HomeA la uneSOMMET USA/AFRIQUE :Vers une seconde désillusion du continent noir ?

SOMMET USA/AFRIQUE :Vers une seconde désillusion du continent noir ?


Avant le sommet USA/Afrique, certains Africains ont eu la faiblesse de croire que cette rencontre impacterait positivement la marche du continent noir vers la démocratie. Aujourd’hui, ils peuvent déchanter et se rendre à l’évidence que l’Amérique est en train de marcher sur les pas de la Chine, de l’Inde et de la France. En effet, les questions liées à la gouvernance qui, au demeurant, peuvent expliquer la contre- performance économique et le sous-développement du continent noir, semblent sacrifiées, en tout cas jusque- là, au profit des questions liées à l’économie. Certes, le Secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a fait une sortie furtive dans laquelle il a réitéré la position de son pays sur le tripatouillage des Constitutions. Mais cela peut paraître tiède aux yeux des Africains. Les esprits aisés ne sont pas outre-mesure étonnés, car il ne pouvait pas en être autrement pour plusieurs raisons.

 

Les Africains ont trop cru en l’Amérique

 

D’abord, l’on pouvait déjà être sceptique au regard du profil de certains invités de Barack Obama. Visiblement, l’Amérique a fait preuve d’une politique de deux poids, deux mesures. En effet, l’on pourrait se poser la question de savoir sur quels critères Barack Obama s’est fondé pour convier à cette rencontre des personnalités sulfureuses comme l’homme du moyen-âge, le Gambien Yahya Jammeh ou encore l’Equato-Guinéen Théodoro Obiang N’Guema Mbasogo, pour ne citer que ces deux exemples qui sont, tout le monde le sait, de véritables pathologies de la démocratie. De ce point de vue, le vieux Bob du Zimbabwe peut avoir raison de crier à l’injustice, car en matière de démocratie, les voyants de la Gambie et de la Guinée équatoriale sont loin d’être au vert. Et là, il s’agit d’un euphémisme. En réalité, ils sont au rouge foncé. Malgré tout, l’Amérique qui est le symbole de la liberté, ne s’est pas gênée de leur dérouler le tapis rouge. Ces dictateurs achevés en tireront certainement des dividendes au plan politique. Le simple fait de figurer sur une photo de famille aux côtés de l’homme qui est censé incarner le mieux la démocratie dans le monde, peut leur suffire pour narguer tous ceux qui croyaient avant le sommet, qu’ils passeraient des moments difficiles à Washington avec Barack Obama, en raison des coups durs qu’ils ne cessent d’asséner à la démocratie dans leur pays. Sous réserve de ce que dira Barack Obama himself à tous ces prédateurs de la démocratie qui ne se sont pas fait prier pour accourir à Washington, l’on peut dire pour le moment que les Africains peuvent se désillusionner. Et ce ne serait d’ailleurs pas la seule désillusion. La première désillusion des Africains est intervenue pendant le premier mandat de Barack Obama. En effet, en raison de ses origines kényanes, certains Africains avaient eu la naïveté de croire qu’il mettrait un point d’honneur à aider l’Afrique à résoudre ses problèmes. Ce qui n’a pas été le cas. Ce faisant, l’on peut avoir envie de dire à tous ces Africains qui ont trop cru en l’Amérique pour les débarrasser de leurs dictateurs, qu’ils se sont lourdement trompés.

L’Afrique doit se convaincre qu’il ne revient pas aux autres de faire son bonheur à sa place.

 

Les Etats-Unis savent jusqu’où aller. A l’instar de ses prédécesseurs à la Maison Blanche, Barack Obama s’attachera avant tout à défendre les intérêts économiques de son pays. La démocratie des « nègres », il peut l’évoquer accessoirement pour se donner bonne conscience. D’autant plus que les motivations de ce premier rendez-vous entre l’Oncle Sam et l’Afrique sont essentiellement économiques et géostratégiques. Par rapport à l’économie, les Etats-Unis ne peuvent pas prendre le risque de cracher sur les immenses ressources dont regorgent des pays comme l’Angola et la Guinée équatoriale, même si Barack Obama sait que ces deux pays sont pilotés par des présidents pour lesquels la démocratie passe pour être le cadet de leurs soucis. D’ailleurs, aux Etats-Unis, l’élément le plus déterminant qui oriente le plus le suffrage des Américains, ce n’est certainement pas la politique extérieure, mais les questions liées à l’économie au plan domestique. Or, l’Amérique veut donner un coup de fouet à son économie en traitant avec les princes des tropiques. Elle ne va donc pas se gêner de le faire. C’est pourquoi l’Afrique doit se convaincre qu’il ne revient pas aux autres de faire son bonheur à sa place. Le jour où elle en prendra conscience, elle aura fait un pas décisif et irréversible vers la démocratie et le développement.

 

Pousdem PICKOU


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    10 septembre 2014

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