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SOMMET AFRIQUE-UE  


Il s’ouvre aujourd’hui à Bruxelles, après Abidjan en novembre 2017, le 6ème sommet Afrique-Union européenne (UE) ; un rendez-vous qui était très attendu et ce, après l’interruption imposée par la pandémie de la Covid-19. La tenue de ce sommet intervient dans un contexte marqué par la persistance de la crise sécuritaire en Afrique sur fond de vives tensions entre la France qui assure la présidence de l’Union européenne et le Mali où sont déployées non seulement la force française Barkhane,   mais aussi la force européenne Takuba. Le rendez-vous UE-UA se tient aussi dans un environnement caractérisé par une rude concurrence entre les Européens et de nouveaux acteurs économiques et politiques internationaux qui convoitent les richesses de l’Afrique. Il s’agit notamment des Russes et surtout des Chinois qui continuent d’enlacer toute la planète avec leur mégaprojet de la nouvelle route de la soie. C’est donc tout naturellement que ces questions s’imposent au menu des échanges entre Africains et Européens. En effet, trois thèmes majeurs sont à l’ordre du jour : les principes fondamentaux d’une future alliance établie dans le respect et les intérêts mutuels, la création d’un espace commun de prospérité en lien avec l’institution d’une zone de libre-échange connectée au marché intérieur européen et enfin la question de la sécurité et de la stabilité en Afrique.

 

 

L’Afrique est au centre du grand projet européen

 

 

C’est dire si les résultats attendus de ces échanges, revêtent une importance capitale de part et d’autre de la Méditerranée. En attendant donc de faire le bilan quand tomberont les rideaux sur ce 6ème sommet, l’on sait déjà que l’Afrique est au centre du grand projet européen qui vise à contrecarrer la nouvelle route de la soie chinoise, le Global Gateway (BDN) dont le montant se chiffre à 300 milliards d’euros et qui vise à répondre au manque d’équipements constaté sur le continent ou ailleurs dans les secteurs numérique, climatique, énergétique, dans les transports, la santé, l’éducation ou encore la recherche. Donc, l’Europe va mettre la main à la poche pour des investissements structurants à même de permettre le décollage économique du continent. Mais le tout n’est pas de mettre l’argent sur la table. Encore faut-il qu’il serve réellement à ce à quoi il est destiné. L’on sait que bien des milliards de la coopération entre l’Afrique et l’Occident ont servi à bâtir les colossales fortunes de dictateurs soutenus par les Européens eux-mêmes pendant que les populations végètent dans la misère. Par ailleurs, l’on sait que les financements européens ont très souvent eu pour objectif le maintien de l’Afrique dans le schéma colonial, c’est-à-dire de faire du continent un réservoir de matières premières et un débouché pour les produits manufacturés européens. Et le pire est que dans ce schéma, le faible pouvoir économique des Africains a toujours été raboté par des termes d’échanges inégaux.

 

 

La fronde contre l’Europe n’a de sens que si l’Afrique se regarde dans le miroir et accepte de faire sa toilette

 

 

L’enjeu des relations entre l’Afrique et l’Europe est de rectifier ce schéma pour permettre aux deux parties du monde, de traiter d’égal à égal dans le respect mutuel et dans la préservation des intérêts des uns et des autres. En d’autres termes, il faut aller vers un renouveau du partenariat Afrique- Europe.  En tout état de cause, les opinions publiques africaines ne sont plus prêtes à assister au pillage des ressources naturelles du continent si ce n’est dans un partenariat gagnant-gagnant et cela est manifeste à travers le regain du sentiment anti-occidental. Mais il faut le dire, cette fronde contre l’Europe n’a de sens que si l’Afrique elle-même se regarde dans le miroir et accepte de faire sa toilette pour se débarrasser des maux qui ne font pas d’elle, un partenaire crédible et respectable. Et ces maux ont des noms bien connus : gabegie, détournements de deniers publics, corruption et instabilité politique et institutionnelle. Il faut aussi que le continent se départisse de cette vilaine image du gueux qui tend toujours la sébile, pour présenter l’image d’un partenaire qui a des atouts à vendre. Cela dit, au-delà des questions économiques entre les deux parties prenantes aux échanges, tout comme le montrent les rencontres tenues en prélude à ce sommet UE-UA, une part belle sera faite à la crise sécuritaire avec certainement pour focus, la question malienne. L’on sait que la France qui, sans nul doute, pliera bagage du Mali, est à la manœuvre pour embarquer avec elle tous les autres partenaires européens. Et l’on comprend bien la démarche dans la mesure où l’implication des nations européennes dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, notamment au Mali, n’a été possible qu’au prix d’intenses efforts diplomatiques du président français, Emmanuel Macron. Donc, ce sommet pourrait être celui de la rupture entre Bruxelles et Bamako mais l’on peut espérer que la raison prévale dans les décisions car, à trop punir, l’on peut aboutir à l’effet inverse dans le nouveau partenariat voulu entre l’Afrique et l’Europe. Car, le Mali, en effet, peut être le trou de mite qui détruira tout le tissu de la coopération africano-européenne. L’on sait, en effet, que le régime de Bamako surfe sur le sentiment anti-occidental qui fait aujourd’hui recette en Afrique.

 

« Le Pays »       

 

               


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