HomeA la uneSORTIE DE L’ORGANISATION PANAFRICAINE SUR LA CRISE GABONAISE : L’incorrigible UA !

SORTIE DE L’ORGANISATION PANAFRICAINE SUR LA CRISE GABONAISE : L’incorrigible UA !


 

Plus de quatre jours après l’annonce controversée des résultats de la présidentielle au Gabon, les choses semblent aller de mal en pis. Et ce, bien que le pouvoir ait permis à des personnalités politiques retranchées dans le QG de Jean Ping, de regagner librement leur domicile. En effet, Libreville, la capitale et Port-Gentil, la ville frondeuse, sont pratiquement sous état de siège et la comptabilité macabre poursuit son petit bonhomme de chemin. Le compteur affiche pour l’instant 7 morts sur le carreau. Le dernier en date est un jeune homme fauché par les balles assassines des forces de sécurité à Port-Gentil, alors qu’il manifestait contre la réélection d’Ali Bongo. A ces morts, il faut ajouter les arrestations et les emprisonnements à la pelle. Bref, en un mot comme en mille, l’on peut dire que le Gabon post-électoral ressemble à s’y méprendre, au Chili à l’époque de la dictature du Général Pinochet. Et ce qui ne va pas manquer d’en rajouter à l’angoisse des Gabonais, c’est qu’aucune solution ne pointe à l’horizon, déjà assombri, pour tirer le pays du bras de fer redoutable entre Ali Bongo, proclamé vainqueur de la présidentielle, et Jean Ping qui affirme avec force et sans ambiguïté, avoir gagné.

La solennité employée par Jean Ping en dit long sur sa détermination à aller jusqu’au bout de son combat

Dans sa première allocution, en effet, depuis l’annonce des résultats, l’homme a déclaré ceci devant ses partisans et un parterre de journalistes : « Le président, c’est moi, Jean Ping ». La solennité employée pour asséner cette phrase, en dit long sur la détermination de l’homme à aller jusqu’au bout de son combat. La seule voie qu’il préconise pour une sortie de crise, c’est un recomptage des voix, bureau par bureau. Ce à quoi le pouvoir a répondu par une fin de non-recevoir catégorique, qui a plusieurs fois répété et martelé que cette procédure n’était pas prévue par la loi gabonaise. Il faut rappeler que le recomptage des voix prôné par le candidat malheureux comme unique solution de sortie de crise, est unanimement partagé par la communauté internationale avec à sa tête les Etats-Unis d’Amérique. Ce qui n’a pas manqué de susciter l’ire du camp des présumés vainqueurs qui s’insurgent contre ce qu’ils appellent l’ingérence inacceptable de l’extérieur dans les affaires intérieures du Gabon. A ce propos, l’on peut simplement rappeler au pouvoir gabonais qui, au temps fort de la contestation de la victoire de Bongo fils à la présidentielle de 2009, n’avait pas daigné crier à l’ingérence de l’extérieur quand Nicolas Sarkozy, alors président de la France, lui avait adressé ses félicitations pendant que les partisans de son rival, André Mba Obame, battaient le macadam à Libreville et à Port-Gentil pour revendiquer la victoire de leur mentor. Mais c’est de bonne guerre. Car, sous nos tropiques, les têtes couronnées sont promptes à brandir l’argument de la souveraineté, chaque fois que la communauté internationale se montre réservée quant à la manière dont sont organisées les élections dans leur pays. Ali Bongo vient donc de sacrifier à ce rituel. Cette parenthèse refermée, tout indique, aujourd’hui, au regard de la position tranchée des deux camps, que le Gabon est parti pour un enlisement. Et les principales victimes de ce scénario, seront les populations. Face à cela, la communauté internationale avait déjà sonné le tocsin et appelé, à l’unisson, à l’apaisement, mais en exigeant un recomptage des voix. En revanche, depuis le début de la crise post-électorale, du côté de l’Union africaine (UA), l’on peut dire que c’était pratiquement, silence-radio. Eh bien, depuis ce week-end écoulé, le mammouth s’est enfin décidé à se mouvoir et à donner de la voix. En effet, dans un communiqué, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’organisation panafricaine a lancé un appel au calme, soulignant dans la foulée que la situation au Gabon risquait d’affecter la stabilité régionale. Pour éviter le chaos qui se dessine à l’horizon, l’UA y va de sa prescription médicale ainsi libellée : « Faire usage de toutes les voies légales et constitutionnelles pour trouver une solution à tout différend relatif aux résultats provisoires de l’élection présidentielle ». A analyser la voie préconisée par l’UA pour tirer le Gabon de la mauvaise passe dans laquelle il se trouve aujourd’hui, tous les démocrates du monde entier peuvent laisser entendre cette exclamation en guise d’indignation : l’incorrigible UA !

