ROCH A LA DIASPORA BURKINABE EN COTE D’IVOIRE : «Tous ceux qui ont posé des actes à l’encontre des intérêts du peuple devront répondre devant la justice»
Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a mis à profit son séjour de 48 heures à Yamoussoukro dans le cadre de la 5e conférence au sommet du Traité d’amitié et de coopération entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire (TAC), qui s’est tenue du 28 au 29 juillet 2016, pour s’entretenir avec la communauté burkinabè vivant au pays de Houphouët Boigny. Ces échanges ont permis à la diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire et aux opérateurs économiques auxquels une audience a été accordée, de s’informer des actions du gouvernement en leur faveur et de soumettre leurs doléances au chef de l’Etat, notamment le vote des Burkinabè de l’étranger et des mesures qui devraient leur permettre de développer davantage leurs activités économiques.
Pour leur premier contact avec le président Roch Marc Christian Kaboré, les Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire n’ont pas marchandé leur mobilisation. Ils sont venus de toutes les régions de ce pays frère pour le féliciter, lui exprimer leur soutien à son programme quinquennal, leur attachement à la mère patrie et lui soumettre des préoccupations. Et au nombre de ces dernières, on peut citer, entre autres, la mise en place d’une assistance médicale et psychologique au profit des déguerpis des forêts classées, la dotation du consulat de Bouaké d’un budget conséquent pour faire face aux nombreux cas sociaux, la participation effective de la diaspora aux prochaines élections présidentielles, le rapprochement des bureaux de vote des électeurs, l’amélioration de la qualité des cartes consulaires biométriques délivrées en Côte d’Ivoire, la tenue d’audiences foraines de délivrance d’actes de naissance. A toutes ces préoccupations, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a donné des assurances tout en appelant ses compatriotes au respect des textes du pays d’accueil, en faisant référence au déguerpissement des occupants du Mont Péko. Pour lui, l’Etat burkinabè a le devoir de s’occuper de la diaspora, quelles que soient les vicissitudes et les difficultés qui peuvent exister entre le Burkina et la Côte d’Ivoire où on compte le plus grand nombre de compatriotes. «Notre responsabilité, c’est de faire en sorte que partout où un Burkinabè vit, nous nous préoccupions de sa situation, de la dignité dans laquelle il vit et du respect qu’on a pour lui ». A son avis, c’est ce qui justifie la poursuite du TAC dont l’objectif est de renforcer l’amitié et la coopération entre le Burkina Faso et la Côte d’ivoire qui sont unis par l’histoire, la géographie et la culture. Décrivant la situation politique au Burkina, Roch Marc Christian Kaboré dira que le peuple burkinabè, après avoir réalisé l’insurrection populaire, a décidé de prendre son destin en main. L’organisation des différents scrutins présidentiel couplé aux législatives et municipal, marque le retour à l’ordre démocratique normal, même si des élections doivent être organisées dans certaines communes où elles n’avaient pas pu l’être.
Le vote des Burkinabè de l’étranger en 2020
Le Président du Faso a rassuré que la nouvelle Commission électorale nationale indépendante (CENI) va travailler à ce que le vote des Burkinabè de l’étranger soit une réalité en 2020. « La diaspora burkinabè a été de tout temps marginalisé du point de vue de sa participation aux élections au Burkina. Il y a de cela 10 ans qu’il a été promis que la diaspora participerait au vote de l’élection présidentielle. Mais je puis vous donner l’assurance que ce gouvernement là, fera en sorte qu’en en 2020, partout où il y a des Burkinabè, ils puissent participer à l’élection du futur président ». Tonnerre d’applaudissements.
Les conditions de la réconciliation selon Roch
Selon le président Kaboré, il n’y a pas de raison que les autres pays fassent voter leurs citoyens vivant à l’étranger et que le Burkina ne puisse pas en faire autant. En tous les cas, le ministre en charge des Affaires étrangères a été instruit pour que le vote des Burkinabè de la diaspora soit effectif en 2020. C’est une obligation, un devoir, a estimé le président du Faso. Sur le plan de la justice, il a rassuré ses compatriotes que tous les dossiers, que ce soit ceux de Thomas Sankara, de Norbert Zongo, des victimes des 30 et 31 octobre et du putsch manqué de 2015 ainsi que ceux relatifs aux crimes économiques, sont en cours d’examen par les juridictions. « Nous devons travailler à ce que la Justice se réconcilie avec le peuple, à ce que nul ne soit au dessus de la loi. Tous ceux qui ont posé des actes qui vont à l’encontre des intérêts du peuple burkinabè devront répondre devant les juridictions de leur pays ». Encore des tonnerres d’applaudissements. Et de relever qu’en même temps qu’on doit travailler à ce que justice soit faite, on doit également travailler à la réconciliation nationale. C’est pour répondre à ce souci de réconciliation que le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale a été mis en place. Il aura à traiter plus de 5000 dossiers couvrant la période de 1960 à l’insurrection populaire. Mais selon le président Kaboré, la réconciliation a des conditions. La première des conditions, c’est la vérité, la deuxième, c’est la justice et la troisième, c’est la réconciliation. « On ne peut pas se réconcilier sur quelque chose que quelqu’un ne reconnaît pas », a lancé le chef de l’Etat. Il a relevé l’importance de travailler à ce que les Burkinabè se réconcilient avec leur histoire, puissent tourner la page des années sombres et regarder l’avenir avec beaucoup plus d’espoir. Roch Marc Christian Kaboré a aussi partagé avec la diaspora le contenu du Plan national du développement économie et social (PNDES) qui sera présenté en décembre prochain aux partenaires afin de bénéficier de leur appui pour sa réalisation.
