HomeA la uneSIGNATURE DE LA CHARTE DE LA TRANSITION : Les fruits tiendront-ils la promesse des fleurs ?

SIGNATURE DE LA CHARTE DE LA TRANSITION : Les fruits tiendront-ils la promesse des fleurs ?


Les partisans de Blaise Compaoré avaient prévu l’apocalypse pour le Burkina Faso, au cas où celui-ci quitterait le pouvoir. Heureusement, ces prédictions de mauvais augure semblent démentis par les faits, deux semaines après la chute de son régime. La signature de la Charte de la transition, ce dimanche 16 novembre, après son adoption par l’ensemble des forces vives du pays, en est une preuve. Le peuple burkinabè peut déjà se réjouir d’avoir franchi une étape décisive de sa marche vers la démocratie. L’après- Compaoré, peut-on dire, est en marche et il semble s’ouvrir sous de meilleurs auspices. Le choix de la Maison du peuple n’est  pas fortuit. Il  en dit long sur le sens qui pourrait être accordé à la cérémonie. En effet, le peuple a arraché le pouvoir des mains d’un homme qui voulait en abuser, et a voulu le signifier à l’Afrique et au reste du monde, en choisissant un endroit symbolique pour abriter la signature officielle et solennelle de la charte de la transition qui doit désormais encadrer la marche du pays vers des élections équitables et transparentes en 2015.Une signature faite en présence de toutes les forces politiques, citoyennes et morales du pays. Deux semaines seulement après la chute du pouvoir de Blaise Compaoré, l’on ne peut pas dire que les choses ont traîné. Bien au contraire, elles sont allées vite et bien. C’est pourquoi l’on doit rendre hommage à tous les acteurs grâce auxquels la démocratie, la vraie, est désormais possible au Burkina, tout en nous posant la question de savoir si les fruits tiendront la promesse des fleurs.

Le Burkina Faso a l’obligation de réussir la transition politique

Le premier acteur à qui l’on doit rendre un hommage vibrant, en cette journée porteuse d’espoir pour la démocratie, est sans conteste le peuple burkinabè. En effet, n’eût été son sens du sacrifice, le Burkina aurait pris place dans le peloton des Républiques du Gondwana d’Afrique, pour reprendre l’expression de l’humoriste nigérien Mamane, dont il aurait eu du mal à se défaire. Si Blaise Compaoré a été arrêté dans sa volonté de confisquer le pouvoir, via l’Assemblée nationale, c’est parce que le peuple du Burkina, à l’instar des peuples qui se sont déjà débarrassés de leur dictateur de par le monde, a su se montrer téméraire et intraitable.

Le deuxième acteur à qui l’on pourrait rendre hommage est la communauté internationale. Bien  avant la chute de Blaise Compaoré, certains de ses membres avaient pris fait et cause pour la démocratie et pour le peuple burkinabè. De façon générale, la communauté internationale s’est beaucoup investie depuis les premiers instants de l’après- Compaoré, dans l’accompagnement de la transition pour que les choses se fassent au mieux dans le pays. La fermeté dont elle a fait montre ces derniers jours, pourrait expliquer en partie l’adhésion de la Grande muette à l’idée d’une transition politique pilotée par les civils.

Le troisième acteur à féliciter pourrait être l’armée nationale. D’aucuns pourraient objecter qu’elle n’avait pas le choix, mais il faut reconnaître qu’elle a facilité les choses par son sens de l’écoute et du compromis, toutes choses qui ont évité au pays de toucher le fond de l’abîme. Il faut souhaiter qu’elle ne se départisse jamais de cet esprit pendant et après cette période délicate de l’histoire du pays.

Cela dit, le Burkina Faso a l’obligation de réussir la transition politique pour trois raisons essentielles.

La première est d’ordre psychologique. En effet, bien des Burkinabè en étaient arrivés à inscrire dans leur esprit, que seul Blaise Compaoré pouvait diriger le pays. En dehors de lui, point de salut. La réussite de la transition pourrait contribuer à briser le mythe de l’indispensabilité de Blaise Compaoré. Et ce n’est pas rien, parce que les grandes victoires se gagnent d’abord dans les esprits.

La deuxième raison est d’ordre politique. Le Burkina Faso gâcherait l’occasion historique d’arrimer le pays à la vraie démocratie, si cette transition venait à échouer. Les antidémocrates du continent s’en saisiraient pour davantage justifier leur volonté de s’éterniser au  pouvoir, en tripatouillant les Constitution de leur pays. Enfin, un échec éventuel de la transition politique qui s’ouvre pour compter de ce dimanche 16 novembre 2014, serait perçu moralement comme une insulte à la mémoire des Burkinabè qui ont perdu la vie dans le cadre du soulèvement populaire du 30 octobre dernier et de manière générale, une insulte à l’endroit de tous ceux qui n’ont jamais hésité un seul instant à dénoncer les pathologies du système Compaoré et dont certains ne sont plus de ce monde. Pour toutes ces raisons, l’on peut avoir  envie de dire haut et fort, à tous les acteurs qui doivent animer la transition politique, une chose : aucune de leurs lubies ne sera tolérée par le peuple du Burkina Faso.

Pousdem PICKOU


Comments
  • courrage au peuple Burkinabais et que Dieu tout puisse permettre qu’il retouve sa tranquilité habituelle .Nous prieons pour une paix durable dans ce pays qui est la seconde nation pour un grand nombre de consultant international.
    Trés fraternellement.
    Louis DJILEMO
    Cameroun
    (Laureat Ouaga 2008)

    17 novembre 2014

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