HomeA la uneSORTIE DES AVOCATS CHOISIS PAR HISSENE HABRE :  Un avis sans lendemain

SORTIE DES AVOCATS CHOISIS PAR HISSENE HABRE :  Un avis sans lendemain


Le 30 mai dernier, l’ex-président tchadien, Hissène Habré, était condamné à la prison à perpétuité par les Chambres africaines extraordinaires de Dakar, au terme d’un procès inédit et plein de rebondissements, qui aura tenu en haleine l’Afrique tout entière pendant plusieurs mois. L’on se rappelle, en effet, qu’au début du procès, récusant la Cour et en accord avec leur client, les avocats que l’ex-maître de N’Djamena s’était choisis, n’avaient pas daigné plaider pour le défendre. Mais cette stratégie du boycott n’avait pas prospéré puisque  d’autres avocats avaient aussitôt été commis d’office à l’accusé, pour assurer sa défense en toute équité. Ces derniers se sont d’ailleurs consciencieusement acquittés de leur tâche, allant jusqu’à interjeter appel de la récente condamnation de leur client. Et pendant que l’on attendait la suite de cet appel, voilà que les avocats qui avaient refusé de prendre part au procès s’invitent au débat pour contester l’un des juges de la Cour, qui ne remplirait pas, selon eux, les conditions de légalité pour siéger en la matière. C’était au cours d’une conférence de presse tenue à Dakar en début de semaine. Se fondant donc sur ce qui, à leurs yeux, est une  illégalité, ils concluent en conséquence à la nullité de la décision qui a été rendue et dénoncent une détention arbitraire de leur client. Tout cela, sans tenir compte de l’appel interjeté par les avocats commis d’office. Sans dénier à ces avocats un quelconque droit, cette manière de faire suscite bien des interrogations.  Pourquoi maintenant ? Pourquoi n’avoir pas fait remarquer à leurs confrères qui défendent le dossier et qui sont dans la procédure, ce qu’ils considèrent comme une irrégularité ? Est-ce un manque de confiance  en ces derniers qui ont été commis d’office ? Comment peut-on choisir un élément du procès et faire table rase du reste ? En tout cas, le citoyen lambda en perd son latin, tant cette sortie manque de cohérence.

La sortie de ces avocats paraît pour le moins opportuniste

L’on se demande même si ces avocats méritent d’être écoutés, car l’on a envie de leur demander où ils étaient pendant que leur septuagénaire de client se faisait trimballer manu militari à la barre pour répondre des multiples accusations de crimes portées contre lui. Leur place n’était-elle pas à ses côtés pour mieux le défendre au prétoire ?  En tout cas, cette façon de procéder, en refusant de plaider alors que l’occasion leur était offerte de le faire et de rester en embuscade pour ensuite contester toute décision en leur défaveur, frise l’intellectuellement et le moralement incorrect. N’aurait-il pas été plus judicieux d’attendre les suites de l’appel ? Quoi qu’il en soit, vue d’un œil de profane, la sortie de ces avocats paraît pour le moins opportuniste et semble plus procéder d’un certain forcing pour se remettre dans un combat juridique, que de toute autre chose. Si c’était vraiment le cas, cela ne les grandirait pas. Surtout si leur conduite devait être perçue comme une façon de justifier leurs émoluments. Tout comme on le dit du cœur, la Justice a peut-être ses raisons que la raison du citoyen lambda ignore, mais la sortie de ces avocats-là paraît, à bien des égards, inopportune. Mais l’on peut se convaincre que ce sera un avis sans lendemain, si l’on se fonde sur l’argumentaire du porte-parole des Chambres africaines extraordinaires, qui  s’est inscrit « en faux contre une telle allégation qui ne repose sur rien du tout », battant en brèche les arguments avancés par ces avocats pour décrier le verdict de cette Cour.

Outélé KEITA


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