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SOMMET EUROPEEN SUR L’AVENIR DE BARKHANE ET TAKUBA AU MALI


Au moment où le monde entier célèbre la Saint-Valentin, la fête de l’amour et des amoureux, l’idylle entre le Mali et les forces européennes intervenant dans la sécurisation du pays, est-elle en train de  tendre vers le divorce ? C’est la question que l’on pourrait se poser, au regard du sommet virtuel des ministres européens des Affaires étrangères, tenu, le 14 février 2022, par visioconférence, sur l’avenir des forces militaires Barkhane et Takuba au Sahel. Ce, en prélude au sommet du 16 février prochain qui réunira dans la capitale française, autour du président Emmanuel Macron, des dirigeants européens et africains dont ceux du G5 Sahel sans toutefois le Burkina et le Mali, ainsi que les présidents en exercice de l’Union africaine et de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), le Sénégalais Macky Sall et le Ghanéen Nana Akufo-Addo, aux côtés du président du Conseil européen, Charles Michel et du chef de la diplomatie européenne, Josep Borell. Des décisions fortes y sont attendues.

 

 

On attend de voir ce qui sortira des concertations entre partenaires européens

 

 

En effet, suite aux vives tensions avec les autorités intérimaires de Bamako, qui ont même abouti à l’expulsion du contingent danois ainsi que celle de l’ambassadeur de France, Paris et les contributeurs européens de la force Takuba envisagent un retrait total de leurs troupes respectives du Mali. Mais sur la question, l’unanimité tarde encore à se dessiner entre partenaires européens. Notamment  entre les tenants d’un retrait total pour qui « là où les conditions ne sont pas réunies, il ne faut pas rester », et « ceux qui veulent maintenir une présence au Mali pour ne pas laisser le champ libre aux Russes ». Alors, partira, partira pas ? La question reste posée. Et l’on attend de voir ce qui sortira des concertations entre partenaires européens. Vont-ils unanimement décider de quitter le Mali pour se redéployer dans la sous-région ou bien chercheront-ils un compromis avec les autorités de Bamako ; histoire de toujours garder un pied au Mali ? Telle se présente l’équation de ce retrait éventuel qui n’est pas loin d’être la quadrature du cercle pour les Européens. Car, partir, ce serait prendre le risque de laisser le champ libre aux Russes et aux Chinois qui ne demandent pas mieux qu’à étendre leur influence dans une zone qui ne manque pas d’intérêts géostratégiques et qui a longtemps été considérée, à tort ou à raison, comme la chasse-gardée de la France. Ne pas partir et courir le risque de continuer à subir les humiliations du Mali qui a clairement affiché son hostilité, peut paraître suspect  quant aux réelles motivations de la présence de ces forces dans cette région.  De là à voir derrière une telle attitude de réticence, des intérêts inavoués et inavouables, il y a un pas que d’aucuns auront vite fait de franchir. Quoi qu’il en soit, les enjeux sont tels que ce qui se joue ici, c’est le sort du Mali face à la menace terroriste qui a mis le pays à rude épreuve depuis bientôt une décennie.

 

 

On peut ne pas s’attendre à un départ précipité de ces forces européennes, à moins que Bamako n’en décide autrement

 

 

Et si les dirigeants de la transition malienne, en quête de solutions novatrices pour leur pays,  ne sont pas loin de dicter leur loi à Paris et à ses partenaires européens, l’on peut se demander si Bamako sera à même de combler le vide que laisserait un éventuel retrait total des Européens du Mali.  Et la question est d’autant plus fondée qu’au-delà des forces spéciales de Barkhane et de Takuba, il se pourrait que se pose aussi le problème  du sort des contingents français et européens au sein de la Minusma (Mission multidimensionnelle de Nations unies pour la stabilisation du Mali) voire celui de leurs contributions à l’effort de guerre.  Mais si un éventuel retrait de Barkhane et de Takuba n’était pas sans conséquences pour le Mali, une telle opération serait d’autant plus complexe pour les Européens que le déplacement de la logistique en un temps record, ne serait pas une sinécure. C’est dire si l’on peut ne pas s’attendre à un départ précipité de ces forces européennes, à moins que Bamako n’en décide autrement. D’ici là, rien ne dit que la diplomatie ne fera pas son œuvre dans le sens d’un rétablissement de la confiance entre les différentes parties.  En tout état de cause, même si Barkhane et Takuba venaient à se retirer du Mali, tout porte à croire que ce serait pour une réorganisation de leur dispositif dans la sous-région où le péril terroriste est en train de gagner du terrain au-delà des pays du Sahel, pour s’étendre vers les pays du littoral. En témoignent les récentes attaques au Bénin et en Côte d’Ivoire où l’hydre tentaculaire s’est déjà signalée. C’est dire si ce ne sont pas les champs de bataille qui manqueront pour ces forces militaires mais si elles doivent persister à vouloir rester contre vents et marées au Mali, c’est que Bamako doit présenter un intérêt bien particulier. Et rien ne dit que les autorités maliennes n’en sont pas conscientes.

 

 « Le Pays »


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