HomeA la uneSITUATION NATIONALE Le Burkina sur le chemin des incertitudes

SITUATION NATIONALE Le Burkina sur le chemin des incertitudes


Deux mois après sa fameuse déclaration « il n’y a pas d’institutions fortes sans hommes forts », en réponse à Barack Obama qui avait dit :   « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes », Blaise Compaoré a tenu, avec son gouvernement,  un Conseil des ministres extraordinaire qui a adopté un projet de loi visant à modifier la Constitution du Burkina Faso pour sauter le verrou limitatif des mandats présidentiels, à l’effet de lui permettre d’être candidat à sa propre succession en 2015. Ainsi, depuis le mardi 21 octobre 2014, les carottes sont cuites. La procédure de révision de la Constitution est engagée.

Pour tout dire, l’on n’est pas vraiment surpris par cet acte. Mais l’on se demandait plutôt quand et comment opérerait le grand sachem qui, il faut le dire, depuis le déclenchement de la crise, est gêné aux entournures par la résistance de l’opposition à qui il cherche à faire avaler la pilule de la façon la plus douce et la moins risquée possibles, en y mettant la forme constitutionnelle.   

Mais vu la situation explosive consécutive à la profonde division du peuple, certains avaient espéré que Blaise Compaoré renoncerait à entendre les sirènes de ses partisans et autres courtisans, pour se plier à la Constitution actuelle et se préparer à passer le pouvoir en 2015, après 28 ans de bons et loyaux services. Mais depuis mardi dernier, place n’est plus au doute. Ceux qui faisaient un procès en sorcellerie à l’opposition en clamant qu’elle prêtait des intentions  à  l’enfant terrible de Ziniaré, peuvent désormais se taire à jamais. Blaise Compaoré a abattu ses cartes et a clairement affiché ses intentions de modifier la Constitution. Pour franchir le Rubicon, il n’a pas eu besoin de forcer la main à son gouvernement qui a illico presto adopté le projet de loi et l’a envoyé sur le bureau du président de l’Assemblée nationale.

Si Blaise Compaoré s’est résolu à se jeter à l’eau, nul doute qu’il pense enfin avoir toutes les cartes en mains pour parvenir à ses fins. L’on est d’autant plus enclin à le croire que si l’on s’en tient aux félicitations du Secrétaire exécutif national du CDP au patron de l’ADF/RDA, ce dernier semble avoir cédé au charme et aux arguments de Blaise Compaoré et de son camp.   Avec ce soutien,  la voie parlementaire semble être retenue  avec une double chance pour Blaise Compaoré de s’en sortir : soit directement, au cas où la loi  obtient les ¾ des voix, soit au pire des cas, par le recours au peuple au cas où elle réunit la majorité simple.

Mais si, par extraordinaire, le projet de loi venait à échouer à l’Assemblée nationale, qu’est-ce qui dit que le problème serait définitivement résolu ? Dans l’absolu, il ne faudrait pas totalement exclure cette possibilité d’échec, d’autant plus que les députés pourraient sentir le poids de leur responsabilité devant l’histoire  ou même subir des pressions de toutes sortes qui pourraient amener certains à revoir leur position au dernier moment. La partie n’est donc pas gagnée d’avance, même si tout porte à croire que les choses ont été solidement ficelées en coulisses si l’on en croit du reste certaines langues selon lesquelles « l’argent va circuler ».

 

Personne ne sait de quoi demain sera fait

 

Par ailleurs, vu la détermination de l’opposition, à user aussi de tous les moyens légaux pour faire échec aux velléités du pouvoir, il est clair que le Burkina est plus que jamais engagé sur le chemin des incertitudes. Personne ne sait de quoi demain sera fait. Tout le monde craint que la situation ne dégénère, mais en même temps, l’on ne voit pas ce qui est fait dans le sens de l’apaisement.

En tout cas, au rythme où vont les choses, c’est l’image même du pays qui risque d’en prendre un coup. Et, à défaut d’avoir honte, il y a de quoi ne pas être fier de voir l’image du Burkina associée à cette fameuse république du Gondwana que l’on croyait pourtant si loin de nous.   De fait, il est malheureux de constater que le Burkina prend la tête du peloton des pays tripatouilleurs de la Constitution sous nos tropiques et qu’il donne   un bien mauvais exemple à tous ces chefs d’Etat tapis dans l’ombre, qui attendent   l’issue de la crise burkinabè afin d’expérimenter à leur tour la recette Compaoré. Mais, en quoi une démocratie multipartite sans alternance serait-elle différente du régime du parti unique ?   La seule différence est que le second a l’avantage d’être clair, alors que le  premier est beaucoup plus insidieux.

