HomeA la uneSOMMET DE LA CEDEAO SUR LE MALI SUR FOND DE SUSPENSION DES SANCTIONS PAR L’UEMOA : La fumée blanche sortira-t-elle d’Accra ?  

SOMMET DE LA CEDEAO SUR LE MALI SUR FOND DE SUSPENSION DES SANCTIONS PAR L’UEMOA : La fumée blanche sortira-t-elle d’Accra ?  


Aujourd’hui, 25 mars, se tient à Accra, au Ghana, un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur le Mali. Un sommet auquel le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta, est invité à participer. Pour un sommet de retrouvailles, c’en est un, depuis celui du 30 mai 2021 qui était le premier et le dernier auquel avait pris part le nouvel homme fort de Bamako qui était venu donner à la Conférence des chefs d’Etat, des éclaircissements sur les derniers développements de la situation politique de son pays, suite à la mise à l’écart du président intérimaire Bah N’Daw et du Premier ministre Moctar Ouane cinq jours plus tôt. Depuis lors, les relations se sont progressivement dégradées entre les deux parties pour finir par les sanctions économiques drastiques que l’on sait, quand le colonel putschiste et ses camarades se sont dit incapables de respecter le délai des dix-huit mois de transition échu en février dernier, pour lequel ils s’étaient pourtant engagés.

 

La Cour de Justice de l’UEMOA vient de demander la suspension des sanctions prises par les chefs d’Etat à l’encontre de Bamako

 

 

Proposant une nouvelle durée de transition de six mois à cinq ans ensuite ramenés à quatre, qui n’avait pas rencontré l’assentiment de la CEDEAO. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Bamako a revu ses ambitions à la baisse en ramenant la durée de la transition à trente-six mois,  puis trente pour finir par vingt-quatre. La question que l’on peut alors se poser est de savoir si la fumée blanche sortira de cette rencontre d’Accra. Autrement dit, après des mois de négociations et de tractations, va-t-on vers un accord de levée des sanctions de l’institution sous-régionale qui commencent à se faire lourdement sentir sur le Mali ? L’on est d’autant porté à le croire que la Cour de Justice de l’UEMOA (Union économique  et monétaire ouest africaine) vient de demander la suspension des sanctions prises par ses chefs d’Etat à l’encontre de Bamako. Une décision tombée à la veille de la rencontre d’Accra, et qui ressemble à tout sauf à un fait du hasard. Quoi qu’il en soit, cette invitation du chef de la junte malienne et cette décision de la Cour de Justice de l’UEMOA sont autant de signaux qui peuvent être lus comme autant de preuves matérielles que l’on s’achemine vers un compromis historique à Accra. En tout cas, c’est une surprise, dans le contexte de tensions actuel, que les chefs d’Etat de la CEDEAO déroulent le tapis rouge à Assimi Goïta en lui rouvrant la porte de leur conclave. Toute chose qui peut être lue comme le prélude à la réintégration imminente de son pays à la maison commune. C’est dire si derrière cette invitation, l’on pourrait lire les signaux d’une main tendue qui traduit une volonté de transformer l’essai de tractations souterraines, d’autant que pendant tout ce temps, le dialogue n’a jamais été complètement rompu entre les deux parties.

 

 

Il est temps de mettre un terme au bras de fer

 

 

C’est dire si, aussi surprenante que puisse paraître l’invitation des chefs d’Etat de la CEDEAO au chef de la junte malienne, leur geste augure d’une issue heureuse pour le peuple malien sur qui commençait à peser lourdement l’embargo économique. Des sanctions rendues encore plus difficilement supportables dans ce contexte mondial de guerre en Ukraine dont les conséquences se comptent jusqu’au tréfonds de nos contrées africaines. En tout état de cause, il est temps de mettre un terme au bras de fer et Accra pourrait être un tournant pour vider ce contentieux qui n’arrange véritablement aucune partie : ni Bamako qui ploie sous le poids des sanctions d’isolement, ni la CEDEAO qui a beaucoup perdu en estime au sein des populations, en raison de ces sanctions largement jugées aussi disproportionnées qu’inopportunes. C’est donc un changement de ton qui devrait permettre à Bamako et à l’institution sous- régionale, d’accorder leurs violons. En tout cas, c’est tout le mal qu’on leur souhaite. D’autant que cette avancée pourrait permettre aussi de sauver les apparences de part et d’autre. Et qui sait si Bamako ne sortira pas de ce sommet, plutôt renforcé par une promesse d’accompagnement de la CEDEAO ? Un tel scénario est d’autant plus envisageable que le contexte semble s’y prêter, après cette décision de dernière minute de la Cour de Justice de l’UEMOA.  Car, il faut croire qu’Assimi Goïta a mis beaucoup d’eau dans… son thé en revoyant considérablement la durée de la transition à la baisse. Et la CEDEAO, de son côté, a lâché du lest en acceptant une prolongation de la transition même si cela est assorti d’une nouvelle exigence de tendre vers la mise en place d’un gouvernement d’union nationale pour le reste de la transition. Ce qui fait dire à certains, que le Premier ministre Choguel Maïga qui semble avoir été tenu à l’écart des dernières négociations, est désormais sur un siège éjectable.

 

 

 « Le Pays »


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