HomeA la uneSOMMET DE LA CEDEAO SUR LE RETRAIT DE L’AES  : Que chacun s’assume !

SOMMET DE LA CEDEAO SUR LE RETRAIT DE L’AES  : Que chacun s’assume !


Les chefs d’Etat et de gouvernement de  la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) étaient réunis, en sommet ordinaire, le 15 décembre dernier, à Abuja au Nigéria. Etaient inscrits à l’ordre du jour, le cinquantième anniversaire de l’organisation ouest-africaine prévu pour se tenir en mai 2025, le projet de monnaie commune et la mise en œuvre de la « force en attente » chargée de lutter contre le terrorisme. Mais s’il y a un point qui a dominé les débats au point d’éclipser les autres sujets, c’est bien le retrait annoncé des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) que sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger, de l’organisation ouest-africaine. Pour être effectif, ce départ que les dirigeants de l’AES voulaient immédiat, interviendra, selon les textes en vigueur, en fin janvier 2025. C’est dire si le sommet d’Abuja s’est tenu à seulement quelques semaines du divorce entre la CEDEAO et l’AES. Si ce n’est pas un échec de la médiation conduite par le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, cela y ressemble fort. Car, à la veille même du sommet, les dirigeants de l’AES, par la voix de leur président en exercice qu’est le Malien Assimi Goïta, ont répété, à qui veut les entendre, que leur décision de se retirer de la CEDEAO, était « irréversible ». Mieux, ils disent même être en train de réfléchir à leurs « modalités de sortie ». Cependant, ils déclarent ouvertes leurs frontières à tous les ressortissants ouest-africains, espérant ainsi un renvoi de l’ascenseur. Voilà qui est donc clair comme de l’eau de roche. L’AES a décidé de claquer la porte de la CEDEAO et n’entend, pour aucune raison, faire marche arrière. Elle l’a dit et réitèré à maintes reprises. Pendant ce temps, la CEDEAO multiplie les initiatives dans l’espoir d’obtenir des dirigeants de l’AES, qu’ils reconsidèrent leur position. C’est à se demander si elle n’est pas en train de s’humilier; tant elle donne l’impression du chien qui aboie pendant que passe la caravane. Pourquoi tant, cette insistance alors que les dirigeants de l’AES se sont voulu, on ne peut plus clairs ? Par son comportement, la CEDEAO agit comme un prétendant quémandant sans cesse les faveurs d’une demoiselle absolument pas intéressée, quitte à s’essuyer les pieds sur sa dignité et son amour-propre sur fond d’aller-retours perpétuels à Canossa ! Pathétique !

 

 

Il faut accepter le fait accompli

 

En tout cas, son insistance est telle que des courants ont fini par apparaître en son sein. En effet, pendant que certains jugent opportun de poursuivre le dialogue avec les dirigeant de l’EAS, d’autres, considérés comme les partisans de la ligne dure, estiment qu’il est temps d’entériner leur retrait de la CEDEAO  afin de passer à autre chose. Pour ces derniers, l’organisation ouest-africaine a déjà subi tellement d’humiliations qu’il ne faut pas continuer d’en rajouter avec des médiations qui ne porteront pas fruit. Ils n’ont peut-être pas tort. Car, autant un pays est libre d’adhérer  à la CEDEAO, autant il est libre de se retirer pour une raison ou pour une autre. Les dirigeants de l’AES sont donc dans leurs bons droits de quitter la CEDEAO s’ils estiment qu’elle « n’incarne plus les idéaux de ses pères fondateurs ». Il n’y a donc pas lieu d’insister. Il faut accepter le fait accompli. Reste seulement à espérer que les uns et les autres s’assumeront pleinement devant l’histoire en travaillant à protéger ou à défendre les intérêts de leurs peuples respectifs. Car, en se décidant de retirer de la CEDEAO, les dirigeants de l’AES ont sans doute pris toutes les précautions nécessaires. Mieux, ils devraient avoir mis dans la balance, les avantages et les inconvénients qui peuvent en découler.

 

Boundi OUOBA


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