SOMMET DU G5 SAHEL ET PARTENAIRES
Le 28 avril 2020, les chefs d’Etat du G5 Sahel se sont réunis en visioconférence dans le cadre d’une rencontre avec l’Union européenne (UE), représentée par le président du Conseil, Charles Michel, et la présidente de la Commission, Ursula Von Der Leyen. Ont aussi pris part aux échanges, la vice-secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Mme Amina Mohamed et le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Faki Mahamat. Avant ce sommet avec leurs partenaires, les présidents Roch Marc Christian du Burkina Faso, Mohamed Ould Cheickh El Ghazouani de la Mauritanie, Ibrahim Boubacar Kéita du Mali, Mahamadou Issoufou du Niger et Idriss Déby Itno du Tchad ont eu, au préalable, des échanges sur la situation sécuritaire dans le G5 Sahel et le bassin du Lac Tchad, dans le nouveau contexte de la pandémie du coronavirus. C’est donc naturellement dans la logique de cette réunion préliminaire que les parties prenantes à la rencontre, ont examiné l’ensemble des efforts déployés et à déployer pour le développement et la stabilité du Sahel. L’on devine donc aisément qu’au nombre des préoccupations discutées, la part belle a été faite au terrorisme qui compromet dangereusement la survie des Etats sahéliens et ensuite au Covid-19 qui constitue l’autre face de la médaille de l’insécurité aujourd’hui au Sahel.
On comprend toute la diligence dont il faut faire preuve dans la mise en œuvre des engagements pris
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce sommet ne pouvait pas mieux tomber. Car, alors que toute l’attention et les efforts des Etats sont dirigés contre le Covid-19 qui constitue aujourd’hui une urgence à la fois sanitaire et socio-économique dont les différents gouvernements peinent déjà à desserrer l’étreinte meurtrière, les groupes terroristes, eux, n’en ont cure et continuent de frapper dans le tas, faisant de nombreuses victimes au sein des populations civiles. L’on comprend alors toute la diligence dont il faut faire preuve dans la mise en œuvre des engagements pris par les différents partenaires pour soulager les souffrances des populations sahéliennes qui ne savent plus à quel armée se vouer. Il s’agit notamment des engagements financiers pris par les Européens pour l’opérationnalisation du G5 Sahel et de l’arrivée annoncée pour le premier semestre de 2020, des troupes spéciales européennes en appui aux troupes engagées dans les opérations sur le terrain, notamment celles des différents Etats et de la Force Barkhane. Comme l’on pouvait si attendre, l’occasion a été bonne pour procéder aux derniers réglages de l’arrivée attendue, dans la région des trois frontières entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, des troupes tchadiennes dont la mise en œuvre est conditionnée par la disponibilité des moyens pour leur prise en charge. L’autre menu qui a nécessairement figuré comme plat de résistance des discussions entre les chefs d’Etat et leurs partenaires de l’U.E, est la lutte contre la pandémie du coronavirus et son impact sur le tissu économique des pays du G5 Sahel. L’on sait que les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’espace avaient lancé, il n’y a pas longtemps, un appel à la suppression de la dette extérieure des Etats, du fait des effets de cette maladie qui menace d’asphyxier l’économie régionale.
Il y a des craintes que les espoirs des Etats du G5 Sahel qui ont besoin d’une aide urgente, soient freinés
L’occasion a été belle de réitérer cet appel dont l’objectif vise à alléger le fardeau des Etats qui sont non seulement contraints à un ascétisme budgétaire du fait de l’arrêt de la vie économique, mais aussi doivent trouver des ressources pour éponger leurs engagements financiers nationaux et internationaux, en plus des immenses ressources à mobiliser pour à la fois lutter contre le terrorisme et la pandémie. Cela dit, l’on connaît aussi les difficultés des partenaires européens qui sont aussi contraints à casser la tirelire pour sortir de la crise économique, leurs Etats dont la plupart, selon les prévisions des spécialistes, vont entrer en récession. Il y a donc des craintes que les espoirs des Etats du G5 Sahel qui ont besoin d’une aide urgente, soient freinés par cet impératif. « La plus belle femme du monde, dit-on, ne peut donner que ce qu’elle a ». C’est dire si malgré la bonne volonté des partenaires européens, certains engagements, malgré les promesses destinées à polir le langage diplomatique, peuvent traîner avant de connaître une mise en œuvre. L’autre crainte est de voir le G5 Sahel dont la visée première est la lutte contre l’insécurité liée aux bandes armées qui écument la bande sahélo-saharienne, disperser ses efforts en intégrant dans sa plateforme d’action, la lutte contre l’épidémie du Covid-19 et la relance des activités économiques qui peuvent être gérées dans d’autres cadres. Mais comme on le dit, « trop de viande ne gâte pas la sauce » et l’important, ce sont les résultats et les réalisations concrètes sur le terrain. Pour autant, cela n’empêchera pas de nombreux Africains de se morfondre davantage en voyant nos Etats se retourner encore vers l’Occident pour trouver des solutions aux maux qui minent le continent. Même si les Occidentaux ne sont pas parfois étrangers aux problèmes de l’Afrique et que la résolution de certains maux du continent tient compte de leurs intérêts, l’on ne peut que déplorer cette dépendance du continent vis-vis de l’extérieur, qui ressemble à un « piège sans fin » pour reprendre l’expression de l’écrivain béninois Olympe Béli Quenum.
« Le Pays »