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SOMMET EXTRAORDINAIRE DES CHEFS D’ETAT DU G5 SAHEL : La France promet des moyens conséquents pour lutter contre le terrorisme


Bamako, la capitale malienne, a accueilli, hier dimanche 2 juillet 2017, le sommet extraordinaire des chefs d’Etat du G5 Sahel qui s’est penché sur l’opérationnalisation de la force conjointe contre le terrorisme et les défis de développement. Et l’invité d’honneur, le président français Emmanuel Macron, a réaffirmé sa détermination à soutenir les efforts des cinq pays dans la lutte contre le terrorisme à travers des promesses d’aides financière et logistique.

 

Les cinq chefs d’Etat du G5 Sahel, Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, Mahamadou  Issoufou du Niger, Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie, Idriss Deby Itno du Tchad et Ibrahim Boubacar Keïta du Mali avaient bonne mine ce dimanche 2 juillet 2017, dans la salle des banquets du palais présidentiel juché sur la colline de Koulouba. Beaucoup moins à cause de la fine pluie matinale qui arrosait Bamako, que par les actes forts qui ont marqué leur rencontre. En effet, ils ont pu acter la constitution de la force conjointe, pour ne pas dire la ‘’branche armée’’ qui sera chargée de combattre les djihadistes dans les cinq pays membres, et définir son mécanisme de financement. Et l’hôte du sommet, le président malien, président en exercice du G5 Sahel, Ibrahim Boubacar Keïta, ne croyait pas si bien dire que ‘’cette pluie est le signe du bonheur’’, si tant est que le président français a décidé de soutenir considérablement cette force qui doit commencer à se déployer d’ici à septembre prochain. Ce soutien va, dans un premier temps, de la multiplication de missions d’assistance opérationnelle à la livraison de 70 véhicules tactiques. Pour le président français, c’est un effort qui va coûter plus de 8 millions d’euros soit plus de 5,2 milliards de FCFA. Quant aux cinq chefs d’Etat, ils ont pris l’engagement de contribuer à hauteur de 6,5 milliards de FCFA (10 millions d’euros) chacun. A ces différentes contributions viendra s’ajouter l’aide de l’Union européenne à hauteur de 50 millions d’euros. Si l’on est loin du compte eu égard au coût total du financement de cette force conjointe estimé à 423 millions d’euros, pour le chef de l’Etat français, il faut d’ores et déjà commencer à la déployer en attendant que d’autres partenaires crachent au bassinet. ‘’Pas besoin de réunir tous les financements pour commencer’’, a-t-il martelé avant de faire savoir qu’il cherchera à convaincre la chancelière allemande, Angela Merkel, à adhérer à la cause du G5 Sahel, à l’occasion du conseil des ministres franco-allemand qui se tiendra le 13 juillet 2017 à Paris. Etant donné que dans sa conviction, ‘’derrière cet acronyme de G5 Sahel, il y a une dynamique, un mouvement profond que la France est fière aujourd’hui d’accompagner’’, a-t-il renchéri avant de souhaiter la mise en place du commandement de cette force conjointe d’ici à fin août 2017. Celui-ci sera basé à Sévaré, dans le Centre du Mali. La force conjointe du G5 Sahel qui est prévue pour être dotée de 5 000 hommes, sera fortement soutenue par la force française Barkhane et la MINUSMA dont le mandat a été renouvelé en fin juin par le conseil de sécurité de l’ONU.

 

Ouagadougou abritera le siège de la direction régionale de l’AFD

 

Et le président français a tenu à rassurer qu’il n’y aura point de substitution d’une force à une autre. Chacune d’elle étant indispensable. Donc, ‘’il faut que cette force soit opérationnelle dès le décaissement des premiers financements et qu’elle ait ses premiers résultats’’, a insisté Emmanuel Macron parce que pour lui, ‘’en face, ce sont des voyous, des assassins que nous devons éradiquer, car eux le font au nom de la division des peuples et de votre religion qu’ils détournent pour lui donner le visage de l’obscurantisme et de la haine’’. En tout cas, la France se dit prête à y mettre le prix. Et à en croire Macron, c’est désormais 50% du budget de la coopération et de la sécurité qui seront destinés aux pays du G5 Sahel. Par ailleurs, la France entend initier avec les pays G5 Sahel, la création d’une ‘’Alliance Sahel’’ qui va conduire l’organisation d’une table des donateurs autour de quatre axes : éducation-formation, agriculture, gouvernance-justice et lutte contre le changement climatique.