Par ailleurs, il faudrait rompre avec cette mentalité qui tend à voir en tous ceux qui sont en désaccord avec le président, des ennemis de ce dernier. Blaise Compaoré n’est pas l’ennemi de ceux qui pensent qu’il devrait céder son fauteuil au terme de son mandat actuel, comme le recommande la Constitution actuelle. Il n’est pas non plus forcément l’ami de tous ceux qui demandent à cor et à cri qu’il reste encore au pouvoir. Au contraire,   il est certain que beaucoup, dans son entourage, luttent plutôt pour préserver leurs propres avantages matériels, afin de continuer à manger, roter bruyamment et prospérer aux côtés du président, pendant que le peuple, dont on profite de l’ignorance, croupit dans la misère.

Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, il faut reconnaître qu’après 27 ans de pouvoir, Blaise Compaoré est devenu une véritable bête politique, qui a su utiliser, après le bâton,  la carotte pour s’assurer la fidélité de bien des personnes à l’égard de qui il se sera montré généreux à souhait, même avec des personnes que l’on compte aujourd’hui parmi ses contempteurs les plus farouches. Cela a eu pour effet d’amener certains à renoncer à leurs convictions, pendant que d’autres empruntait le chemin inverse.

Toutefois, quelles que soient les raisons avancées pour justifier l’attitude du président qui, pour certains relèverait de la boulimie du pouvoir et pour  d’autres de son intime conviction d’indispensabilité, Blaise Compaoré, s’il a un amour pour ce même peuple, devrait vaincre la peur de l’après-pouvoir pour autant que c’est ce sentiment qui l’anime.    Après toutes ces années, l’on ne voit pointer à l’horizon, aucun dauphin putatif qu’il ait préparé pour lui succéder. Cela laisse une impression d’échec.

En tout état de cause, avec la situation actuelle, Blaise Compaoré est en passe d’être un médiateur qui aura lui-même besoin d’une médiation. Exactement comme ce fut le cas de Mamadou Tandja et de Laurent Gbagbo qu’il avait conseillés. Ce serait alors, une ironie de l’histoire. En tous les cas, en ce XXIe siècle, l’on peut comprendre que des troubles surviennent pour des raisons d’ordre ethnique, religieux, terroriste, etc.   Mais pas pour des raisons liées à  l’alternance démocratique. En tout état de cause, au Burkina Faso, le pouvoir semble s’installer dans la logique du déni démocratique.

 

Outélé KEITA

 


Comments
  • Si jamais le Président de l’ADF trahi sa parole, il peut être sûr de deux choses :
    – le président et ses affidés le trahiront avant la fin de l’année 2015,
    – il aura désormais des difficultés pour circuler parmi le peuple et aller à la messe dans les petites chapelles car tous les regards seront sur lui.
    Ce sera la fin de sa vie politique et sociale. Or, il est jeune et à l’abri du besoin.

    22 octobre 2014
  • C’est bien dommage mais c est parce que la consttuttion l autorise qu on en est la

    Belle leçon pour nos hommes politiques qui sont aujourd’hui dans l opposition et qui dinaient hier avec le prince.

    Les compromissions d hier nous reviennent toujours aussi il nous faut

    disposer pour l avenir et eviter de se jouer du peuple.

    22 octobre 2014
  • Le Burkina risque de prendre feu car nos dirigeants ont cesser de réfléchir et paieront les conséquences de leurs entêtements !!!!!!!!

    23 octobre 2014
    • Blaise COMPAORE fonce tout droit dans le mur! qu’il se resaisisse à temps sinon il risque ineluctablement de sortir par la très petite porte de l’histoire! Quant à Gilbert NÖEL OUEDRAOGO et son ADF-RDA,qu’il sache qu’il est dans le viseur du peuple et c’est son avenir qui va se jouer maintenant! A bon entendeur, salut!

      23 octobre 2014
  • Blaise est malin et a réussi ainsi a faire en sorte que tous les profiteurs indécis soient obliger d’être de son côté. Ainsi les partis et la société civile qui se sont engagés comme accompagnateurs, suite à la crise de 2011 sont aujourd’hui pro-Blaise car solidaire du projet de loi révisant la constitution. Le gouvernement est dans le sac.
    La patate est entre les mains de l’AN, comme l’ADF est une pute peureuse, elle se vendra, les 3/4 seront ainsi acquit et le référendum sera fait ou au pire la modification de l’article 37 s’opèrera.
    La seule solution à ce que ce forfait ne se fasse pas est d’obliger les Députés à ne pas voter. Pour cela deux possibilités se présentent: 1) se mettre à la porte et leur données l’assurance que l’application se fera sans eux en tout cas physiquement;
    2) faire en sorte qu’il ne soient pas à la session. Comme ils ne logent pas dans les arbres le voisins donneront leur position (un francs symbolique pour la libération).
    Si aucune de ces solution ne les empêche on peut passer au plan B. Dans tous les cas quelque chose ne sera pas facile à avaler.

