HomeOmbre et lumièreSERVICE PUBLIC AU FASO, RIEN SANS RIEN : La vérité est dure, nécessaire, difficile à accepter et à contourner

SERVICE PUBLIC AU FASO, RIEN SANS RIEN : La vérité est dure, nécessaire, difficile à accepter et à contourner


Alors, ayons le courage de dire la vérité. Dans  la plupart des nations  en Afrique noire, l’Administration publique est plus un dépotoir-métier  qu’une sélection d’excellence. Dans ce paradis de revenu certain et assuré,  les médailles de décoration le remportent largement sur les sanctions disciplinaires et exemplaires.   Comme dans le cochon, tout est bon et presque rien à jeter à la poubelle. Depuis des décennies sans mesures fortes et réformes à la hauteur, le ver dans le fruit nage à l’aise en terrain conquis, se tapant la poitrine en narguant les usagers.

La vérité ne se dit pas avec des gants,  osons le faire sans détours ni acrobaties. Au pays des Hommes intègres, ce n’est pas tous les jours dans nos services publics que l’on rencontre un agent accueillant, serviable et aimable.

Pour bien  apprécier le meilleur, mieux vaut souvent commencer par l’amer.

Très tôt en ce vendredi matin d’avril, j’avais commencé ma journée dans une mairie de la capitale pour l’acquisition d’un document administratif.  C’était marqué « Réception des dossiers, de 7h30  à 9h ».  Arrivé à  6h, j’étais le 17e dans le rang.   Madame l’agent a finalement  ouvert son bureau  à 8h 30.  Sans un mot pour personne, elle a pris 20 dossiers pour le traitement du jour.  Pour les autres, il fallait revenir un autre jour. Après traitement et signature,  à travers sa fenêtre comme dans l’armée, elle a fait appel. Gare au nonchalant, à celui ou celle qui n’était pas prompt (e) pour récupérer son papier  à crier : Présent ! 

Chacun des usagers respecta scrupuleusement le rituel et obtint son  papier. Il était 10 h.  Mon dossier  était  à présent complet.  Vite, je pris ma moto pour le centre ville dans une administration pour le dépôt de mon dossier.

A  10h 40,  je frappai à la porte du bureau de monsieur Zacharie. Le bureaucrate, dans un costume brillant de mille feux, m’accueillit avec le sourire ; j’étais agréablement surpris par la chaleur de son accueil. L’homme  m’installa convenablement, prit mon dossier qu’il consulta et m’indiqua une caisse dans le service pour honorer des frais. De retour dans le bureau, monsieur Zacharie me donna une fiche à remplir et m’aida efficacement par ses conseils.

Mon bon samaritain du jour poussa l’audace et me donna gracieusement  et gratuitement une feuille de demande pour rédiger mes aspirations.

Lorsque je finis, il récupéra mon dossier et le classa dans un grand registre.

Je le remerciai et lui dis: Je pensais que je pouvais avoir la signature sur place avec mon dossier complet.

En effet, c’est mon collègue qui signe mais il est absent.  Il participe à un séminaire pour quelques jours. Ainsi me répondit mon bienfaiteur du jour en me montrant une chaise et un bureau vide à l’autre bout de la pièce.

Si je pouvais avoir mon papier aujourd’hui, cela me ferait vraiment plaisir, lui dis-je.

         L’homme regarda sa montre et me proposa :

Je crois qu’ils ont une pause à 11h 30. Dans 15 minutes.  Je peux aller négocier avec lui …mais mon collègue est souvent compliqué…Maintenant, j’avais compris le topo.  Mon bienfaiteur du jour n’était point une exception de l’administration.  Sa gentillesse n’était point gratuite.  Rien pour rien, il attendait à présent sa récompense.

Je lui glissai un billet de 2 000 F CFA.

Il me pria d’attendre  et sortit  avec son registre. Il  rentra 20 minutes plus tard avec mon dossier savamment signé.  Signé par le soi-disant collègue en pause au  séminaire. Je le remerciai chaleureusement et, le cœur léger avec mon dossier, m’en allai.

Ousseni Nikiéma, 70-13-25-96

[email protected]

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