 

Passer des discours aux actes concrets

 

Aussi, le chef de l’Etat français a-t-il invité ses homologues du G5 Sahel à passer des discours aux actes concrets, pour donner un mieux-être à leurs populations. Etant donné que la lutte contre le terrorisme passe aussi par le développement des localités où sévissent les jihadistes et le renforcement de l’offre éducative, notamment. Dans ce sens, il a promis d’augmenter l’aide au développement à hauteur de 200 millions d’euros, spécifiquement pour les cinq pays sahéliens à travers l’agence française de développement (AFD). Dans la foulée, un directeur régional sera nommé dans les prochaines semaines et il sera basé à Ouagadougou, la capitale burkinabè. C’est dire que le partenariat stratégique entre le G5 Sahel et la France en vue de réunir les moyens financiers et logistiques nécessaires pour faire face au terrorisme, a porté fruit, à ce sommet extraordinaire. 

 

Drissa TRAORE (Envoyé spécial à Bamako)

 

 

 

 Alpha Barry, ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la Coopération

 

« Notre sécurité, c’est d’abord nous-mêmes »

 

« La principale décision de ce sommet est de faire en sorte que d’ici  trois mois, la Force conjointe du G5 Sahel soit opérationnelle, notamment dans sa partie commandement.  Ce commandement basé à Sévaré, doit pouvoir se mettre en place en fin août. Nous devons donc disposer de forces sur le terrain, de sorte que le rapport qui sera fait aux Nations unies dans les trois prochains mois, soit satisfaisant. La communauté internationale doit savoir que des actions concrètes ont été menées. Et pour cela, les chefs d’Etat  du G5 Sahel ont décidé de garder le contact. Il y aura un point téléphonique entre eux, dans ce mois de juillet. Dans la mise en œuvre de cette force, il est prévu un sommet en marge de l’Assemblée générale des Nations unies en fin septembre,  puis un autre sommet au mois d’octobre, dans l’un des pays membres. Les  six milliards de F CFA que notre pays doit consentir pour le financement de la Force conjointe sont en réalité moindres, au regard des enjeux sécuritaires. Vous avez pu constater que de 2015 à 2017, nous avons vécu des années éprouvantes. Il est donc important que nous puissions investir aux côtés de pays amis  pour faire face à cette menace terroriste permanente. Aujourd’hui, le front s’est relativement calmé puisque nos forces de défense et de sécurité ont réussi à  stabiliser la situation. Cela a demandé une présence continue sur le terrain. Dans tous les cas, on ne peut pas compter tout le temps sur les autres. Nous nous devons également de mettre la main à la poche pour notre sécurité. Notre sécurité, c’est d’abord nous-mêmes. Pour ce faire, nous devons compter sur nos budgets nationaux pour pouvoir financer les opérations de maintien de la paix sur notre territoire et ailleurs. »

 

 

Jean Claude Bouda, ministre de la Défense et des Anciens combattants

 

« Je profite de vos colonnes pour délivrer un message d’espoir à nos militaires qui sont engagés sur les théâtres d’opération au Mali ici »

 

« La mise en place de cette force conjointe avait été déjà actée par le vote de la résolution 2351 des Nations unies. Maintenant, il s’agit, à travers ce sommet extraordinaire, de l’opérationnaliser et de voir avec les différents chefs d’état-major, comment elle sera mise en place. Chaque pays enverra un bataillon qui sera constitué de 600 à 700 hommes. Cette rencontre de Bamako est déterminante sur le plan politique, parce qu’il s’agit de montrer une réelle volonté de passer aux actes. Ça été aussi une opportunité d’évoquer avec sérénité la question de la mutualisation des moyens surtout financiers, pour renforcer nos capacités opérationnelles face à cette menace terroriste. Etant donné que les actions terroristes compromettent les actions du développement, il nous faut apporter une réponse énergique. Comme j’ai eu à le dire à d’autres occasions, quel que soit le temps que cela prendra, le terrorisme sera vaincu. 

