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SITUATION NATIONALE:Le décryptage de Yambangba Alfred Sawadogo


L’auteur du point de vue ci-dessous veut apporter sa contribution au débat politique en cours dans notre pays. Partant du dernier appel lancé par des parlementaires de la majorité au président du Faso, Alfred Yambangba Sawadogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, pense qu’il serait absurde de croire qu’avec les démissions enregistrées au sein du parti au pouvoir, les 70 députés élus sous la bannière du CDP épousent l’idée d’un référendum. Lisez !

 

La semaine dernière, un groupe de députés du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ont formulé une proposition de loi modificative de l’article 37 de la Constitution. Pour évaluer la portée réelle d’une telle proposition, il serait pertinent d’examiner les différentes forces en présence qui composent notre Assemblée nationale. Ensuite, on peut évaluer objectivement le potentiel porteur d’une telle proposition.

On le sait, l’Assemblée nationale issue des élections du 2 décembre 2012 a une configuration très dispersée : 13 partis politiques (sur 74 qui ont concouru au suffrage) se partagent 127 députés dont 6 partis comptent chacun un seul député. Mais à tout seigneur, tout honneur.

Le CDP compte à lui seul 70 députés. Mais cela, c’était au sortir des urnes le 2 décembre 2012. Aujourd’hui en septembre 2014, que sait-on de ce qui reste de ce groupe ? Le mystère est total car, depuis le début de l’année 2014, ceux qui, au sein du CDP, donnaient des insomnies au niveau des partis politiques de l’opposition sont allés fonder le MPP. On le sait, un seul député du CDP (le Larlé Naaba) a rendu sa démission. Mais, il n’est un secret pour personne : les poids lourds du CDP qui sont partis, ont laissé derrière eux, au sein du groupe parlementaire CDP, leurs amis restés tapis dans l’ombre pour épier les moindres faits et gestes discordants pour bloquer la machine jusqu’au cran d’arrêt. Parmi ces députés, on ne sait plus qui est qui, et cela affaiblit un parti. On peut donc conclure que les 70 députés du CDP, au sortir des urnes, ne pèsent plus du poids de 70 députés, mais de 70 députés – (moins) des inconnues. Nous sommes donc en présence de ce qu’on appelle en sociologie des forces résiduelles. C’est parce qu’il en est ainsi que le CDP et ses alliés font de la mise en place du Sénat une question « de vie ou de mort » afin de profiter de cette institution mal aimée pour renforcer leurs rangs et essayer d’atteindre le quorum des ¾ des membres du nouveau Parlement composite (Députés + Sénateurs). Une fois ce quorum atteint, rien ne s’opposerait désormais à la refondation de l’article 37 qui limite le mandat présidentiel à deux. Et c’est à la recherche de ce quorum introuvable qu’ils veulent faire un passage en force pour aller au référendum et mettre le pays sens dessus-dessous. Et l’autre jour, la visite du CDP à l’UPC qui semblait traduire la fraternité, le seul bien inaltérable de notre peuple, a vraiment été mise à mal avec derrière, cette proposition de loi malvenue des députés CDP, comme si ceux-ci agissaient en dehors d’une discipline échappant au centre de décisions du parti. Sinon, comment comprendre que le CDP vienne en frère pour saluer l’UPC, en cachant derrière son dos un couteau sorti de son fourreau ?

L’UPC (Union pour le changement) : 19 députés. Ceux-ci attendent, stoïques, observant ce que va pouvoir faire le camp d’en face. Ce parti est la tête de proue de l’Opposition. Il inspire confiance ; son président est porteur de toutes les espérances et de la fougue de tous ceux qui disent non à la refondation de l’article 37.

