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SIXIEME MANDAT DU PRESIDENT OUGANDAIS  


Et de 6 pour Yoweri Museveni ! Le septuagénaire président ougandais a, en effet, prêté serment pour un nouveau bail à la tête du pays. C’était le 12 mai dernier à Kampala, en présence d’une demi-douzaine de chefs d’Etat africains, mais en l’absence de son principal rival et opposant, le député-chanteur Robert Kyagulanyi, plus connu sous le nom de Bobi Wine, qui continue de dénoncer, quatre mois après la tenue du scrutin, des fraudes électorales et de revendiquer la victoire. Comment peut-il en être autrement quand le natif de Ntungamo, qui bat aujourd’hui des records de longévité au pouvoir en Afrique et dans le monde,  n’a pas craint, il y a de cela déjà quelques années,  de considérer son pays comme « une bananeraie que j’ai plantée et qui commence à donner des fruits » ?  C’est dire si avec une telle mentalité qui en dit long sur les intentions de l’homme, l’on est bien parti pour un pouvoir à vie de Yoweri Museveni en Ouganda. En tout cas, avec de tels signes d’insatiété après 35 ans de pouvoir, c’est peu de dire que l’homme est en train d’enfouir profondément ses racines dans « sa  bananeraie » où il compte probablement dresser sa sépulture.

 

 

Il faut s’attendre à ce qu’après lui, il prépare le terrain pour une succession dynastique de son fils

 

 

En tout cas, ce sixième mandat qui est largement un autre mandat de trop, est la preuve que Yoweri Museveni est dans des dispositions d’esprit qui laissent croire qu’il considère son pays comme sa propriété personnelle. Dans ces conditions, il faut s’attendre à ce qu’après lui, il prépare le terrain pour une succession dynastique de son fils aîné, le lieutenant-général Muhoozi Kainerugaba Museveni,  bombardé N°2 de l’armée depuis février 2019 et qui est positionné dans l’antichambre du pouvoir, comme il en été au Togo, au Gabon, en RDC et plus récemment au Tchad, avec bien entendu le concours d’une Grande muette aux ordres et totalement acquise à la cause du prince régnant. C’est à se demander si, à la suite de la parenthèse des longs règnes qui peine encore à se refermer, il ne se profile pas insidieusement à l’horizon de la démocratie africaine, l’épidémie des successions dynastiques avec, en plus des exemples sus- cités,  des pays comme le Cameroun, le Congo Brazzaville et on en oublie, où des fils de présidents attendent de sortir de l’ombre de leurs géniteurs respectifs. Et avec tout cela, on veut parler de démocratie sur le continent africain. De qui se moque-t-on, avec de telles démocraties en trompe- l’œil, bien ligotées et fagotées pour servir des intérêts individuels et de clans ? La question est d’autant plus fondée qu’en plus d’être des incarnations de la négation de l’alternance dans leurs pays respectifs, tout porte à croire que ces dirigeants africains tirent une satisfaction particulière de leur pouvoir dictatorial, en s’affichant ostensiblement comme de grands prédateurs de la liberté d’expression et d’opinion, et en rivalisant d’ardeur dans l’oppression et le musellement de l’opposition quand ce n’est pas la société civile qui est réduite à sa plus simple expression.

 

 

C’est le genre de démocratie de façade dont l’Afrique n’a pas besoin

 

 

Ce, au vu et au su des grands donneurs de leçons démocratiques dans le monde, particulièrement les grandes puissances occidentales et en l’occurrence les Etats-Unis d’Amérique pour ce qui est du cas de l’Ouganda. Dans ces conditions, comment ne pas plaindre le sort d’un opposant comme Bobi Wine qui, malgré son courage et sa témérité, semble se battre contre des moulins à vents en Ouganda, dans son combat pour l’alternance ? En tout cas, le fait est que le bien nommé opposant dont le sobriquet Wine signifie « vin » en français, a beau s’égosiller, cela ne va pas   troubler le sommeil du maître de Kampala encore moins l’empêcher de déguster ses spiritueux.  Mais c’est le genre de démocratie de façade dont l’Afrique n’a pas besoin et qui contribue à  maintenir le continent dans un état d’arriération, en raison de la mal gouvernance qui est devenue la principale caractéristique de ses dirigeants. C’est aussi sur ce terrain-là que l’Union africaine (UA) est attendue ; elle qui est prompte à bander les muscles contre les auteurs de coup d’Etat, mais qui reste paradoxalement atone face aux prédateurs de la démocratie qui ne cessent de faire des émules à coup de charcutages et autres tripatouillages constitutionnels sur le continent. C’est dire si ce sixième mandat de Museveni n’apportera rien d’autre que de la sueur, des larmes et du sang au peuple ougandais qui n’est visiblement pas au bout de ses peines, surtout si le fils devait succéder au père, comme tout semble l’indiquer. Pauvre Afrique, pauvre Ouganda !

 

« Le Pays »

 

 


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