Je profite de vos colonnes pour délivrer un message d’espoir à nos militaires qui sont engagés sur les théâtres d’opération au Mali ici. Je leur demande de tenir bon, le gouvernement ne va jamais les abandonner. »

 

 

Le Communiqué final

 

1)-Les Chefs d’Etat du G5 Sahel et le Président de la République française, S.E.M. Monsieur Emmanuel Macron, se sont réunis, ce jour à Bamako, à l’invitation de S.E.M. Ibrahim Boubacar KEITA, Président de la République du Mali, Président en exercice du G5 Sahel.

 

Étaient présents :

– S.E.M. Roch Marc Christian KABORE, Président du Burkina Faso.

 

– S.E.M. Mohamed Ould ABDEL AZIZ, Président de la  République islamique de Mauritanie.

 

– S.E.M. Issoufou MAHAMADOU, Président de la  République du Niger.

 

– S.E.M. Idriss DEBY ITNO, Président de la République du Tchad.

 

2)-Les Chefs d’Etat du G5 Sahel et le Président de la République française ont procédé à un examen approfondi des défis sécuritaires dans l’espace Sahélo-Saharien, et les menaces communes auxquelles les pays du G5 Sahel, la France et l’Europe sont confrontés.

 

3)-Les Chefs d’Etat du G5 Sahel et le Président de la République française ont souligné le lien intrinsèque entre les actions de sécurité et de défense, les efforts politiques, tels que la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, et les initiatives en faveur du développement.

 

Ces trois axes se soutiennent mutuellement et doivent donc progresser en parallèle.

 

4)-Le Président de la République française, Monsieur Emmanuel Macron, s’est félicité de la création de la Force Conjointe du G5 Sahel (FC-G5S), endossée par la 679ème  Réunion du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA (Addis-Abeba, le 13 avril 2017), et saluée par la résolution (2359) du Conseil de Sécurité des Nations Unies, du 21 juin 2017.

 

5)-Les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont salué le rôle déterminant de la France, dans l’adoption de cette résolution. Ils ont exprimé leur haute appréciation au Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et au Président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, pour leur engagement personnel dans la mise en place de la FC-G5S, ainsi qu’aux autres membres du Conseil de Sécurité, l’Union Africaine, la CEDEAO, et l’Union Européenne pour leur soutien.

 

6)-La résolution (2359) marque une étape dans le processus de rétablissement de la paix et de la sécurité dans la région du Sahel, engagé par les Etats membres du G5 Sahel,  depuis le 6 février 2017, sous la conduite de S.E.M. Ibrahim Boubacar KEITA, Président de la République du Mali, Président en exercice du G5 Sahel.

 

7)-Intégrant des unités issues des Forces armées des cinq pays du G5 Sahel, la Force Conjointe du G5 Sahel constitue une évolution majeure dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, notamment le trafic de drogue dans la zone sahélo-saharienne.  A ce titre, le G5 Sahel souhaite vivement un soutien des Nations Unies à la Force conjointe du G5 Sahel, y compris à travers la MINUSMA.

 

8)-Le Président de la République française s’est engagé à apporter à la FC-G5S un soutien en matière de formation, d’équipement, de logistique, et sur le plan opérationnel.

 

9)- Les Chefs d’Etat du G5 Sahel et le Président de la République française ont salué l’engagement de l’Union européenne d’apporter un soutien financier initial de 50 millions d’euros pour le déploiement de la FC-G5S. Le président de la République française s’est engagé à poursuivre ses efforts de mobilisation, en lien étroit avec l’Allemagne et l’Union européenne, afin d’assurer à la FC-G5S un soutien dans la durée.

 

10). Réitérant leur détermination à concrétiser cette initiative, en comptant d’abord sur les ressources propres, les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont décidé d’allouer une enveloppe initiale de 50 millions d’Euros destinée au démarrage effectif des activités de la FC-G5 S.

 

11)-Les Chefs d’Etat du G5 Sahel et le Président de la République française ont, également, appelé les autres partenaires bilatéraux et multilatéraux à apporter une assistance conséquente à la FC-G5S sur les plans logistique, opérationnel et financier, en vue de faire face à cette situation qui menace la paix et la sécurité internationales.

 

Aussi, ont-ils insisté sur la convocation rapide de la ‘’Conférence internationale de planification’’, prévue par la résolution (2359) du Conseil de Sécurité des Nations Unies, et visant à assurer la coordination des efforts d’assistance des donateurs à la FC-G5S.