L’ADF/RDA : 18 députés. Ce parti appartient à la majorité présidentielle. Pour cela, le CDP penserait l’annexer à sa cause dans la perspective de sauter le verrou qui limite le mandat présidentiel. C’est oublier que depuis 2005, le parti a dit ce qu’il a dit : le parti s’élève contre la refondation de l’article 37. Le parti a tout à gagner en plantant ses pieds à la même place sur ce sujet. Le fait d’appartenir à la mouvance présidentielle destinait ce parti à renforcer le Front républicain. Il s’en est bien gardé et sans doute ses militants en sont fiers. Le CDP devrait faire son deuil sur cet espoir de compter avec l’ADF/RDA pour ouvrir les vannes d’un pouvoir à vie en sautant le verrou de l’article 37.

UPR (Union Pour la République) : 6 députés. Ce parti est de la mouvance présidentielle et milite dans le même sens que le CDP. Donc, ces 6 députés renforcent les rangs de ceux qui veulent voir sauter le verrou limitatif de l’article 37. Cela porte théoriquement à 76 le nombre de députés pour le pouvoir à vie ; mais il faut les ¾ du parlement qui compte 127 députés, soit 96 députés pour rendre possible la chose. Il manque encore théoriquement 96-76 = 20 députés.

UNIR/PS (Union pour la renaissance/Parti sankariste) : 4 députés. Le CDP ne lance même pas un coup d’œil d’espoir de ralliement vers ce parti. Celui-ci est le pionnier parmi ceux qui se sont arcboutés contre la révision de l’article 37. Et la terre tremblerait que ce parti restera sur son idéal d’alternance pour 2015.

CFD/B (Convention des forces démocratiques du Burkina) : 3 députés. Ce parti est de la mouvance présidentielle et fait partie de ceux qui luttent pour le pouvoir à vie du président actuel en souhaitant faire sauter le verrou limitatif du mandat présidentiel. Cela porte théoriquement à 79 le nombre de députés qui voteront pour un article 37 modifié.

PDS/METBA (Parti pour la démocratie et le socialisme/ Parti des Bâtisseurs) : 2 députés. Les responsables de ce parti et le parti lui-même font partie des fers de lance de l’opposition qui revendique l’alternance en 2015 ; donc la non-modification de l’article 37. Ce sont des ressources humaines de grande qualité pleines de générosité qui ont fait leur preuve qu’on peut gérer autrement pour le bien du pays. Ces 2 députés ne sont pas à prendre !

ODT (Organisation pour la démocratie et le travail) : 1 député. Ce parti est de la mouvance présidentielle. Cela porte donc théoriquement à 80 députés qui souhaitent le pouvoir à vie du président actuel en sautant le verrou limitatif de l’article 37.

RDB (Rassemblement pour le développement du Burkina) : 1 député. Ce parti serait de la mouvance présidentielle. Cela porte à 81 les députés souhaitant le pouvoir sans limitation de l’actuel Président du Faso.

UNDD (Union nationale pour le développement et la démocratie). Sous la IIIe République, on appelait ce parti « le nouveau Soleil levant » à cause de son logo ; mais on constate qu’au sortir des urnes du 2 décembre 2012, ce soleil a pâli, juste avec un seul député. Ce parti est de la mouvance présidentielle et du Front républicain qui souhaite la refondation de l’article 37 pour un pouvoir à vie du président actuel. On est donc à 82 députés souhaitant le pouvoir sans limite du président actuel.

CNPB (Convention nationale pour le progrès du Burkina) : 1 député. Ce sont les refondateurs non écoutés du CDP. Ils ont fondé ensemble avec les autres ténors qui ont quitté le CDP, le MPP. Et là encore, cet unique député de ce parti n’est pas à prendre. C’est impossible !

RDS (Rassemblement pour la démocratie et le socialisme) : 1 député. Ce parti est incarné par le Dima de Boussouma. C’est lui-même le député. Avec lui, il n’y a rien à marchander, et le CDP n’y pense même pas. Les hommes de la tradition à ce haut degré de responsabilité n’ont qu’une seule parole.

Le Faso autrement : 1 député. Ce parti et son député sont fortement engagés dans l’Opposition politique pour empêcher la révision de l’article 37. Le député lui-même est en première ligne des manifestations de l’Opposition politique. Comme les députés du Parti Sankariste, ce député n’est pas à prendre.

