SOMMET DES AFFAIRES USA-AFRIQUE A GABORONE : Le continent noir saura-t-il tirer son épingle du jeu ?
Gaborone, la capitale du Bostwana, abrite du 11 au 14 juillet 2023, le 15ème sommet des affaires USA-Afrique. Plus de 1000 participants dont six chefs d’Etat et de gouvernements de 25 pays africains parmi lesquels le Zambien Hakainde Hichilema, le Mozambicain Filipe Nyusi, le Nigérien Mohamed Bazoum ou encore le Namibien Hage Geingob, et une délégation du gouvernement américain prennent part à ce sommet qui vise à renforcer les relations de partenariat entre le pays de l’oncle Sam et le continent noir. Les échanges se tiennent entre représentants politiques, institutions financières et chef d’entreprises avec pour objectif de booster la coopération économique à travers la redynamisation des échanges commerciaux entre Washington et le continent africain. Et ce sommet de Gaborone est d’autant plus important qu’au-delà du modèle économique que représente ce petit pays enclavé d’Afrique australe, ce business summit se veut une tribune de nouvelles opportunités de commerce et d’investissements dans des secteurs de croissance aussi divers que stratégiques comme l’agroalimentaire, la finance, l’énergie, la santé, les infrastructures, les industries, les technologies de l’information et de la communication.
Aujourd’hui encore, l’Afrique reste au centre des intérêts des grandes puissances
La question qui se pose est de savoir si le continent noir saura tirer son épingle du jeu. Car, il n’est aujourd’hui un secret pour personne que l’Afrique est devenue le champ de rivalités des grandes puissances qui multiplient, chacune de son côté, les initiatives pour renforcer leur influence sur un continent qui présente autant d’intérêts économiques, politiques que géostratégiques. Et les sommets bipartites du genre, entre l’Afrique et des puissances étrangères venant d’autres continents, ne se comptent plus aussi bien sur qu’en dehors du continent noir. C’est dire si aujourd’hui encore, l’Afrique qui est courtisée de toutes parts en raison de ses immenses richesses naturelles, reste au centre des intérêts des grandes puissances. Et dans le cas d’espèce des Etats-Unis d’Amérique, tout porte à croire qu’après la parenthèse de Donald Trump dont l’aventureuse politique du America first avait contribué à l’éloigner du continent qui n’a jamais véritablement compté à ses yeux, l’Administration Biden est dans une sorte d’opération de rattrapage en vue de combler son retard si ce n’est de contrer l’influence grandissante de pays comme la Russie et la Chine en Afrique. Et cette volonté de Washington de ne pas se laisser distancer par ses rivaux au moment où l’heure est à la diversification des partenariats en Afrique, est de bonne guerre. Et cela ne peut être que profitable à l’Afrique qui se retrouve devant une gamme variée de partenariats toujours plus alléchants les uns que les autres.
Les espaces de coopération se multiplient alors que l’Afrique peine encore à amorcer le développement tant attendu
Toujours est-il que si le locataire de la Maison Blanche est véritablement dans la logique de rattraper si ce n’est de corriger les erreurs de son prédécesseur dont la politique de marginalisation du continent noir, s’est traduite par une sorte de repli identitaire voire de protectionnisme qui impliquait moins d’aide au développement, cela ne peut être que tout bénef pour l’Afrique, surtout quand on voit comment Joe Biden multiplie les initiatives pour remettre en confiance ses partenaires du Sud jadis délaissés. Et le sommet de Gaborone qui vise le renforcement de la coopération économique avec l’Afrique dans des secteurs aussi prioritaires que d’avenir, participe de cette volonté de repositionner les Etats-Unis comme un partenaire privilégié pour l’Afrique. En tout état de cause, il appartient aux dirigeants africains de savoir tirer le meilleur profit de ces relations diversifiées avec les autres nations en ne perdant pas de vue que toutes autant qu’elles sont, les grandes puissances sont essentiellement guidées par les intérêts. Mais cela semble une autre paire de manches ; tant les espaces de coopération avec les partenaires étrangers se multiplient alors que l’Afrique peine encore véritablement à amorcer le développement tant attendu. Une situation qui appelle à une véritable introspection pour sortir le continent noir des sentiers battus pour se réinventer un avenir afin que son développement soit de moins en moins une illusion et de plus en plus une réalité. Autrement, aussi longtemps que les dirigeants africains continueront de traîner les tares de la cécité politique et de la mal gouvernance comme un boulet au pied, le continent noir continuera d’être à la remorque des autres nations qui continueront de briller sous le leadership éclairé de leurs dirigeants.
« Le Pays »