HomeOmbre et lumièreRUE 16.452 (AVENUE YOUGBARE PAUL HAMADOU – CORIS BANK – BONHEUR VILLE) « Nous savons que cette route est un calvaire », dixit le maire Jean Nacoulma

RUE 16.452 (AVENUE YOUGBARE PAUL HAMADOU – CORIS BANK – BONHEUR VILLE) « Nous savons que cette route est un calvaire », dixit le maire Jean Nacoulma


Longue de 5 kilomètres environ, la route qui  va de Ouaga 2000, face à l’Hôtel Palace et longe les concessions de la cité AZIMO Ouaga 2000, de la cité SOCOGIB jusqu’au siège de Coris Bank international à Bonheur ville, est impraticable en saison pluvieuse. Située dans  l’Arrondissement 6 de Ouagadougou, cette route cristallise les douleurs et les amers ressentiments des riverains que nous avons rencontrés le 10 août dernier, le long de la route.  Une seule chose est sur toutes les lèvres : le bitumage de la voie.

 

 Des nids-de-poule remplis d’eau par endroits sur la route, des ravins, des flaques d’eau çà et là,   et autres  aspérités le long de la rue 16.452  ne laissent personne indifférent. Les riverains ne cachent pas leur agacement et leur impatience d’attendre toujours des promesses (de bitumage de la rue) qui ne sont jamais suivies d’actes concrets.  « Les promesses de bitumage de la voie sont récurrentes, mais les hommes politiques qui les font n’ont jusque-là pas posé le moindre acte dans le sens du bitumage de la route », confie ce riverain. Les populations ne veulent qu’une chose : du goudron, rien que du goudron sur cette route longue de 5 kilomètres environ.  Peu avant 11 h, ce 10 août 2018, boutiquiers, gérantes de salons de coiffure et soudeurs vaquaient à leurs occupations lorsque notre véhicule s’immobilisait sur la route, à quelques encablures de l’Eglise protestante, vers l’établissement financier  Coris Bank international. Adama Ilboudo  sort de sa boutique alors que nous prenons des photos des flaques d’eau et des pneus emboîtés qui servaient de rond-point pour réguler la circulation, non loin du groupe scolaire « La Providence ». Lorsque nous lui posons quelques questions sur l’état de la route et les préoccupations des riverains, il s’empresse de nous dire ceci : « Nous attendons que les autorités viennent atténuer nos douleurs en mettant le bitume sur la route ». A côté, des voix de mécontentement s’élèvent : « Nous sommes fatigués des promesses des hommes politiques. Chaque année, ce sont les mêmes promesses de venir goudronner la route et après, rien ». Non loin, Olivia Ouédraogo, une jeune mère qui tient son bébé, gère un salon de coiffure devant lequel stagne une flaque d’eau. Elle confie, l’air désabusé : « C’est le deuxième barrage de Ziga que vous voyez », montrant de la main l’espace  vide en face de son salon que  l’eau de pluie occupe aussitôt quand il pleut. Elle ne se souvient plus combien de fois elle a vu des gens chuter de leur engin sur la route à cause de l’eau qui stagne sur la route et des trous que cache l’eau après la pluie.

« Nous sommes fatigués des promesses répétées des autorités municipales. Nous voulons une route goudronnée ici »

 

Nous arrivons au croisement de la route qui mène au complexe scolaire privé évangélique « Good News ». Lorsque nous nous arrêtons devant l’étal de Halizèta Ouédraogo, vendeuse de tubercules, un véhicule tente de se frayer un passage dans un trou d’eau au milieu de la route. Celle-ci nous prend à témoin, confiant que quand il pleut, c’est pratiquement impossible de traverser. Elle nous indique de la main la devanture de son domicile devant lequel se trouvait un trou qui a été bouché avec 3 voyages de camion Benne rempli de terre. Les mêmes refrains reviennent : « Nous sommes fatigués des promesses répétées des autorités municipales. Nous voulons une route goudronnée ici », se lâchent quelques riverains. « Le manque de caniveaux fait que lorsqu’il pleut, souvent, l’eau déborde et envahit certaines concessions », raconte Ibrahim Nikièma, soudeur, en face des concessions de la Cité AZIMO Ouaga 2000. Comme les autres riverains, Soumaïla Sawadogo déplore que tout le petit commerce soit ruiné ou en souffrance du fait de l’état impraticable de la route, notamment après une pluie. « Quand il pleut, personne n’emprunte cette route », affirme-t-il. Des sacs remplis de sable servent souvent de « diguettes » à certains endroits de la route pour boucher des passages  d’eau ou des crevasses et éviter que l’eau n’envahisse des concessions, nous racontent Mamouna Bonkoungou, responsable d’une quincaillerie, et sa voisine, vendeuse de légumes. Entre la boulangerie Pâtisserie Nana et AKENON Apart’Hôtel,  sur plus ou moins 30 mètres, ce sont des nids-de-poule, des flaques d’eau sur la route. « En temps de pluie, c’est très difficile de circuler ici, jusqu’à l’approche du goudron qui passe devant Palace Hôtel », souligne un riverain que nous avons interrogé devant le terrain vide en face où paissaient tranquillement des animaux.

 

« Quelque  chose sera fait au cours de mon mandat »

 

L’autorité communale s’est dit  consciente de l’état piteux de la route qui cause beaucoup de préjudices aux riverains et aux usagers. Le maire de l’Arrondissement 6 de Ouagadougou, Jean Nacoulma, indique qu’au quotidien, la mairie reçoit les plaintes de la population au sujet de cette route. « Nous savons que c’est un calvaire », indique le maire qui soutient que quelque chose sera fait au cours de son mandat, pour soulager un tant soit peu  les souffrances des populations. L’aménagement de la rue a été pris en compte par un projet BOAD (Banque ouest-africaine de développement), rassure-t-il. Un projet adopté et accepté, dit-il.  « Les travaux ont commencé. A cet effet, l’inspection de la voie a été faite et actuellement, l’étude d’impact est en cours »,  rassure-t-il. « Ce n’est pas la première fois que des promesses du genre sont faites quant à l’aménagement de la voie », avoue-t-il. « Nous osons croire que cette fois-ci sera la bonne », soupire le bourgmestre, espérant que quelle que soit la durée, une nouvelle route sera faite. Toutefois, l’édile émet des inquiétudes quant au démarrage effectif des travaux qui traîne, malgré la promesse de commencer d’ici là.

Laisser la possibilité à chaque arrondissement de mener ses investissements

 

« Ce n’est d’ailleurs pas la seule voie qui pose problème dans l’arrondissement 6 », selon lui. L’enjeu ici, à entendre le maire, c’est la question de l’autonomisation des mairies d’arrondissement qui est mise en exergue. Tous les gros investissements passent par la mairie centrale, sous-entend-il. Il souhaite l’autonomisation financière des mairies d’arrondissement, qui pourrait faciliter les investissements au niveau des arrondissements, à l’entendre. Pour l’heure, chaque mairie d’arrondissement se bat pour que son projet soit inscrit puis, adopté et se bat pour que ça voie le jour. « Nous ne sommes pas marginalisés, mais d’une manière générale,  nous pensons et nous souhaitons vivement que l‘on puisse laisser aux arrondissements la possibilité de mener leurs investissements », avance-t-il,  car, cela, de son point de vue, va soulager l’autorité centrale, le gouvernement, et partant, va installer une concurrence positive entre les mairies dont chaque maire se battra pour que son arrondissement soit bien vu. Son espoir, c’est que la décentralisation permette d’atteindre cet objectif.

Lonsani SANOGO

 

 


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