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SORTIE DES ETATS-UNIS SUR L’ALGERIE


Quand l’Oncle Sam met les pieds dans le plat

Alors que jusque-là, la communauté internationale suivait, sans rien dire, les évènements en Algérie, les Etats-Unis d’Amérique viennent de rompre le silence, en apportant leur soutien aux manifestants. « Nous observons ces manifestations en Algérie et nous allons continuer à le faire. Les Etats-Unis soutiennent le peuple algérien et son droit à manifester pacifiquement », a, en effet, déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine, Robert Palladino, devant la presse. La question que l’on peut, tout de suite, se poser est la suivante : quel impact cette sortie du Département d’Etat américain peut-elle avoir sur le cours des événements en Algérie ?

Même si l’on peut difficilement imaginer que la seule déclaration de soutien suffise à faire plier le pouvoir algérien, elle vaut cependant son pesant d’or.

L’on devrait s’attendre à une pression internationale qui irait crescendo

Car, non seulement les manifestants qui protestent contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat, peuvent s’en ressentir galvanisés, mais aussi elle pourrait avoir un effet d’entraînement sur les nations proches des Etats-Unis. Dans les heures et jours à venir, l’on devrait logiquement s’attendre à une pression internationale qui irait crescendo sur le Front de libération national (FLN)

qui pourrait se sentir de plus en plus isolé. Déjà, la Commission européenne semble avoir embouché la même trompette en appelant au respect «  de la liberté d’expression et de réunion » telle qu’inscrite dans la Constitution algérienne. Et même si l’heure n’est pas encore aux sanctions contre le régime, ces prises de position peuvent avoir un effet dissuasif certain pour les autorités algériennes.

Certes, la France qui a un lien ombilical avec l’Algérie a rappelé son ambassadeur pour consultation, mais elle reste, comme toujours, confinée dans l’équilibrisme et la réserve qui l’ont toujours caractérisée face à une Algérie qui porte en bandoulière sa susceptibilité en ce qui concerne ses affaires intérieures. Pour l’instant donc, elle ne veut se montrer ni indifférente ni se laisser accuser d’ingérence dans les affaires intérieures d’une ancienne colonie. Sans doute attend-elle de voir quelle direction prendra le vent avant de se positionner. Et la diplomatie française peut d’ailleurs être d’autant plus fondée à conserver cette posture qu’elle a été récemment échaudée dans la crise post-électorale qui se dessinait en République démocratique du Congo (RDC), quand Martin Fayulu et Félix Tshisekedi se disputaient la victoire au lendemain de la présidentielle.

Plus assourdissant est cependant le mutisme du continent africain. L’Union africaine (UA) semble avoir perdu la langue. Ce silence est condamnable car l’organisation panafricaine manque, comme à l’accoutumée, un rendez-vous crucial, celui de se montrer proche des peuples africains. Elle confirme ainsi

qu’elle est un syndicat des chefs d’Etat africains.

Cela dit, la prise de position américaine et les défections enregistrées au sein du FLN face à la pression populaire, isole davantage le pouvoir algérien, rendant inéluctable sa chute.

Les évènements en cours sont le chant du cygne pour le vieux président

Et ce n’est pas la sortie du Chef d’état-major, Ahmed Gaid Salah qui réaffirme le soutien et la loyauté de l’armée au président Abdelaziz Bouteflika, qui ramènera la sérénité dans les rangs du pouvoir. Elle peut contribuer à pourrir la situation pour accélérer la déliquescence du pouvoir pour mieux le récupérer. C’est pourquoi il y a lieu de croire que les évènements en cours sont le chant du cygne pour le vieux président. Et le FLN aurait tort de ne pas se montrer capable de lire les signes des temps. C’est d’ailleurs en fuyant le débat sur la succession de Bouteflika pour se réfugier derrière le fragile équilibre du consensus qu’incarnait l’impotent vieillard que le parti est aujourd’hui contesté par la rue. Il est donc plus que temps que le parti présidentiel opère sa mue pour intégrer les aspirations populaires. Du reste, que le régime chute ou pas, le FLN ne sera plus jamais le même. Cela dit, quel scénario de sortie de crise est-il envisageable en Algérie ?

De nombreux observateurs pensent improbable une sortie de crise négociée entre acteurs de la scène politique. Car, disent-ils, l’Algérie n’en a pas la tradition et l’élément militaire est trop prépondérant dans la gestion du pays. Le scénario tout droit tracé est donc l’éventualité de l’avènement d’un militaire à la tête de l’Etat, suivi d’une courte transition qui permettrait à l’armée de remettre en selle un régime sur lequel elle garderait la haute main. Et ce ne serait pas une première dans l’histoire du Maghreb. L’on se souvient de l’affaire Habib Bourguiba en Tunisie, et plus récemment, de l’exemple égyptien avec le général Al Sissi.

En attendant de savoir de quoi sera fait demain en Algérie, l’on ne peut que souhaiter une rapide sortie de crise. Car, en plus des risques de guerre civile que fait planer le chef d’état-major général des armées, il faut surtout craindre le réveil en sursaut du monstre terroriste qui sommeille dans les collines de la Kabylie.

 

« Le Pays»

 


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