L’UA ne changera jamais sa façon de s’asseoir

 

En effet, celle-ci voudrait apporter de l’eau au moulin du camp d’Ali Bongo qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. En tout cas, l’on peut faire le constat que le camp présidentiel n’en demandait pas plus. Dès lors, l’on peut dire que l’UA, par cette sortie, vient d’apporter un argument de taille à Bongo fils pour braver davantage la communauté internationale. Il pourrait désormais opposer à celle-ci qui, on le sait, est partante pour un recomptage des voix, ceci : « Vous voyez, même l’Organisation panafricaine qui est mieux imprégnée de la crise dans mon pays, préconise un règlement par voie juridictionnelle, du contentieux électoral et c’est ce que moi je ne cesse de répéter. Je suis donc en phase avec l’UA ». Cette UA-là, comme un chien, ne changera jamais sa façon de s’asseoir. De manière invariable, elle a toujours pris le parti de l’arbitraire et de l’imposture contre la démocratie. Et c’est pour cela qu’elle ne se fait aucun scrupule à être pilotée par des antidémocrates primaires. Aujourd’hui, c’est le dictateur Deby du Tchad, qui préside à ses destinées. Hier, c’était le sulfureux Robert Mugabe qui avait eu l’honneur de tenir ses rênes. Après le mandat de Deby, ça pourrait être au tour de Pierre Nkurunziza de prendre le relais. Sacrée UA ! Quand est-ce qu’elle va enfin décider d’opérer sa mue pour se positionner comme une structure au service des peuples ? Cette question, bien des démocrates africains se la posent à chaque sortie de l’UA, en rapport avec les crises post-électorales qui secouent depuis toujours le continent africain.

« Le Pays »


Comments
  • Syndrome ivoirien quand tu nous tiens !!! Les leçons ne sont jamais retenues. Les compromis, le dialogues et les médiations sont les choses les moins appréciées voire bannies. Alors les enchères montent avec les injures telle que de…«charlatanisme» et autres. L’Afrique est monolithique avec ses hauts et ses bas, plus de bas que de hauts. Tant pis pour le lourd tribu humain, c’est le citoyen lambda qui trinque et le cirque recommence.

    4 septembre 2016
  • Si jamais l’u.A. n’a fait cela, alors il devrait commencer par le Gabon en frappant la main sur la table pour dir non a ce cynique theatre qui veut arriver au Gabon et pénaliser ses jeunes générations d’autant plus qu’ils doivent reprendre les classes d’ici peut.
    A cet effet, donc, tous ensemble comme un seul homme disons oui a la victoire de celui que le peuple par la voix du surffrage et de la transparence à choisi et respectons leur choix(…)pour leur eviter le cauchemar infernal qu’a subit la cote d’Ivoire,Et beaucoup d’autre pays Africain.
    Par ailleurs, l’U.E ne doit à n’aucun cas se meller si ce n’est pour apporter des opinions positives et constructives, parce que le Gabon est un Etat souverain, responsable et independant.Et dans le cas ou elle pensent le contraire, qu’elle nous le fait savoir…

    5 septembre 2016
  • En citant ceux qui ont présidé à la tête de l’UA vous oubliez de mentionner le nom de Jean Ping qui en son temps avait refusé le comptage des voix pour la crise ivoirienne.Pourquoi voulez vous que L’UA accepte aujourd’hui ce que lui avait refusé

    6 septembre 2016

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