    23 octobre 2014
  • Ils faut tous les Ministres et Députés qui auront contribué à mettre le feu à ce beau pays qu’est le Burkina sachent ke nous les tenons pour responsable de tous ce qui pourraient se passer si toutefois un des membres de tout un chacun venait à perdre la vie à cause de leur désir de preserver leur ventre,q’ils sachent ke nous leur tiendrons pour responsable des désagrément encourus et nous nous engageons à faire d’eux(ou membre de famille) la première cible de notre instint de vengence.

    23 octobre 2014
  • Merçi au journal le

    23 octobre 2014
  • Il est claire que notre JUDA c’est l’ADF. Depuis le duc du Yatenga à son fils, le RDA n’a joué que pour ses intérêts. Mais Gilbert connait Ouahigouya. Il sait aussi que la trahison a un prix. Tout comme l’éléphant, le peuple oublie difficilement.

    23 octobre 2014
  • Burkinabé de tous bords continuez à vous mobilisez pour barrer la route à cette forfaiture; ils nous diront après que cette modification (proposition de verrouillage de l’article 37 avec un mandat de 5 ans renouvelable une fois) vise plus le prochain président élu (autre que BC) en 2015; mais l’histoire retiendra que seule la mobilisation du peuple a permis d’éviter la monarchisation du pouvoir comme le souhaite le clan BC plutôt que BC lui-même, prisonnier du clan, qui visiblement souhaite se défaire de ce fardeau.

    23 octobre 2014
  • S’IL LE FAUT BOYCONTONS LE REGLEMENT DE NOS FACTURES D’EAU ET D’ELECTRICITE JUSQU’A NOUVEL ORDRE ET GARE S’IL Y A COUPURE DELESTAGE OU PENALITE

    23 octobre 2014
    • Mon frère faux pas en profité sur la situation du pays pour ne pas regler tes factures.tes facture non rien à avoir avec la politique.dit plutôt que tu na pas d’argent pour les payés.

      27 octobre 2014
  • BLAISE JOUE CONTRE LUI-MEME. En appelant à un référendum tout en feignant d’ignorer que par non-rétroactivité du droit, il ne peut être président, il appelle au non respect de la loi; cette rétroactivité de la loi qui lui a permis de rebelotter après ces 2 mandats et cette loi qui lui a permis d’éviter des coups d’Etat. MAIS comme il a choisi de fait de se défaire de la loi il en emporte l’entière responsabilité de s’être soustrait à la protection de la loi.
    Que personne ne vienne nous berner à raconter que les DEPUTES PEUVENT VOTER CONTRE LA LOI. On s’en fout comme qui dirait l’autre. L’intégrité des burkinabé est légendaire mais non réelle. Même les députés burundais ont été plus digne que les nôtres. Au BURKINA LE VENTRE PESE PLUS QUE L’INTEGRITE mais nous allons rectifier cela même s’il faut renouveler un 15 octobre et proclamer la 2EME RECTIFICATION.

    23 octobre 2014
  • Écoutez, vous savez l’opposition a commis l’erreur d’aller à la Négociation et au Dialogue Inclusif National sans faire de concession. Nous disions à ce même forum que dans une négociation aucune partie ne peut gagner seule et que chacun des parties doit lâcher quelque chose pour arriver à un compromis. Malheureusement les thuriféraires de l’opposition sont restés sur des positions intangibles qui à conduits à l’échec de ce Dialogue qui aurait pu être l’occasion d’un consensus national sur la gouvernance du pays! Alors, maintenant que le rapport de force politique est engagée entre la majorité et l’opposition, nous croisons les doigts pour que ce pays en sorte renforcée et que chacun occupe la place qui lui revient! Dieu protège le Burkina Faso! Salut!

    23 octobre 2014
    • SACKSIDA, ce que tu ne sais pas est que le dialogue convoqué par Blaise était une pièce de la stratégie de conservation du pouvoir conçue depuis plus de deux ans.
      J’ai personnellement discuté à avec des hauts placés du CDP qui me l’ont confirmé même avant le dialogue. Ils ont juste appelé au dialogue autour de quoi? mise en place du SENAT et la légalité du réferendum. Or, tu sais très bien comme Blaise d’ailleurs que sur ces deux points l’opposition ne pouvait pas faire de concessions! Blaise le savait, et cela fait partie de son stratagème! C’était pour se donner bonne conscience et dire au monde qu’il est un homme de dialogue qui a tout tenté en vain et qui en derneier ressort ne peut que consulter le peuple.
      Donc, croyez moi ou pas, Blaise ne pouvait que modifier la Constitution, puisqu’il se dit fort, dieu, indispensable, le seul qui peut construire un pays!
      On verra!

