HomeA la uneSORTIE D’ABUBAKAR SHEKAU : Biya, le mouton noir de Boko Haram

SORTIE D’ABUBAKAR SHEKAU : Biya, le mouton noir de Boko Haram


L’armée camerounaise semble être le mouton noir de la secte islamiste Boko Haram. C’est du moins ce que laissent penser les menaces du leader de cette nébuleuse, Abubakar Shekau, contre le président Paul Biya. En effet, dans une vidéo postée le 5 janvier dernier sur Youtube, le chef de Boko Haram a menacé le président camerounais de s’en prendre violemment à son pays comme il le fait avec le Nigeria, s’il ne met pas fin à son plan « maléfique ». De prime abord, on peut dire que cette menace ressemble fort à des intimidations. Mais elles pourraient aussi signifier et c’est certainement le cas, que l’armée camerounaise donne du fil à retordre aux combattants de Boko Haram. On le sait, contrairement à l’armée nigériane qui décampe au moindre coup de feu de Boko Haram, celle du Cameroun ne lui fait pas de quartier. On se rappelle d’ailleurs les hauts faits d’arme des soldats camerounais, dont les plus récents et les plus emblématiques ont été l’utilisation de l’aviation contre ces fous d’Allah. Cette humiliation au camp d’Achigachia dont ils avaient pris la possession, a été un véritable traumatisme pour Abubakar Shekau et sa bande d’assassins. A dire vrai, cette menace ressemble fort à un aveu d’impuissance face à l’armée camerounaise qui vient de se renforcer en hommes et en armements. Il ne fait aucun doute qu’aux yeux de Boko Haram, Paul Biya est le plus dangereux de ses ennemis, car parmi les cinq chefs d’Etat africains qui avaient pris part au sommet de Paris en mai dernier sur la sécurité au Nigeria, il est le seul à se montrer  concret sur le terrain. De ce fait, il passe pour être le mouton noir de cette vermine. Cela est d’autant plus vrai qu’elle n’a pas menacé Goodluck Jonathan qui semble, lui, avoir abandonné le pays à son sort. En tout cas, sur le sol nigérian, Boko Haram avance comme un couteau dans du beurre. Ce qui n’est pas le cas au Cameroun où l’armée lui oppose une résistance farouche. Cela dit, il ne faut pas laisser cette lutte contre le terrorisme entre les seules mains de Biya. Il importe d’aider le Cameroun à se débarrasser de ces fanatiques.

Le peuple camerounais aurait tort de se désolidariser de son président

Cela est d’autant plus nécessaire qu’à défaut d’atteindre physiquement Paul Biya, ils pourraient s’en prendre à son peuple. Bien entendu, cette menace pourrait constituer du pain bénit pour le président Biya, car il pourrait s’en servir pour s’éterniser au pouvoir. En tout cas, pour un dictateur de sa trempe, une telle menace peut constituer une aubaine pour se débarrasser d’opposants sérieux. L’idée est loin d’être saugrenue, car Paul Biya a déjà fait adopter une nouvelle loi antiterroriste très controversée. On ne le sait que trop bien, sous nos tropiques, bien des présidents ne se gênent pas d’embastiller des opposants au non de la lutte contre le terrorisme. Une simple marche de protestation contre un régime contesté, est vite qualifiée d’acte terroriste et traitée comme tel. Le cas des opposants gabonais en est un exemple. Il faut espérer que cette loi serve à lutter uniquement contre le terrorisme et ne serve pas d’alibi pour casser de l’opposant. Cela dit, si cette menace peut servir la cause de Biya, elle pourrait aussi servir celle d’opposants apatrides et assoiffés de pouvoir. Convaincus que les urnes ne peuvent faire partir Paul Biya, des opposants sans vergogne, pourraient voir en cette menace une occasion de mettre fin à plus d’un demi-siècle de dictature, en collaborant avec Boko Haram. Ce serait une grosse erreur, car la dictature est encore préférable au fanatisme et à l’obscurantisme que véhiculent ces barbares d’un autre siècle. Pour tout dire, la menace proférée contre le Cameroun recommande que le peuple cameronnais fasse l’union sacrée autour de  Paul Biya afin de mieux combattre cette agression qui vient de l’extérieur.  Elle est à prendre au sérieux car Boko Haram, faut-il le souligner, est capable des pires atrocités. L’union fait la force, dit-on, et le peuple camerounais aurait tort de se désolidariser de son président, dans le cadre de la lutte contre Boko Haram. Cette menace ouverte pourrait conduire Boko Haram à sa perte. En effet, plus la secte se met à découvert, plus il est facile de l’anéantir. Si le Cameroun arrive aujourd’hui à lui porter une réplique adéquate, c’est parce qu’il a de plus en plus un visage. Tant qu’il était tapi dans l’ombre, il était difficile de l’atteindre. Mais en décidant de conquérir des territoires hors du Nigeria pour consolider son califat, il est plus aisé de lui faire mal.

Dabadi ZOUMBARA


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