SORTIE DE L’EGLISE CATHOLIQUE SUR LA GOUVERNANCE AU BURUNDI : Les évêques prêchent-ils dans le désert ?
Face à la situation qui prévaut au Burundi, l’Eglise catholique est sortie de son silence. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’y est pas allée de main morte. En effet, la Conférence des évêques des églises catholiques du Burundi, a fait lire, le 14 avril dernier, lors de la messe dominicale, dans les différentes églises du pays, une déclaration fustigeant les dérives autoritaires du pouvoir actuel. Redoutant le retour de la violence dans le pays, les évêques dénoncent, entre autres, la volonté des autorités actuelles d’instaurer le monopartisme, une justice aux ordres, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées et la paupérisation générale de la population. De toute évidence, cette sortie du clergé ne doit pas être prise à la légère au regard non seulement du poids que représente cette institution, mais aussi parce que les prélats n’ont fait que dire haut ce que beaucoup de Burundais pensent bas. Pourtant, avec l’alternance politique qui est intervenue dans le pays après le départ et le décès de Pierre Nkurunziza, ils étaient nombreux qui espéraient enfin voir le Burundi conjurer le mauvais sort en s’engageant résolument sur le chemin de l’Etat de droit et de la démocratie.
Il faut éviter de semer les germes de la haine et de la division
Mais hélas, la dernière sortie des évêques tirant la sonnette d’alarme sur les dérives autoritaires des autorités actuelles de Gitega, vient rappeler que l’on est encore loin du compte. Du reste, a-t-on besoin encore de rappeler qu’il ne suffit pas seulement de remplacer des hommes ou des femmes à la tête d’un Etat pour espérer un changement ? Il faut un changement de système. Et dans le cas burundais, on se rend bien compte que le départ de Nkurunziza du pouvoir, n’a pas mis fin aux dérives autoritaires et antidémocratiques. C’est en cela qu’il faut se demander si les évêques ne prêchent pas dans le désert. Leur sermon sera-t-il entendu? La question mérite d’être posée. En tout cas, les autorités burundaises ont bien intérêt à y prêter une oreille attentive. Car, ce qui se passe au Burundi est bien regrettable pour un pays qui sort à peine d’une longue guerre civile. Seuls doivent primer les intérêts des Burundais qui ont longtemps souffert le martyre. Ce faisant, il faut éviter de semer les germes de la haine et de la division. Car, il est vraiment temps que le pays referme la porte des crises sociopolitiques et ethniques pour entamer le chantier du développement. Et il appartient au pouvoir de réunir les conditions d’une vie paisible et harmonieuse devant permettre au Burundi de relever la tête et de retrouver la place qui est la sienne dans le concert des nations.
Saïbou SACKO