POUR UNE RUPTURE DU CONTRAT DU DG DE LA CAMEG : « Le ministre de la Santé veut passer en force », dixit la CGT-B
Dans la déclaration ci-dessous, la confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) dénonce une volonté du ministre de la Santé d’opérer un passage en force, provoquant une crise à la CAMEG qui, dit-elle, emploie plus de 260 personnes. Toutefois, la CGT-B se dit disposée à accompagner le ministre afin qu’une solution soit trouvée.
Depuis quelque temps, l’actualité est marquée par les débats concernant l’intention du Ministre de la Santé, M. Smaïla Ouédraogo, de mettre fin au contrat du Directeur Général de la Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels Génériques (CAMEG) en vue de nommer à sa place quelqu’un à sa convenance.
La situation qui prévaut à la CAMEG intéresse et interpelle la Confédération Générale du Travail du Burkina (CGT-B) pour trois raisons essentielles :
1- La CAMEG joue un rôle très important dans la politique sanitaire, dans la mesure où elle assure l’essentiel de l’approvisionnement du pays en produits pharmaceutiques ;
2- Elle emploie plus de 260 travailleurs;
3- Le dossier de la CAMEG pose un problème de gouvernance puisqu’il s’agit des critères et des conditions de désignation du Directeur Général d’une structure ;
4- Monsieur le Ministre de la Santé a adressé une correspondance en date du 11 juillet 2016 à la CGT-B pour, dit-il, lui « faire la situation sur la gestion de celle-ci » et lui demander de porter à la connaissance de ses représentants à la CAMEG « l’information juste ». Et juste après cette correspondance du Ministre, la CGT-B a reçu du Directeur général un recueil de documents concernant la CAMEG.
Après avoir pris connaissance des différents documents, la CGT-B a adressé au ministre de la Santé une correspondance pour d’abord le remercier d’avoir mis à sa disposition les documents, ensuite lui faire part de ses préoccupations. Celles-ci sont relatives :
- . d’une part, au risque de saignée financière de la CAMEG au cas où la rupture du contrat du Directeur Général se ferait dans l’illégalité et donne lieu encore au paiement de dommages et intérêts ;
. d’autre part, au statut de la CAMEG qui fonctionne curieusement comme une association avec des acteurs dont les rôles et les parts restent assez obscurs.
En terminant sa correspondance, la CGT-B a fait part de sa disponibilité à échanger directement avec lui sur la question. Sur cette base, le ministre, dès la réception de celle-ci, a proposé à la Confédération une rencontre le même jour à 18h. Ainsi, une délégation de la Confédération s’est rendue au cabinet du ministre. A l’occasion, celui-ci a fait une genèse du dossier en mettant en exergue les éléments suivants :
1- le texte issu de la délibération du Conseil d’administration de 2002 qui a fait passer la durée du mandat des administrateurs de deux à trois ans est un faux, parce que la page des signatures est une copie d’un document de 1998 ;
2- la CAMEG, dans son fonctionnement actuel, accorde les pleins pouvoirs au Conseil d’administration au détriment de l’Assemblée générale qui devrait être l’instance suprême ;
3- la session du Conseil d’administration qui a procédé au renouvellement du mandat du Directeur général n’avait pas ce point à son ordre du jour et le PCA qui est un conseiller technique du ministre n’a pas évoqué ce point avec lui avant le Conseil d’administration.
La CGT-B note une volonté affichée du ministre de la Santé de passer en force pour rompre le contrat du Directeur général. En outre, elle fait observer que même si selon le ministre le texte de 2000 est un faux, il reste que c’est lui qui régit la société depuis plus de 15 ans et tous les mandats passés ont été exécutés sous le régime de ce texte. Dans ce sens, des procédures devraient être engagées contre ceux qui sont suspectés de falsification, et la décision judiciaire pourrait situer tout le monde.
Pour la CGT-B donc, le ministre devrait se soucier prioritairement de toiletter les différents textes et surtout de traiter la question du statut de la CAMEG qu’il a trouvée sur sa table dès sa nomination. En tout état de cause, comme nous l’avons indiqué dans notre correspondance, la CGT-B exprime « son rejet total de toute gestion du dossier pouvant entraîner un préjudice quelconque aux travailleurs et à leur outil de travail qu’est la CAMEG ». Le gouvernement actuel et en particulier le ministre Smaïla Ouédraogo portera l’entière responsabilité d’une condamnation de la CAMEG et devra y répondre, tôt ou tard, des dommages causés à la CAMEG, tout comme ses prédécesseurs qui ont posé les mêmes actes.
Du reste, en réponse aux propos du ministre, la délégation de la CGT-B a indiqué qu’elle se gardait de s’immiscer dans les débats de textes en cours. Cependant, elle rappelle les deux préoccupations qu’elle a soulignées dans sa correspondance, à savoir :
– la nécessité de gérer le dossier du contrat du Directeur général de sorte à éviter à la CAMEG une nouvelle saignée qui résulterait d’une condamnation à payer des dommages et intérêts pour une rupture illégale du contrat ; en rappel, trois ruptures précédentes de contrat de Directeurs généraux jugées illégales ont coûté à la CAMEG plusieurs dizaines de millions de F CFA ;
– la priorité à accorder au traitement de la question du statut de la CAMEG en faisant d’elle une société d’Etat.
La CGT-B réaffirme ici sa disponibilité à contribuer à la recherche de solutions à la crise que vit la CAMEG avec comme axe la défense de l’intérêt général, celle des travailleurs de la CAMEG.
Elle invite ses militant(e)s, l’ensemble des travailleuses et des travailleurs de la CAMEG à rester vigilants pour déjouer toutes les manœuvres, d’où qu’elles viennent, qui viseraient à les détourner de cette voie juste.
Pain et Liberté pour le Peuple !
Unité-Solidarité-Action !
Pour le Bureau National Confédéral
Bassolma BAZIE
Secrétaire Général
Sacksida
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Dans cette guéguerre pour prendre le contrôle de la CAMEG, faut-il en rire ou en pleurer ? Car s’agit-il vraiment des changements dans l’intérêt du peuple Burkinabé ou bien c’est pour les intérêts de certaines personnes puissantes du moment ? On est en droit de se poser cette question citoyenne ? Voyez-vous, un peu d’histoire. C’est lorsque sous la Révolution Sankariste, l’Etat d’alors face à la couverture sanitaire et médicamenteuse insuffisantes et à la cherté des médicaments pour les populations, que la première centre d’achats de médicament génériques SONAPHARM fut crée. Elle était chargée de l’approvisionnement pharmaceutique des médicaments essentiels et de qualité mais bon marché accessible à la bourse des populations. Dans cette même optique, la libéralisation de l’ouverture des pharmacies privées furent décidée et une bonne trentaine virent le jour ; dix fois plus. Sur ce, plus tard la SONAPHARM deviendra la CAMEG avec les mêmes rôles et missions ! Mais, pourquoi des crises, de luttes et de batailles juridico-administratives pour le renouvellement d’un contrat ou de contrôle d’une structure comme la CAMEG qui s’avère essentielle en amont dans la question de santé de la population burkinabé ? Si le pouvoir actuel ne prend pas garde, en évitant la politisation à outrance de l’administration et ses démembrements, notre pays que nous aimons tous risque encore des soubresauts, après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Il y’a un mécontentement aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Pourquoi, ne pas faire un Audit juridique et Financier de la CAMEG et ensuite un appel à candidatures ouvertes à tous les cadres compétents Burkinabé ? A bon entendeur, Salut !
26 août 2016