 

12)-En addition aux actions de soutien à la Force Conjointe du G5 Sahel, les Chefs d’Etat du G5 Sahel et le Président de la République française se  sont engagés à poursuivre, avec l’appui de la France, la montée en  puissance du Collège sahélien de Défense devant accueillir à Nouakchott à compter de janvier 2018 des officiers supérieurs des pays du G5 Sahel.

 

13)-Les Chefs d’Etat du G5 Sahel se sont félicités de l’adoption, à l’unanimité, de la résolution (2364) du Conseil de sécurité des Nations unies, qui renouvelle le mandat de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

 

Ils ont, particulièrement, salué le rôle de leadership de la France dans l’adoption de cette résolution, qui confirme le mandat robuste de la MINUSMA, en soutien du processus de paix et de réconciliation au Mali, renforce le soutien des Casques bleus au redéploiement des Forces de Défense et de Sécurité maliennes (FDS), et appuie la coopération entre les Casques bleus, la nouvelle Force conjointe du G5-Sahel et les forces françaises.

 

14)-Les Chefs d’Etat du G5 Sahel et le Président de la République française ont salué les avancées enregistrées dans le cadre du processus de paix, et ils ont encouragé S.E.M. Ibrahim Boubacar KEITA, Président de la République du Mali, à poursuivre les efforts engagés dans le sens de l’accélération de la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles, prévues par l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger.

 

15)-Conscients des liens indissociables entre sécurité et développement, les Chefs d’Etat du G5 Sahel et le Président de la République française sont convenus de la nécessité d’assurer l’accompagnement des opérations militaires et sécuritaires par des actions économiques, sociales, culturelles, d’éducation et de dé-radicalisation pour attaquer les causes profondes de l’insécurité.

 

16)- Dans cette perspective, les Chefs d’Etat du G5 Sahel et le Président de la République française ont décidé d’amorcer une action diplomatique coordonnée, y compris un plaidoyer auprès des partenaires bilatéraux et multilatéraux, visant la mobilisation des ressources techniques et financières requises en faveur du Programme d’Investissements Prioritaires du G5 Sahel (PIP), notamment dans le domaine de la gestion intégrée des frontières dans la zone sahélo-saharienne, y compris la frontière libyenne et ce, en vue d’une Table-ronde réussie des bailleurs de fonds.

 

17)-Les Chefs d’Etat du G5 Sahel et le Président de la République française ont insisté sur plusieurs priorités de développement particulièrement urgentes, en faveur de la jeunesse du Sahel en termes d’éducation et d’emplois afin de lutter contre le chômage, la menace de la radicalisation et la migration clandestine.

 

18)-Dans un contexte de changement climatique aux effets dévastateurs sur l’environnement avec une accentuation de la compétition pour les ressources naturelles pouvant dégénérer en conflits, les Chefs d’Etat recommandent de mettre un accent particulier sur le développement des énergies renouvelables et sur une agriculture adaptée dans un objectif de préservation de l’environnement et de renforcement de la sécurité alimentaire.

 

19)-Les Chefs d’Etat du G5 Sahel et le Président de la République française ont convenu de faire un plaidoyer auprès des partenaires pour demander davantage de flexibilité et d’allègement dans la mise en œuvre des instruments de coopération et d’accroissement des investissements privés.

 

20)-Le Président de la République française a appelé à la mise en place rapide d’une ‘’Alliance pour le Sahel’’ visant, pour les acteurs du développement, à trouver des mécanismes innovants à même de renforcer l’efficacité des actions menées avec leurs partenaires dans l’ensemble du Sahel. Il a souhaité développer cette Alliance pour le Sahel, notamment avec l’Allemagne, l’Union européenne et ses Etats membres, le Système des Nations Unies, la Banque Mondiale, et la Banque Africaine de Développement, en lien avec l’Union Africaine, la CEDEAO et la CEEAC, mais aussi avec d’autres partenaires.

 

21)-Les Chefs d’Etat du G5 Sahel et le Président de la République française ont décidé d’établir un groupe de travail commun et de haut niveau, pour le suivi de la mise en œuvre effective, de façon détaillée, des conclusions du présent Sommet extraordinaire du G5 Sahel avec la France. /.

 

Fait à Bamako, le 2 juillet 2017

 


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