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SOMMET ANNONCE DE LA CIRGL SUR LA RCA


La crise centrafricaine, on se rappelle, a été au cœur de la conférence sur la région des Grands Lacs (CIRGEL). Les participants de ce mini-sommet qui s’est tenu dans la capitale angolaise, le 29 janvier dernier, a d’abord « réitéré la validité des élections du 27 décembre » et affirmé qu’ils « ne permettront pas que des acteurs qui s’opposent aux résultats, prennent le pouvoir par la force ». Le message était clair et martial. Et l’on n’a pas besoin de se triturer les méninges pour imaginer les noms des « acteurs qui s’opposent aux résultats » et nourrissent le projet de prendre « le pouvoir par la force ». Ces circonlocutions ne peuvent désigner que François Bozizé et ses amis de circonstance de la CPC (Coalition des patriotes pour le changement). En effet, la feuille de route de ce regroupement est sans équivoque : chasser le président nouvellement élu, Faustin Archange Touadéra, par les armes et prendre le pouvoir. De ce fait, le putschiste devant l’Eternel et ses comparses de la CPC, se sont mis en toute conscience, dans le viseur de la CIRGL. Logiquement donc, l’on pouvait s’attendre à ce que cette dernière appuyât sur la gâchette.

 

On est fondé à croire que derrière les discussions, se cache mal une volonté de remettre en selle, Bozizé

 

Mais elle a préféré garder l’arme au pied face aux défiances répétées de la bande de Bozizé. Pire, c’est dans ce contexte où la CIRGL semble se dégonfler comme un ballon de baudruche face aux provocations de la CPC, que des émissaires de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale) ont décidé d’engager des discussions avec plusieurs acteurs de la rébellion.  Initialement, les émissaires de la structure sous-régionale devaient rencontrer l’ancien président Bozizé au Tchad, non loin de la frontière avec la Centrafrique. Finalement, ce dernier s’est fait représenter par son fils, Jean Francis Bozizé et l’un des leaders anti-balaka, Makine Mokom. L’objectif de ces discussions, à en croire la CEEAC, est d’examiner soigneusement les intentions de François Bozizé et de la rébellion pour tenter de résoudre la crise en cours en RCA et préparer le prochain sommet de la sous-région prévu pour le 2 mars à Luanda. A-t-on besoin aujourd’hui de sonder François Bozizé pour connaître ses intentions ?  En effet, l’ancien président n’a jamais fait mystère de ses intentions putschistes et criminelles.  Et toutes ses actions, propos et gestes depuis qu’il a été chassé du pouvoir par la Séléka, ont toujours été congruents avec ses intentions putschistes et criminelles. L’on peut donc dire que François Bozizé est cohérent. A contrario, c’est la CEEAC qui ne l’est pas. Et cette incohérence de la structure sous-régionale, profite à François Bozizé. En tout cas, l’on est fondé à croire que derrière ces discussions, se cache mal une volonté de remettre en selle, Bozizé.  L’on est d’autant plus enclin à croire à cette hypothèse que ces discussions se passent à un moment où les forces centrafricaines et leurs alliées russes et rwandais, viennent de reprendre aux mains des groupes armés, la ville stratégique de Bouar dans le Nord-Ouest.

 

La RCA a le malheur d’avoir des ressources minières qui font saliver tout le monde

 

Quelque part donc, on peut voir par-là, des mains cachées au sein de la CEEAC qui tentent de sauver Bozizé à un moment où ce dernier connaît un revers militaire important. De ce point de vue, l’on peut comprendre que les autorités de Bangui ne voient pas d’un bon œil, l’initiative de la CEEAC d’engager des discussions avec François Bozizé. De manière diplomatique, Bangui se dit ouverte à la discussion dans le cadre existant de l’accord de Khartoum, mais pas à un « énième dialogue avec des putschistes ». C’est clair et net : Bangui n’est pas disposée à prendre langue avec le putschiste Bozizé. Même au sein de la CEEAC, l’initiative est controversée. Il y a, en effet, d’un côté les partisans d’un dialogue avec la rébellion. Et de l’autre, les partisans de la méthode forte. Et l’on peut prendre le risque de parier que le président en exercice de la CEEAC, le Congolais Denis Sassou N’Guesso, ne veut pas voir Faustin Archange Touadéra même en peinture. De ce fait, il peut être disposé à mettre du sable dans le couscous de ce dernier. Et la meilleure façon de le faire est de jouer de façon sournoise, la carte du putschiste devant l’Eternel, Bozizé, contre Touadéra. Et ce qui rend davantage le maître de Brazzaville furieux contre Touadéra, pourrait être le fait que ce dernier ait jeté son dévolu sur l’homme mince de Kigali et sur la Russie. Il est fort probable que l’ancienne puissance coloniale de la Centrafrique, c’est-à-dire la France, voie cela d’un très mauvais œil. Et le plus grand « ami » de la France de la sous-région pourrait avoir été  missionné pour corriger Touadéra, pour cette option. Bref, tout cela se joue sur le dos du peuple centrafricain et ce n’est pas demain la veille que cela va s’arrêter. Car, la RCA a le malheur d’avoir des ressources minières qui font saliver tout le monde. De ce point de vue, l’on peut se poser la question de savoir, à propos du sommet qui se profile à Luanda sur la crise en RCA, si l’on veut véritablement sauver la Centrafrique.

 

« Le Pays »  


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