HomeA la uneRISQUES D’ASPHYXIE DE LA GAMBIE : Yaya Jammeh récolte ce qu’il a semé  

RISQUES D’ASPHYXIE DE LA GAMBIE : Yaya Jammeh récolte ce qu’il a semé  


 

Les relations entre la Gambie et son voisin  sénégalais n’en finissent pas de se dégrader depuis que Banjul a décidé, de manière unilatérale et à la surprise générale, de faire passer la taxe douanière versée par les gros porteurs sénégalais en transit en Gambie, de 4 000 F CFA à 400 000 F CFA. C’est cette hausse vertigineuse des droits de douane qui a provoqué l’ire des transporteurs sénégalais qui ont immédiatement pris des mesures de représailles contre leur truculent voisin, en décrétant un blocus aux frontières des deux pays, de tous les produits, y compris ceux qui sont nécessaires à la survie des Gambiens comme les denrées alimentaires et les produits pharmaceutiques. Conscient des conséquences  de ces pénuries provoquées par le blocus sur la stabilité de son pouvoir et craignant un retour de manivelle, Yaya Jammeh a entrepris des démarches pour desserrer l’étau autour de son minuscule pays, en appelant notamment la CEDEAO à la rescousse à travers une plainte contre Dakar qu’il accuse de vouloir l’asphyxier économiquement. L’instance sous-régionale a vraisemblablement jugé recevable la plainte de la Gambie, puisqu’elle a décidé d’envoyer une équipe d’enquêteurs le 8 avril prochain, pour évaluer la situation et échanger avec les autorités sénégalaises et les syndicats des transporteurs en vue du déblocage de la situation. L’appel au secours lancé de façon inhabituelle par le tyran de Banjul à l’endroit d’une organisation sous- régionale qu’il a souvent méprisée, est peut-être le signe qu’il court cette fois-ci le risque « d’avaler son totem », car si le blocus n’est pas levé dans les semaines à venir, l’asphyxie de l’économie gambienne entraînera à coup sûr  la sienne propre, et peut-être même sa chute.

Le président gambien n’est pas à plaindre

Certains Sénégalais et Gambiens ont d’ailleurs  commencé  à se marrer de l’éventualité du départ du pouvoir de ce président loufoque du simple fait d’un blocus des transporteurs, lui qui a plus d’une fois menacé l’Etat du Sénégal et défier les plus grandes puissances du monde. Malgré ses extravagances, Yaya Jammeh sait qu’il est périlleux pour son pays et pour son régime de couper le lien ombilical avec le Sénégal, et on ne peut s’empêcher de se demander quelle mouche a bien pu le piquer encore pour qu’il prenne la décision provocatrice de multiplier soudainement par cent le montant de la taxe douanière que les transporteurs sénégalais trouvaient déjà exorbitante. En vérité, le fantasque président gambien est un habitué de ce genre de mesures sensationnelles mais inopportunes, le plus souvent dirigées contre son voisin sénégalais. On se rappelle en effet qu’en avril 2014, Jammeh avait ordonné, sans explication, la fermeture des points de passage officiels à ses frontières terrestres avec le Sénégal, tandis qu’en 2005, c’est une autre augmentation de la taxe douanière de 80 à 100% qu’il avait décidée, sans que son pays ne daigne piper un mot à son voisin. Ces problèmes entre routiers sénégalais et douaniers gambiens ne sont qu’un pan des relations heurtées entre les deux pays, qui s’accusent mutuellement et ce, depuis longtemps d’agissements subversifs, à travers les rebelles casamançais qui font du territoire gambien leur zone de repli,  et les opposants au président Jammeh auxquels Dakar offre gîte et couvert. La crise entre les deux Etats a même failli atteindre le point de non-retour quand Banjul avait fait exécuter, en août  2012, deux Sénégalais condamnés pour meurtre.
Dans toutes ces crises, c’est Yaya Jammeh qui a toujours joué le mauvais rôle, et si aujourd’hui son pays risque l’asphyxie économique, le président gambien n’est pas à plaindre, bien au contraire. Il n’aura récolté que ce qu’il a semé

Hamadou GADIAGA


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