HomeA la uneSOMMET DE LUANDA SUR LA CRISE SECURITAIRE A L’EST DE LA RDC : C’est la sincérité qui manque le plus

SOMMET DE LUANDA SUR LA CRISE SECURITAIRE A L’EST DE LA RDC : C’est la sincérité qui manque le plus


La diplomatie s’active pour tenter d’éteindre les braises à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) où la tension reste vive sur la ligne du front, entre les rebelles du M23 et les Forces armées congolaises (FARDC). En effet, il s’est ouvert, le 23 novembre dernier, un sommet dans la capitale angolaise, Luanda, avec pour objectif de donner un second souffle au processus de médiation cornaqué par le président Joao Lourenço, qui avait connu un coup d’arrêt du fait de l’élection présidentielle en Angola. Prennent part à cette rencontre, les présidents Félix Tshisekedi de la RDC, Paul Kagamé du Rwanda et Evariste Ndayisimiye du Burundi ainsi que le facilitateur de la communauté est-africaine, Uhuru Kenyatta. L’ambition est de parvenir, au terme de cette rencontre entre têtes couronnées de la région des Grands Lacs, à une désescalade rapide dans le Nord-Kivu.  En attendant de connaître les conclusions de ce sommet d’urgence, l’on peut déjà se féliciter de cette initiative qui permet aux présidents congolais et rwandais qui s’accusent mutuellement, de s’asseoir  autour de la même table pour tenter de lever les incompréhensions qui attisent le feu qui couve depuis des décennies dans cette région martyre de la RDC qu’est le Nord-Kivu.

 

Il faut se garder de tout optimisme débordant

 

L’initiative est d’autant plus louable qu’elle semble soutenue par les chefs d’Etat de la région qui n’ont pas marchandé leur présence pour encourager les frères ennemis à enterrer la hache de guerre. L’on peut d’ailleurs espérer que l’hôte du sommet qui a fini avec les problèmes domestiques avec sa réélection et qui ne compte pas pour du beurre dans cette région tourmentée des Grands lacs, pourra peser de tout son poids pour faire entendre raison aux frères ennemis qui s’étripent sans fin. Cela dit, si l’on peut se féliciter de ce sommet, il faut se garder de tout optimisme débordant. Car, les rencontres pour désamorcer la bombe du Nord-Kivu, il y en a eu, sans que cela n’impacte la réalité sur le terrain. L’on peut même se risquer à dire que les rencontres se succèdent et se ressemblent, tant elles finissent toujours sur le même constat d’échec. « Quelles sont les causes de ces échecs répétitifs ? » Telle est la question que l’on pourrait se poser.  La première explication est que les belligérants et leurs parrains respectifs manquent de sincérité et négocient toujours avec un poignard dans le dos. Avec une telle posture, les négociations ne peuvent s’inscrire que dans un plan de ruse destiné soit à endormir les interlocuteurs, soit à gagner du temps pour préparer de nouvelles offensives. La seconde explication de ces échecs répétitifs est que les parties belligérantes sont convaincues que seul le rapport des forces sur le terrain, détermine l’issue des négociations. Tout en négociant donc, elles maintiennent le bras de fer sur le plan militaire dans la perspective d’influencer les discussions.

 

La RDC devrait tirer leçon de sa malheureuse situation

 

Mais cette perception des acteurs est fortement préjudiciable au retour de la paix. Il importe donc, si tant est que la communauté est-africaine veuille la paix en RDC, de trouver les moyens de pression adéquats sur les belligérants pour qu’ils abandonnent leur hypocrisie pour s’insérer dans une véritable dynamique de paix. C’est à cette seule condition que l’on pourra crever l’abcès. Il y va de l’intérêt, non seulement de la RDC dont les soldats semblent courber l’échine face à la déferlante du M23, mais aussi de toute la région des Grands Lacs. En effet, on connait toujours où et quand commence l’incendie mais l’on ne sait jamais jusqu’où il pourrait aller. Du reste, les chefs d’Etat de la région doivent être pleinement conscients que la crise sécuritaire en RDC, constitue une véritable poudrière qui menace en permanence d’exploser. En effet, tous les Etats des Grands Lacs ont chacun leur rébellion et il est tout à fait certain que ce volcan, avec ses nombreux cratères, est propice à un embrasement généralisé en raison de la facilité de la circulation des armes des bandes armées.  En attendant donc que les efforts diplomatiques permettent de retrouver le sentier de la paix, il faut déplorer la situation des populations de l’Est de la RDC qui souffrent depuis des années, de la violence des groupes rebelles. C’est une véritable tragédie humaine qui se joue au Nord-Kivu et la situation est d’autant plus grave que l’accès de cette zone aux agences humanitaires, n’est pas garanti. Et c’est d’ailleurs en raison de cette urgence humanitaire que l’on peut souhaiter que le sommet de Luanda qui précède de quelques jours celui de Nairobi sur la même actualité brûlante, puisse produire au plus vite des effets qui permettront d’atténuer la souffrance des populations. Quant à la RDC qui fait courir tous ces chefs d’Etat, elle devrait tirer leçon de sa malheureuse situation. L’on ne peut pas, en effet, comprendre que ce pays qui est le plus riche et le plus géant de la région, ne puisse pas disposer de ressources financières et humaines suffisantes pour mettre sur pied une armée qui soit capable de défendre sa souveraineté face à des groupes armés, fussent-ils soutenus par des Etats voisins qui brillent d’ailleurs par leur petite taille. Il y a manifestement là des leçons à tirer si ce pays ne veut pas demeurer éternellement un géant aux pieds d’argile.

 

« Le Pays »            


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