En conclusion, l’on peut dire que théoriquement, 82 députés pourraient voter pour la réforme de l’article 37. Mais il en manquerait toujours 96-82 = 14 députés. Comment trouver ces 14 députés parmi les rangs serrés des autres partis politiques ? C’est là toute l’impossibilité qui fait que le CDP menace la paix sociale du pays en voulant faire un forcing pour aller coûte que coûte au référendum alors qu’il est plus facile et citoyen pour lui de s’en tenir à l’esprit et à la lettre de notre Constitution : ne pas caresser la marche de l’histoire de notre peuple à rebrousse-poil ! Dès lors, étant tous des frères de ce beau pays, nous célébrerons ensemble la sérénité retrouvée et chacun apportera sa pierre pour que nous poursuivions ensemble la construction de notre nation. Quelle belle aventure humaine à notre portée ! Mes frères, je vous y convie !

Paris le 12 septembre 2014

Sawadogo Yambangba Alfred, Sociologue, auteur de « Ma deuxième campagne électorale ».


Comments
  • Merci et que le Seigneur vous bénisse Mr SAWADOGO pour ce calcul rationnel bien démontré et l’appel de paix lancé.Le Cdp et son empire financier (ministres, députés, chefs d’entreprises..) veulent acheter par la force le “OUI” des pauvres électeurs Burkinabés.Les députés cdp sont prévenus si le Burkina sombre dans une situation funeste irréversible,eux et “leur faiseur de paix chez les autres” sont les 1ers comptables. ATTENTION ATTENTION chers députés de majorité vous risquez de mettre ce beau pays en sang avec votre referendum et son cortège de malheurs . Personne ne souhaite que le BURKINA devienne la Centrafrique ou Irak ou un grand cimetière à la Rwandaise à cause d’un seul homme après 28 ans de règne sans partage qui s’accroche désespérément à sa chaise présidentielle. La vie ne se résume pas à une seule personne nul n’est indispensable pour son peuple. John Rawlings a quitté le pouvoir il n’en est pas mort ainsi que John Kuffour, Oumar Konaré, Wade. On aime NOTRE CHER FASO AVEC SON VAILLANT PEUPLE. RIEN NE SERT DE PARLER DE PAIX PENDANT ON DÉTIENT DES ARMES POUR TIRER SUR LE PAUVRE PEUPLE, CHANGEZ Cdp C’EST ENCORE MEILLEUR.

    QUE LE SEIGNEUR BÉNISSE LE BURKINA. AMEN
    PAIX ET JOIE A TOUS LES BURKINABÉS. AMEN
    NON AU SÉNAT.
    NON A LA RÉVISION DE l’A37
    VIVE LE PEUPLE BURKINABÉ
    VIVE LA DÉMOCRATIE A 2 MANDATS
    VIVE L’ALTERNANCE 2015

    ACHILLE TAPSOBA LE BOBOLAIS
    Partisan inconditionnel de l’alternance

    19 septembre 2014
  • Apparaissent enfin d’authentiques acteurs, pionniers des premiers chantiers de la société civile, après avoir laissé le champ libre à de minables imposteurs (la société civile au Burkina jusqu’à preuve du contraire est de nature apolitique), d’autant plus utiles du fait du sens aigu de la dignité et d’un cumul d’expérience avéré. Il en reste, dont la retenue est évidement à saluer, car la confusion des genres ne profite qu’aux pêcheurs en eaux troubles. Mais la pédagogie de l’histoire se chargera du traitement approprié aux aventuriers sans foi ni loi, après l’alternance de 2015. Le ridicule dans lequel nous plongent les zélateurs du régime actuel, qui appellent le Chef de l’Etat à l’incivisme, est inédit dans notre pays. Mais les Burkinabè, c’est-à-dire ceux qui sont imbus d’’intégrité –y compris dans les rangs de la majorité-auront sûrement les ressorts nécessaires pour rebondir et écrire des pages glorieuses de l’histoire contemporaine de notre pays.
    Salut grand frère !

    19 septembre 2014

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