ne prenne pas partie. Je ne comprends pas pourquoi l’Administration, qui connait où se trouvent les fauteurs de trouble, ne prend pas des mesures pour arrêter ces violences afin de poursuivre les élections et installer le Conseil municipal.

 

Etes-vous prêt à rencontrer votre adversaire pour un dialogue afin de trouver une solution par rapport à cette situation ?

 

Nous sommes prêts à travailler avec tous les filles et fils de la commune de Sabsé et même à rencontrer Mahamoudou Pierre Célestin Zoungrana qui est un aîné, afin de voir ensemble comment œuvrer au développement de notre commune. D’ailleurs, une initiative a été engagée dans ce sens par une personnalité dont je tairai le nom. Nous avons pu nous rencontrer au moins à deux reprises. Le MPP  a fait des propositions et la balle est maintenant dans le camp du NTD.

 

Qu’auriez-vous aimé dire que nous n’avons pas pu aborder ?

 

Je souhaite que les violences cessent et que tout le monde sache que Sabsé est pour tous les enfants de Sabsé. Nous avons donc le devoir d’œuvrer pour que notre commune aille de l’avant. Si nous n’arrivons pas à travailler ensemble, cela ne va pas profiter à Sabsé. Je souhaite également que les autorités prennent les choses à bras-le-corps parce que nous avons l’impression que cela a été laissé volontairement pour ne pas trouver de solution parce que  le cas de Sabsé n’est pas plus grave que là où on n’a pas pu trouver des solutions. L’Administration doit être impartiale et elle a l’obligation d’aider à l’ancrage et au développement de la démocratie. J’en appelle à la sagesse de Mahamoudou Pierre Célestin Zoungrana et à toute la jeunesse autour de lui de respecter le jeu démocratique pour qu’ensemble, nous puissions travailler pour le développement de notre chère commune. Je dis en plus que le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure doit se saisir de l’affaire parce que rien ne bouge au niveau du préfet ou du  gouverneur. On a les moyens pour connaître la vérité et on ne les utilise pas.

 

 

Propos recueillis par Antoine BATTIONO

 

 

 


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