      23 octobre 2014
  • Révision pour permettre à la personne Blaise COMPAORE de rester au pouvoir. Il s’agit d’une tentative d’instauration d’un pouvoir personnel, ce qui est interdit par l’article 168 de la constitution.
    Article 168
    Le peuple burkinabè proscrit toute idée de pouvoir personnel. Il proscrit également toute oppression d’une fraction du peuple par une autre.
    Je me souviens qu’à la mort de Nelson Mandela, Blaise Compaoré avait a déclaré qu’il est allé à l’école de Mandela. Un internaute avait répondu que Blaise était donc le dernier de la classe dans cette école.
    Certains disent que parce que Blaise est aimé par le peuple Burkinabè, il doit demeurer au pouvoir. Ne pensez vous pas que le peuple sud africain aimait Mandela un homme de paix. Mais ce dernier a cédé le fauteuil par amour pour sa patrie.
    Aucun être n’est indispensable pour une nation. Ce serait idiot et dommage de penser que ce mortel est l’unique être qu’il faut pour diriger ce pays.
    Si aujourd’hui Blaise n’est plus pensez vous que le Burkina va disparaitre.
    Blaise dispose de bourreurs d’urnes, de voleurs d’urnes, de gens comme Damana Pickass, comme Paul Yoa N’Dré…
    Nous avons vu ce qui est arrivé à Tandja, à la côte d’Ivoire… pourquoi s’obstiner à prendre un chemin qui va enflammer le pays ? Pourquoi ?
    Tout ce que je souhaite c’est que mon pays ne s’enflamme pas.

    23 octobre 2014
  • L’ADF/RDA va t-elle trahir la Patrie? Va t-elle contribuer à l’instauration d’un pouvoir personnel?

    23 octobre 2014
  • Ce n’est pas Gilbert le problème. C’est au Burkinabé la faute.
    Pourquoi Ablassé n’a pas eu 10 député ?
    Pourquoi les sankaristes ne sont 20 ?
    Pourquoi l’UPC n’a pas 35 député.

    Que chaque burkinabé qui a voté le CDP assume.
    On va dire que les villageois et villageoises ne savent pas, c’est faux. Quand ils sont à Yalgado, il appele Dieu de les sauver. Et Blaise leur donne 1000 cfa, il le vote , Kien oui !

    Blaise fait ce que tu veux !

    23 octobre 2014
    • cher Angba! merci pour cette belle analyse mais n’oublie pas qu’il y a eu beaucoup de fraude lors des législatives passées. il semblerait que le CDP ne devait même pas avoir plus de 2 députés dans la ville de Ouagadougou! mais tu vois qu’il a jusqu’à 5 députés ici à ouaga! comprends notre misère! prions pour la paix! Dieu bénisse notre cher pays! Amen!!

      23 octobre 2014
  • L’ADF/RDA NE TRAHIT PAS ELLE A SES RAISONS QUE D’AUTRES AVAIENT POUR TRAHIR ET VENIR AUJOURD’HUI FAIRE LEUR MEA CULPA OU ETAIENT ILS QUAND ILS COMPOSAIENT TOUS AVEC LE PRINCE PENSAIENT ILS AU PEUPLE TOUS CEUX QUI CRIENT

    23 octobre 2014
  • BONJOUR les hommes en tenue POUR 2015 DANS TOUTE L’AFRIQUE QUI GAGNE ICI DE BONNES RAISONS………………………………………………..!

    23 octobre 2014
  • Et comme ça on modifie la constitution et blaise règne jusqu’en 2030 (Mandat de 5 ans renouvelable deux fois). ça suffit pour mourir au pouvoir et c’est fini.

    23 octobre 2014
  • C’est simple: allons au scénario catastrophe de JBO./ . Armée républicaine, patriotique , honnête ton peuple te fait appel, siffle la fin de la récréation qui n’a que trop duré. Y en a marre de tous ces politiciens!

    23 octobre 2014
  • trop c’est trop.la génération actuelle veut le changement.Nous assumerons les conséquences de nos actes

    24 octobre 2014
  • ces dirigent je les voit comme le filme de sya le rêve du piton, toute génération qui voie que ce piton n’existe pas il faut les massacre de peur qu’ils ne dise la vérité,même les fous il finisse par les tuer de peur qu’il ne parle ci après 27an il sont incapable devenir des hommes que va devenir leurs sort; dans cette marche le peuple est près on va ce le faire cette massacre en semble .ou vous soyer des homme pour donner e bon exemple ou vous soyez des lâche vouloir anéantir votre propre prochain

    27 octobre 2014

Leave A Comment