L’amélioration des conditions de vie des populations
Sur le plan économique, il a expliqué qu’il a pris les rênes du pays dans une situation financière difficile. Toutefois, il a promis de se donner les moyens pour sortir le pays de cette situation et d’ici 2017, les populations devraient, a-t-il promis, voir leurs conditions de vie s’améliorer. Pour y parvenir, il a dit compter sur l’appui de la diaspora qui compte en son sein de grands opérateurs économiques. Abordant la question sécuritaire, Roch Marc Christian Kaboré a indiqué que la circulation des armes et la situation au Mali contribuent à renforcer l’insécurité. C’est pourquoi le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire voire les pays de la sous-région ont décidé de mutualiser leurs forces pour lutter plus efficacement contre le terrorisme. Répondant à certaines questions, notamment celle relative aux cotisations de la diaspora pour la construction de la Maison du Burkina en Côte d’Ivoire, le président Kaboré a rassuré que des mesures seront prises pour faire la lumière sur la question afin de savoir où est passé l’argent. Après s’être entretenu avec la communauté dans son ensemble, le président du Faso a rencontré les opérateurs économiques burkinabè résidant en Côte d’Ivoire. Avant de lui soumettre leurs doléances, ces derniers ont tenu à le féliciter pour sa brillante élection à la tête du pays, mais aussi pour sa politique d’ouverture qui a permis la relance des sessions du TAC. Présentant la situation des opérateurs économiques burkinabè en Côte d’Ivoire, leur porte-parole, Madi Ouédraogo, dira que le Burkina compte plus de 2000 hommes d’affaires présents dans plusieurs secteurs d’activités en Eburnie, selon une enquête de la représentation de la Chambre de commerce du Burkina en Côte d’Ivoire. Cependant, a-t-il déploré, « nous ne disposons d’aucune organisation formelle ». Toute chose qui ne permet pas aux institutions comme la chambre de commerce de pouvoir jouer leur rôle d’assistance, d’encadrement, d’information et d’orientation, a-t-il fait remarquer. Pour lui, les perspectives économiques de la Côte d’Ivoire exigent d’eux une meilleure approche organisationnelle pour aller à la conquête des grands chantiers annoncés. Aussi a-t-il plaidé pour une meilleure insertion des activités des opérateurs économiques burkinabè vivant en Côte d’Ivoire dans la politique générale de l’Etat burkinabè et demandé le renforcement des capacités organisationnelles des structures d’encadrement comme la Chambre de commerce. M. Ouédraogo n’a pas manqué de solliciter le président du Faso pour la facilitation de leur accès aux moyens de financement pour le développement de leurs activités et le renforcement des équipes d’assistance juridique tant au niveau de l’ambassade et que des consulats généraux et honoraires. Comme réaction, le président du Faso a remercié les opérateurs économiques pour la tenue de la rencontre et traduit son admiration pour le travail qu’ils font dans divers domaines en tant qu’opérateurs économiques vivant en Côte d’Ivoire. Concernant leurs doléances, le chef de l’Etat a souligné la nécessité de parachever le travail de recensement et de catégorisation des opérateurs économiques dans les différents secteurs d’activités que la Chambre de commerce avait entrepris, de mettre en place une organisation qui servira d’interface de discussion avec l’Etat burkinabè. Pour l’amélioration du climat des affaires, le président Kaboré a indiqué que c’est un domaine sur lequel le gouvernement s’attelle à faire en sorte que dans le doing-business qui est le mode opératoire des investissements dans les différents pays, l’on puisse renforcer l’attractivité du Burkina en termes d’investissements, que ce soit au niveau d’investissement que du système financier. Et d’ajouter que le Burkina qui, à l’époque, n’avait que deux ou trois banques, en compte de nos jours une douzaine ou une quinzaine. Pour signifier qu’il y a des institutions financières pour accompagner sur le terrain un opérateur économique qui souhaite réaliser des investissements productifs. Outre le volet financier, d’autres secteurs ont été développés tels que celui agricole, qui est un secteur moteur de développement du pays. Du reste, a renchéri le président du Faso, il y a BagréPôle où on a besoin d’entrepreneurs pour développer des activités sans oublier le barrage de Samandeni dont les travaux seront achevés en 2017 pour permettre le développement de l’agrobusiness. Tout en les encourageant à persévérer, Roch Marc Christian Kaboré a exhorté les opérateurs économiques à se rendre au pays pour prendre contact avec les services concernés, afin d’apporter leur contribution car des secteurs d’activité comme ceux du solaire, de la construction des écoles, etc., sont ouverts.
Dabadi ZOUMBARA (de retour de Yamoussoukro)